Né à Bastia, ayant grandi dans les équipes de jeunes du Sporting, Pascal Olmeta est revenu, en ce 5 mai 1992, « jouer contre ses frères » : « Le contexte est chaud bouillant, on a mal aux oreilles, on m’a même craché dessus.
On est dans l’exagération. Mon ex-femme et ma fille sont dans les travées. En m’échauffant, je m’arrête devant cette tribune immense qui monte dans le ciel. Et puis, depuis les vestiaires, j’entends un bruit sourd, je sors et je me fige. Je ne vois plus qu’un immense morceau de ferraille et des centaines de personnes qui poussent les grillages pour s’en extraire.
Je cours comme un fou, je croise le regard de mon ex-femme, qui me dit que notre enfant est saine et sauve. Je tourne la tête et je vois une autre petite fille, de l’âge de la mienne, elle est assise, ensanglantée, abîmée. Je ne l’ai jamais oubliée. Je passe derrière la tribune, je ne sais pas trop quoi faire. Puis on s’organise, on fait des brancards avec des bancs, des portes, on couvre des blessés avec nos survêtements, les hélicoptères de l’armée déchirent le ciel et se posent sur la pelouse. Même un film ne recréera jamais des moments aussi intenses. Je pense souvent à Furiani, ce bain de sang sur mes terres.
C’est gravé jusqu’à mon dernier souffle, un tatouage sur le cœur, indélébile. Des cousins, des amis ont été touchés. Personne ne pensait à faire du mal, à se remplir les poches, comme on a pu le dire. C’est la passion qui a tout emporté. La Corse a payé sa dette. Chacun connaît un mec qui a construit la tribune et un autre, mort ou handicapé. On m’a dit que Le Graët venait à Bastia pour se recueillir. C’est lamentable. Pourquoi n’ont-ils pas agi plus tôt ? »
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