« Dans notre Corse qui fut autrefois une terre hospitalière, nous déplorons la multiplication des inscriptions d’exclusion (« I Francesi fora », « I Arabi fora » etc…) au point que mon pauvre père disait qu’il ne serait pas étonné de lire un jour : « Tuttu mondu fora ! ».
S’agissant du mot « arabes » qui désigne en fait des musulmans originaire d’Afrique du Nord qui sont plus souvent berbères qu’arabes, on ne peut qu’etre scandalisé, au-delà du racisme, par l’ignorance abyssale des auteurs de ces graffitis. La Corse est liée à l’Afrique du Nord et réciproquement depuis des temps immémoriaux. Ce sont des évêques venus du Sud, des évêques d’origine vandale (ce qui fait dire au professeur Philippe Pergola, grand specialiste des premiers temps du christianisme, qu’ils étaient des « évêques pieds-noirs ») qui ont christianisé la Corse.
Plus tard, ce sont parfois les corses qui ont contribué à l’histoire de l’Afrique du Nord : Hasan Corso, bey d’Alger, ou le fondateur de l’une des dynasties beylicales de Tunisie originaire de Sartène ou encore Savia Franceschini, premier épouse du sultan du Maroc à l’époque où Napoléon régnait sur la France, ce qui a fait dire avec humour au roi Mohammed V, exilé en Corse par une France coloniale aux abois, qu’il revenait sur la terre de certaines de ses ancêtres…
Devons-nous renier l’Histoire ?
Il y a des dizaines de milliers de résidents de la Corse qui sont originaires d’Afrique du Nord. Certains sont là depuis des générations, beaucoup ont la nationalité francaise et, du tourisme au BTP en passant par l’agriculture, leur contribution à l’économie insulaire est vitale. Veut-on nous en priver ? Ce sont principalement des soldats marocains qui ont libéré la Corse en septembre 1943 avec un héroïsme admirable. J’ai assisté, il y a quelques années, avec émotion à la commémoration de cette belle page d’histoire en présence de vétérans venus tout exprès du Maroc et nous nous sommes recueillis tous ensemble au cimetière national musulman de Saint-Florent où reposent ceux qui sont morts les armes à la main pour libérer la Corse.
Voulons-nous déterrer les cadavres de ces héros pour les renvoyer chez eux ? «
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