Le socialiste a profité de son déplacement en Corse pour pilonner le bilan du gouvernement en matière de lutte contre la délinquance.Il rentre dans les salons de coiffure, serre toutes les mains aux terrasses des cafés, fait des détours pour embrasser les femmes et les enfants. François Hollande était en campagne, samedi, sur l’île de Beauté.
Et en le voyant prendre tant de plaisir à aller voir les gens dans les rues d’Ajaccio, on se disait que le socialiste était impatient que la présidentielle reprenne son cours normal. Quand il est monté sur la petite scène, place Foch, dos à la mer, François Hollande a levé les bras au ciel pour saluer les 500 personnes qui l’acclamaient.
Un geste qu’il fait lors de tous ses meetings, mais qu’il s’était refusé à effectuer, jeudi dernier à Aurillac pour sa première réunion après la tragédie de Toulouse et Montauban.
« Je suis venu vous parler de la Corse et de la France à un moment où notre pays tout entier a été frappé par une terrible tragédie », lance le socialiste dès le début de son discours. Mais ce qui frappait en l’écoutant pendant près de quarante-cinq minutes, c’est que François Hollande avait retrouvé sa voix naturelle, son allure moins guindée et solennelle et… ses critiques à l’encontre de Nicolas Sarkozy.
Avec une cible prioritaire tout au long du meeting comme du déplacement dans la journée, la sécurité. « Sur la sécurité, le président sortant a manqué aux objectifs qu’il s’était fixés à lui-même. »
Et pour donner du poids à sa critique, le député de Corrèze utilise la situation corse: « Comment puis-je admettre ici même qu’il y ait eu, depuis cinq ans, 20 homicides par an, 100 depuis le début du quinquennat? Pour la seule année 2011, 22 homicides et 16 tentatives – record en France et si je regarde au-delà de la France, hélas record européen! Et ils viendraient nous faire des leçons sur la question de la sécurité, sur la question des luttes contre les violences, sur la question des lois républicaines? »
« Ce n’est pas le jeu de “c’est celui qui dit qui y est”
» Hollande a enfoncé le clou, après le meeting: « C’est un sujet sur lequel il est aussi en échec, ce n’était pas le cas en 2007, les Français ne créditent pas Nicolas Sarkozy d’un bon bilan sur la sécurité, ce qui ne veut pas forcément dire que la gauche serait plus crédible sur le sujet. » Et face aux journalistes, François Hollande poursuit ses attaques: « Le candidat sortant fait toujours les mêmes erreurs, il annonce des lois, et pourquoi ça n’a pas été fait? Une fois encore, il faut attendre un drame pour faire une loi. Il commet une deuxième erreur en donnant le sentiment de vouloir l’utiliser. »
Mais le candidat socialiste ne s’est pas contenté de s’en prendre au bilan sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Il a aussi critiqué la méthode du chef de l’État, lançant à l’adresse de son public : « Je vous demande de diffuser un message: la politique, ce n’est pas celle qui a été conduite, à mes yeux, depuis cinq ans. La politique c’est de faire des promesses et de les tenir. La politique, ce n’est pas une virevolte, ce n’est pas une improvisation. La politique, ce n’est pas une campagne électorale qui effacerait un mandat. » Et comme Nicolas Sarkozy l’avait traité de « nul » devant un journaliste du Monde, François Hollande lui a répondu. À la manière d’un enfant d’abord : « Ça se rapporte toujours à celui qui l’emploie. » Et il est revenu à la demande des journalistes tout au long de la journée sur ce qualificatif employé par son adversaire. « Ça en dit long sur son auteur », une première fois. Puis, il récidive : « C’est un problème pour lui, pas pour moi, ce n’est pas le jeu de “c’est celui qui dit qui y est”, mais cela révèle sa personnalité, ça révèle qu’il est capable de parler comme ça. »
François Hollande croit toujours en ses chances, même si les sondages fléchissent un peu. Il sait que la campagne sera encore longue et dure. « Rien ne nous sera épargné, ni les caricatures, ni les attaques personnelles, mais rien ne nous atteindra, rien ne nous empêchera », a-t-il prédit lors de son meeting. Parce qu’il ne veut pas que la peur l’emporte, le socialiste a adapté son slogan hier soir à Ajaccio, résumant son état d’esprit et sa stratégie : « l’espoir, c’est maintenant ».
Cécile Amar, envoyée spéciale à Ajaccio (Corse-du-Sud) – Le Journal du Dimanche
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