(Unità Naziunale – 9 février 2018 – 11h00) En deux courtes journées, le président de la république française a ressuscité la momie de la CFR de sinistre mémoire.
La droite des Mondoloni et Bozzi, en manifestant sa satisfaction, ne s’y est pas trompé. Minoritaire dans les urnes en décembre 2017, elle tient sa revanche puisque l’essentiel du discours de Macron consacre son argumentaire, tant au niveau des politiques institutionnelles qu’aux plans économiques et sociaux. Le déni de démocratie perpétré par le chef de l’état français donne entière satisfaction à cette droite qui doit désormais assumer pleinement sa collaboration à l’entreprise de liquidation que Macron se propose d’entreprendre.
En rejetant en bloc toutes les propositions présentées par la majorité régionale, le patron de l’État a donné à voir et à entendre la réalité du véritable fond idéologique qui l’anime.
Chantre de la mondialisation capitaliste, Macron est également un néo-colonialiste pour qui la démocratie s’arrête là où commence la raison d’État. Ses discours, condescendants et paternalistes, sont venus rappeler à tous la véritable nature des rapports unissant l’État français et le peuple corse. Il n’y aura donc pas de pacte, car au déni de démocratie se sont ajoutées en forme de surenchère des agressions verbales et des provocations qui constituent un défi dont Macron pense sortir victorieux.
Ce défi s’inspire de celui que l’État espagnol a lancé au peuple catalan. C’est une violence symbolique qui entend se satisfaire du chaos plutôt que de la paix. Les calculs de Macron et l’appareil d’État sont limpides. Il s’agit d’abord de fracturer l’actuelle majorité régionale, puis en spéculant sur un rapport de force très défavorable à l’ensemble du mouvement national, de liquider toute velléité de résistance et à terme toute volonté d’existence en tant que peuple.
Le président de la république française souhaite désarticuler encore plus profondément la société en procédant à deux autres manœuvres. Il s’agit de faire rentrer pleinement la Corse dans la compétition libérale en accentuant un mode de développement fondé sur le tout tourisme, tout en éradiquant le substrat culturel dont notre langue est le principal vecteur.
En jetant en pâture les lois littoral et montagne aux marchés fonciers et immobiliers, il se refuse à admettre la coofficialité en spéculant ainsi sur le profit et l’avidité plutôt que sur un développement durable qui répondrait à nos véritables besoins collectifs. Se faisant, Macron et ses conseillers n’ignorent rien du climat politique qui ne peut manquer de se tendre à l’extrême. Ils veulent pousser à la faute des pans entiers de la société corse en espérant qu’ils soient très minoritaires et coupés de l’ensemble du peuple. En écrasant toute les volontés de résistance, le chef de l’État français fait miroiter l’illusion d’un aménagement à la marge de la Constitution. Il tente ainsi d’attirer à lui ceux dont il espère un renoncement en les engluant définitivement dans le piège tendu.
Ce sont tous ces défis qu’il nous faut collectivement relever en imaginant des moyens de mobilisations, publics, collectifs. Ces champs ne peuvent s’ouvrir sans une détermination sans faille. Des fronts de luttes doivent impérativement se structurer et leur convergence doit viser à imposer le peuple corse comme seul dépositaire de toutes les légitimités. Ces mobilisations concernent les corses d’aujourd’hui et toutes celles et ceux qui souhaitent en conscience bâtir l’espoir.
Dans ce cadre, le monde du travail par son nombre et son potentiel occupe une place centrale. Aujourd’hui morcelés et affaiblis par le fléau que constitue le racisme, les travailleurs sont paralysés. La seule vague qui submerge notre nation commune, c’est celle de l’argent à laquelle s’ajoute le flot de ceux qui détiennent abusivement tous les capitaux.
Lutter contre la xénophobie, c’est déconstruire ce mensonge qui détourne les légitimes colères de celles et ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre. S’opposer sans concession au démantèlement des lois littoral et montagne, c’est aussi mettre un terme à cette spéculation qui ruine le droit au logement, au même titre que nos espaces naturels collectifs.
Imposer et pratiquer à tout prix et en toute circonstance la langue corse, c’est défendre un lien qui doit unir toutes les composantes de notre société. Exiger la démocratie, c’est affirmer que la lutte de libération nationale est indissociable de la lutte de libération sociale.
Macron, représentant de commerce de la banque et de la finance, se présente à nos yeux pour ce qu’il est : un liquidateur de tous nos droits. Nous n’avons donc rien à attendre de lui, ni de son État.
La désaliénation ne peut venir que de nous, du libre exercice de nos consciences vives, de la mise en œuvre opiniâtre de nos volontés et de nos capacités à créer nos cadres culturels, sociaux, économiques et politiques. Mettre un terme à la domination, c’est d’abord et avant tout faire la démonstration en nous-mêmes et par nous-mêmes que nous pouvons construire librement notre avenir par l’autogestion.
A NAZIONE OGHE PIÙ CHÈ MAI.
A MANCA