Après l’assemblée de Corte, le mouvement indépendantiste présente son « gouvernement ». Au programme : renforcer la présence sur le terrain, peser sur le débat dans la société corse, préparer les territoriales.
« Une tempête dans un verre d’eau ». C’est ainsi que les représentants de la tendance majoritaire (Per a nazione) du nouvel exécutif de Corsica Libera ont qualifié, hier lors d’une conférence de presse à Bastia, la polémique qui a agité le mouvement indépendantiste ces dernières semaines. Au sujet, justement, des modalités de composition de l’exécutif.
Selon eux, l’assemblée générale d’il y a deux semaines à Corte a permis de clarifier les choses.
Celle-ci a donné lieu à l’adoption à 94,3 % des votants (cette AG ayant réuni plus de 500 personnes selon Corsica Libera) d’une motion préalable « qui demandait de clore la phase de démarrage et de faire fonctionner Corsica Libera de façon démocratique », explique Petru Antò Tomasi. « Si le consensus est souhaitable, l’absence d’unanimité ne doit pas conduire à l’inertie. Dans tous les mouvements démocratiques, c’est la majorité qui détermine la voie à suivre. »
« La règle du jeu n’a pas changé »
Les militants ont « pris acte de certains désaccords ou différences d’appréciation apparus depuis quelques mois »en l’occurrence avec les membres de l’ancien exécutif issus de l’ex-Rinnovu qui ne font pas partie de la nouvelle équipe dirigeante excepté Paul-Félix Benedetti, membre de droit en tant qu’élu territorial). Et « ont décidé qu’il appartenait à l’AG de définir les orientations et de mandater des responsables pour les appliquer »et ce, signale Jean-Guy Talamoni, « en application des orientations adoptées par le congrès fondateur ce qui aurait d’ailleurs dû être fait lors de l’AG de l’an dernier. La règle du jeu n’a pas changé; elle a été respectée, avec retard, mais elle a été respectée ».L’adoption de cette motion préalable a « ouvert, conformément à nos statuts, une nouvelle phase de fonctionnement qui donne clairement une majorité de gouvernement au mouvement et organise sous la responsabilité de l’exécutif et de la ghjunta un espace qui permet la participation des motions minoritaires ».Il y a deux semaines, trois motions ont ainsi été présentées par différentes sensibilités et deux d’entre elles ont obtenu le nombre de suffrages nécessaires à l’obtention d’élus : 17 pour la liste « Per a Nazione » (75,9% des voix), 4 pour la liste « Michel Giraschi » (20,46% des voix)*.
Renforcer la présence sur le terrain
La motion d’orientation qui a été adoptée « reprend l’ensemble des motions votées lors du congrès fondateur et des précédentes assemblées générales ainsi que les propositions contenues dans Corsica 21 », signale Ghjuvan Filppu Antolini.
« Elle développe trois axes importants. »
Il s’agit premièrement de « renforcer la structure et la présence sur le terrain ».Deuxièmement, le courant indépendantiste doit « continuer à irriguer par ses propositions les débats dans la société corse ».
« Nous constatons avec satisfaction que plusieurs de nos propositions (langue corse, foncier, etc.) ont été reprises par d’autres formations politiques (langue corse, foncier, etc.) »,ajoute Jean-Guy Talamoni.
« D’autres sujets nous préoccupent comme les questions sociales et en particulier la précarité. »
Troisièmement, Corsica Libera entend, dans un esprit de conquête du pouvoir, « officialiser et populariser sa stratégie jusqu’aux prochaines territoriales qui peuvent être déterminantes pour l’avenir du peuple corse », estime François Sargentini.
Mais le mouvement indépendantiste suivra également avec intérêt les élections présidentielles et législatives car « quel que soit le résultat, le pouvoir nouvellement élu devra être à l’écoute de la Corse ».
Outre ces 21 élus, l’exécutif comprend un trésorier. En sont également membres de droit les quatre élus territoriaux de Corsica Libera.
Fabrice Laurent Corsematin.com
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