#Corse – Extraits de l’allocution d’ouverture du Président Dominique BUCCHINI

ASSEMBLEE DE CORSE : Séance publique des jeudi 26 et vendredi 27 mars 2012. Extraits de l’allocution d’ouverture du Président Dominique BUCCHINI.
Mes chers collègues,

J’entends m’abstenir, dans mon propos introductif, de porter un quelconque commentaire sur les résultats du premier tour de l’élection présidentielle.
Dans le même esprit, je vous recommanderai d’éviter, lors de nos débats, tout propos s’inscrivant dans ce contexte électoral: cela vaut pour le second tour mais, également, pour les prochaines législatives.

Je dois cependant revenir sur l’actualité récente, marquée hélas par plusieurs drames.

A cet égard, le week-end pascal aura été un véritable concentré de violences : trois personnes ont perdu la vie, une charge a explosé en plein centre d’Ajaccio, tandis qu’un lieu de culte était profané.

Ces trois actions n’ayant, sans doute, aucun lien entre elles sont révélatrices d’une violence solidement installée dans notre quotidien. Une violence qui ne respecte plus rien ! Une violence qui gangrène le fonctionnement ordinaire de la société, comme un nouvel homicide, perpétré quelques jours après à Santa Maria Sicchè, est venu le démontrer.

Mes chers collègues, notre Assemblée s’est engagée dans une démarche collective, volontariste et responsable pour tenter, à son niveau, d’enrayer cette spirale.

Chacun restera libre, bien sûr, d’en apprécier la pertinence ou l’efficacité. Mais il n’est pas ordinaire que les élus d’une région s’engagent à ce point pour adopter, à l’unanimité, tout un programme d’action.

Avec nos limites, nous avons donc voulu réagir, inciter la population au sursaut, et montrer l’exemple.

Notre détermination doit rester intacte, et elle doit même se renforcer pour créer les conditions d’une riposte à la fois concrète et appropriée.

A cet égard, j’ai demandé au Président du Conseil Exécutif d’engager la mise en œuvre les actions contenues dans notre délibération ; de mon coté, je réunirai bientôt la commission pour que nous convenions, ensemble, des priorités de la deuxième phase de nos travaux.

Victime directe, quant à lui, de cette folie meurtrière, notre collègue Jo SISTI avait siégé dans cette Assemblée entre 1992 et 1998. Il laisse le souvenir d’un homme de dialogue et de bonne volonté. Je tiens ici à lui rendre un hommage ému et en votre nom collectif, j’assure sa famille de notre entière solidarité.

Vous me permettrez d’évoquer également, dans un autre registre, la mémoire de Charles LEONELLI, qui nous a quitté au mois de mars : il avait, lui aussi, fait partie de l’Assemblée de Corse entre 1986 et 1992.

Je voudrais, ensuite, saluer à mon tour un grand Résistant : Raymond AUBRAC.

Raymond SAMUEL, qui est mort le 10 avril, était en effet un résistant précoce et inlassable, plusieurs fois emprisonné et aussitôt évadé. Cofondateur du réseau « Libération sud », il participa au Conseil National de la Résistance aux cotés de Jean MOULIN.

Nommé, à la Libération, Commissaire de la République à Marseille, il devait prendre une part active à la reconstruction de la France; avant de mettre, ensuite, ses compétences au service du Tiers Monde et des pays en voie de développement.

Infatigable militant, Raymond AUBRAC n’ aura eu de cesse d’entretenir la flamme de la Résistance, témoignant volontiers auprès des jeunes, qu’il exhortait d’ailleurs à se battre pour leur avenir.

L’hommage que la Nation lui a rendu porte témoignage de cette figure d’exception.

Permettez-moi, dans le même esprit, de vous citer quelques phrases prononcées par Charles CHAPLIN, dans son film qui est un chef d’œuvre, « le Dictateur » :

« La vie peut être libre et belle, mais nous avons perdu ce chemin.
La cupidité a empoisonné les âmes, élevé des barrières de haine, elle nous a plongé dans le malheur et le bain de sang.
Nous maîtrisons la vitesse, mais nous nous enfermons. La mécanisation nous laisse dans le besoin. Notre science nous a rendus cyniques et brutaux.
Nous pensons trop, nous sentons trop peu. Plus que de machines, nous manquons d’humanité. Plus que d’habileté, nous manquons de bonté.
Sans ces qualités, la violence dominera nos vies. »

Dominique Bucchini, Présidente de l’Assemblée de Corse

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