Le nationaliste corse Dominique Pasqualaggi, jugé à Paris six ans après un attentat à Aix-en-Provence qui avait coûté la vie au jeune poseur de bombe Alexandre Vincenti, a admis mardi « sa totale culpabilité », tout en assurant qu’il avait tenté de le dissuader d’agir.
Pendant l’instruction, « on avait dit que je m’étais caché derrière un mort (Alexandre Vincenti), alors j’avais décidé de ne plus parler de M. Vincenti » auquel « j’étais très lié », a déclaré « Doumé » Pasqualaggi, 38 ans, durant son premier interrogatoire par la cour d’assises spéciale de Paris, au cinquième jour du procès.
Le 22 janvier 2006, Alexandre Vincenti était mort à 24 ans, déchiqueté dans l’explosion des explosifs qu’il avait posés contre la Trésorerie principale d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Pasqualaggi, qui serait resté en retrait pendant l’attentat, selon l’accusation, avait été interpellé quelques heures plus tard à l’aéroport de Marseille.
« Je me sens totalement coupable de n’avoir pu éviter ce drame que j’avais vu venir », a affirmé l’ancien professeur d’histoire qui comparaît en fauteuil roulant, devenu paraplégique après s’être défenestré pendant une garde à vue à Paris en 2007.
« M. Vincenti a décidé de faire un attentat qui n’était pas prévu ce soir-là, je n’ai pas réussi à le dissuader, j’assume toutes les conséquences », a déclaré Pasqualaggi, présenté par l’accusation comme « le meneur » d’une cellule du FLNC du 22 octobre.
Après une soirée bien arrosée, Alexandre « avait préparé les charges. Il a voulu en placer une, ce qui n’était pas prévu. Je pensais l’avoir dissuadé, je suis parti », a déclaré Pasqualaggi. « Quand j’ai entendu l’explosion, il y avait déjà des gens auprès de lui, ils ont mis un blouson sur son corps, j’ai cru qu’il était mort. Voyant qu’il n’y avait plus rien à faire, je suis parti nettoyer l’appartement et jeter les explosifs », a-t-il raconté.
« Quand dites-vous la vérité, monsieur ? », a demandé le président de la cour, Philippe Jean-Draeher.
Selon l’accusation, le blouson porté par Pasqualaggi à Aix portait des traces de pentrite (explosif). Mais il a assuré que c’était parce qu’il avait « participé auparavant à une manifestation et utilisé des feux de détresse maritimes qui contiennent cette substance ».
La cour d’assises spéciale juge depuis le 21 mars neuf hommes soupçonnés d’avoir appartenu à une cellule du mouvement clandestin indépendantiste FLNC du 22 octobre, pour dix attentats commis en Corse et sur le continent entre 2004 et 2006.
Auparavant, l’ancienne compagne d’Alexandre Vincenti, Céline Cambrils, 31 ans, l’avait décrit comme un jeune homme « très sensible », excessivement timide, pour qui « il était très difficile de passer un coup de téléphone ou d’aller chercher seul du pain à la boulangerie ». Qu’il ait pu être un « artificier » lui a semblé « peu cohérent » : « A la maison, il n’était pas capable de monter un meuble ni de changer une ampoule ».
Elle a estimé que son compagnon avait pu être influencé par M. Pasqualaggi.
La mère d’Alexandre Vincenti, Monique Fize, 52 ans, l’a aussi décrit comme particulièrement « gentil » mais « introverti », « influençable par les sentiments ». Quand Me Garbarini l’a incitée à évoquer son ex-mari, Jean-Martin Vincenti, aujourd’hui décédé, elle a présenté ce dernier comme « quelqu’un de très manipulateur, qui avait un énorme ascendant » sur son fils, sans confirmer ou infirmer l’idée qu’il ait pu être lui-même « un activiste ».
Source presse
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