En signe de protestation, Magà Ettori, Conseiller cinéma-audiovisuel du Conseil Economique Social et Culturel Corse (CESCC) a claqué la porte de l’Institution le mardi 13 mars lors de la commission »Azzione Culturale – Audiovisuel ».
Mais à la fin que nous dissimule-t-on ? Nous apprenions hier que des réunions très discrètes ont été tenues au mois d’octobre entre la CTC et deux Syndicats de Producteurs (Corse Audiovisuel Production – CAP ; Corse Films Productions – CFP). Trois syndicats (SPC, SNOS, SNAS) et l’Intersyndicale du Cinéma Corse étaient exclus de ces réunions, à l’issue desquelles les nouveaux membres de la Commission du Film de la CTC ont été désignés. Aucune publicité n’a été faite autour de cette nouvelle composition et L’Exécutif n’a pas fait suite aux demandes d’informations de l’Intersyndicale qui se trouve ainsi privée de représentativité au sein de la Commission.
Le soutien au cinéma et à l’audiovisuel en France fait l’objet d’un régime d’aides notifiées, autorisé en 2006 par la Commission Européenne qui permet le versement de subventions aux entreprises et aux acteurs du secteur, de manière sélective, et sans appels d’offres. Mal employée cette manne financière déséquilibre le marché et crée des effets de concurrence déloyale. Certains membres de l’ancienne commission qui étaient très contestés semblent »nommés à vie » (réinstallation après 6 ans d’exercice) à l’instar de François Barrat. Ce dernier, ancien président du GREC (Groupe de Recherche et d’Essais Cinématographiques qui vient de signer une convention avec la CTC) a réalisé divers films dont quatre ont été produits par Stella Productions. Sachant que Stella Productions a touché 500 000 € (cinq cent mille euros) en deux ans de la part de la CTC et que la gérante de la société est également présidente du CFP, on se demande s’il n’y a pas mélange des genres.
Autre membre ‘’nommé à vie’’ à la commission du film de la CTC : Jean Simon Peretti, inspecteur des impôts, ancien conseiller Cinéma du CESCC qui est également en place depuis 6 ans. Sur rapport de J.S. Peretti, le CESCC avait émis le 21 mai dernier un avis favorable à l’adoption de la convention de développement cinématographique et audiovisuel 2011-2013. Cet avis insistait particulièrement sur un point : » le CESC propose que l’article 3 du Règlement intérieur du comité de lecture du fonds d’aide à la création de la CTC soit libellé comme suit : Les membres sont nommés par le Président du Conseil exécutif de Corse à partir d’une liste de propositions, après avis des deux associations de producteurs de l’île, l’association « CAP » et l’association « CFP ». »
Les deux syndicats de producteurs de films (Corse Audiovisuel Production – CAP ; Corse Films Productions – CFP) représentant seulement une dizaine de sociétés (sur 60 en région corse) étaient signataires d’un tract commun en date du 13 juin 2011 dans lequel ils déclaraient : »Si nous avons 95% des subventions c’est que le CAP et CFP regroupent 95% des sociétés de productions audiovisuelles de Corse dont le métier est de produire des films, des émissions et des documentaires pour les télévisions en Europe ».
Le fait que la Corse compte cinq syndicats dont trois syndicats de producteurs et une Intersyndicale et que seulement deux syndicats soient habilités à donner leur avis a été relevé le 23 juin 2011 dans l’hémicycle lors de la session extraordinaire de l’Assemblée de Corse, par la Conseillère Territoriale Josépha Giacometti qui s’interrogeait sur le fameux article 3 du règlement intérieur du comité de lecture du fonds d’aide à la création de la CTC. Ce à quoi le Président de l’Exécutif répondait qu’il s’engageait à créer une commission pour modifier cet article 3.
La censure
Il y a une semaine le film de Magà Ettori a été censuré par cette nouvelle commission. La société de production de Magà Ettori a donc présenté 24 dossiers à cette commission qui en a refusé 24. Une fois encore les intérêts particuliers ont prévalu sur l’intérêt collectif. On assassine la démocratie et le cinéma Corse dans l’indifférence. Peu importe si près de soixante dix personnes ont collaborés à ce film, la commission l’a balayé sans autres explications. I Tercani était un beau et grand projet qui ne verra peut-être pas le jour en France malgré un accueil enthousiaste en Italie.
I Tercani, un film en langue corse totalement auto-produit alors qu’avec 20 millions d’Euros en 10 ans la Collectivité Territoriale de Corse n’a soutenu qu’un seul projet en langue corse. On ne soutient pas ce que l’on ne comprend pas : la semaine dernière, avant le passage en commission on demandait à Magà Ettori une traduction en français de ses dialogues. Ce n’est pas faire injure à la langue française que de dire qu’un texte en langue corse, ce n’est pas un texte en langue française. Comment cette commission peut-elle apprécier une simple traduction ? A moins que les projets de Magà Ettori ne soient tous destinés à finir au même endroit quel que soit la langue ?
Nul ne doit ignorer qu’un élu, un militant, un cinéaste corse est censuré à cause de son engagement citoyen. Ce retrait du CESCC n’est pas un mouvement d’humeur, ni anodin. Nous avons tiré d’innombrables fois la sonnette d’alarme concernant les dysfonctionnements du CESCC et de la commission du film de la CTC. La société civile et les professionnels sont derrière Magà Ettori. Une pétition a vu le jour lundi et compte déjà près de deux cents signataires tous supports confondus (en ligne sur le site www.corsicacinema.com). L’Intersyndicale envisage des actions fortes dans les jours à venir. Nous prions les élus corses de se mobiliser, quelle que soit leur étiquette politique afin que cesse séance tenante cette censure. Et enfin nous souhaitons une rencontre avec Paul Giacobbi pour évoquer l’absence de représentativité de nos syndicats dans cette commission, si possible avant les législatives.
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