« Le préfet de Corse a cru bon d’asséner dans vos colonnes un certain nombre de poncifs et de pseudo-recettes censées permettre un recul de la violence (Corse-Matin du 16 mars). Plutôt que de s’interroger sur la faillite de la politique pénale menée par l’administration française, qui, trop occupée à pourchasser les militants nationalistes, a laissé depuis des décennies prospérer les gangs et fleurir les dérives mafieuses, il préfère en revenir aux choses simples : la lutte contre la détention d’armes, et tout particulièrement des armes légales et déclarées (lesquelles sont naturellement les plus faciles à trouver !). Et tant pis si ces armes là sont précisément celles qui ne sont jamais utilisées lors des actes de violence : le tout est de laisser croire au bon peuple que l’on s’occupe de sa sécurité !
Le procureur d’Ajaccio reconnait d’ailleurs lui-même la vacuité du raisonnement, admettant que « l’équation pas d’armes, pas de violence peut sembler simpliste ». Et effectivement, face à un problème difficile appelant une approche complexe, on nage ici en pleine pensée simplifiante, à travers des opérations de réduction parfaitement ineptes : réduire la question de la violence à celle de la détention d’armes, réduire l’ensemble des armes à l’infime partie de ces dernières utilisées par les malfaiteurs (et qui ne sont évidemment jamais déclarées !)…
C’est à l’utilisation de ce type de pensée que l’on reconnait immédiatement les formes de démagogies les plus outrancières : elle offre une grille de lecture simplifiée à l’extrême – donc fausse – à un problème complexe. Non sans pertinence, le président de l’« ACA – tir à la cible » fait observer qu’en suivant un tel raisonnement, il faudrait retirer leurs armes aux gendarmes ! Ce ne serait en effet pas plus stupide que de confisquer celles des chasseurs et des tireurs sportifs…
Le plus étrange est que le préfet se dit persuadé d’anticiper une proposition de la commission « violence » de l’Assemblée. Siégeant au sein de cette commission, nous tenons à affirmer pour notre part que jamais nous ne cautionnerons la démagogie et les raisonnements réducteurs. S’il faut effectivement affirmer sans ambiguïté que les armes n’ont pas leur place dans les discothèques, les bals et les soirées étudiantes – et que ce genre de comportement n’a pas à être paré d’un supposé vernis culturel – il faut dire avec autant de force que le tir sportif et la chasse (laquelle constitue en revanche une pratique identitaire) n’ont pas à faire les frais d’événements qui leurs sont étrangers.
Quant à l’administration de l’Etat Français en Corse, compte tenu du résultat de sa politique, elle serait bien inspirée d’adopter à cet égard une attitude plus discrète, et de ne pas se prévaloir du soutien des élus corses, soutien qui semble loin de lui être acquis au-delà même de notre groupe politique. »
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