On a beau le présenter comme le personnage central de ce procès, Dominique Pasqualaggi ne peut quand même pas avoir tout fait tout seul. Tout conçu, tout préparé, tout exécuté. Pour confectionner des bombes, il faut des bras. Pour les poser aussi.
Et avant cela, il faut encore être capable de se procurer le matériel nécessaire à leur fabrication. C’est cette chaîne de responsabilités que s’attache à décortiquer depuis le 21 mars la cour d’assises spéciale de Paris.
Lundi après-midi, Sébastien Giudicelli, questionné sur son rôle auprès de Pasqualaggi, n’a pas cherché à fuir ses responsabilités. Présenté comme le chauffeur du chef, il a non seulement admis avoir de profondes convictions nationalistes mais aussi avoir activement participé à des attentats. Une surprise.
Et une attitude qu’a eue bien du mal à comprendre sa sœur Marie-Yvonne, entendue hier matin par visioconférence. Pour elle, son frère Sébastien est « un gentil garçon, qui a toujours été influençable. Le genre de soldat un peu idiot qui sert les autres, pour reprendre les mots de Monsieur Pasqualaggi. »Alors, présenter son frère comme un nationaliste poseur de bombes, la jeune femme n’y croit pas : « Nous ne sommes pas une famille de nationalistes. Pour être nationaliste, il faut grandir là-dedans ».Pour tenter de dédouaner son frère, elle brosse, comme nombre d’autres avant elle, le portrait d’un Pasqualaggi tout-puissant. « Dumé, il est très fort. C’est quelqu’un qui a de l’influence et qui sait en jouer, notamment avec les plus faibles. »
Michel Ettori, lui, n’entend pas s’inscrire dans les pas de Giudicelli. Il faut dire que l’instruction lui a réservé un rôle de choix dans la supposée chaîne terroriste constituée autour de la cellule du 22 octobre : celui de l’intermédiaire. Quelqu’un qui, par exemple, mettrait en relation un fournisseur d’explosifs avec des nationalistes déterminés à recourir à l’action violente. Or ce rôle-là, Michel Ettori n’est pas du tout disposé à l’endosser.
Et cela même si Robert Serrand, dit « Le Jurassien », son compagnon de chasse venu du Continent et coaccusé dans ce procès, le désigne explicitement. Serrand, entrepreneur de BTP, amoureux de la Corse et passionné de chasse au sanglier.
Serrand qui aurait fourni, le 21 janvier 2006, veille de l’attentat d’Aix-en-Provence, quatre kilos de dynamite et trois détonateurs au duo Pasqualaggi-Vincenti. Une transaction effectuée dans le département de l’Ain, sur le parking d’une grande surface, et dont les détails auraient été réglés par l’entremise d’Ettori. Lequel nie tout : les échanges téléphoniques relevés entre les deux hommes au début du mois de janvier, les accusations réitérées de Serrand et même son engagement nationaliste. Ou plutôt en donne-t-il une version allégée : « Je suis un nationaliste idéaliste. C’est-à-dire que les fondamentaux du nationalisme me vont bien. Mais c’est tout. »Pas de violence, donc. Le problème d’Ettori, c’est qu’il s’embrouille. Ses explications sont fragiles. Ses bras font d’immenses moulinets. Son corps oscille de droite à gauche. Lorsqu’il se rassoit, épuisé, ses dénégations ne semblent avoir convaincu personne.
La cour d’assises continuera aujourd’hui son lent travail de vérification. Après le chauffeur et l’intermédiaire supposé, les magistrats s’intéresseront dès ce matin à d’autres membres du groupe : ceux soupçonnés d’avoir participé, à des degrés divers, aux quatre attentats ayant visé les communes d’Albitreccia, Prunelli di Fiumorbo, Grossetto Prugna et Ghisonaccia en août 2005.
corsematin.com
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