[Euskal Herria] L’ETA relance la France pour un « dialogue direct »

L’ETA a adressé vendredi un communiqué au gouvernement français lui demandant une nouvelle fois l’ouverture d’un « dialogue direct » sur les conséquences du conflit, dans lequel l’Etat français a été « directement » impliqué selon l’organisation séparatiste basque.

« Les citoyens basques espèrent que le gouvernement français réponde positivement à la possibilité de mettre fin définitivement aux conséquences du conflit, en entamant pour cela des discussions directes avec ETA », lit-on dans un communiqué transmis à l’AFP par l’ETA.

Le groupe basque avait annoncé le 20 octobre 2011 l’abandon définitif de son activité armée après plus de 40 ans de violences ayant fait 829 morts.

Il avait alors déjà appelé la France et l’Espagne à « un processus de dialogue direct ». Depuis, cet appel est resté lettre morte. Aucune discussion directe n’a été engagée en Espagne, où le chef du gouvernement Mariano Rajoy (droite) a écarté tout dialogue avec une « organisation terroriste ».

« Avec l’ETA il n’y a rien à dire, aucune manière de dialoguer sur aucune conséquence d’un conflit qui n’a pas existé », a-t-il dit.

L’ETA rappelle que la France a pour sa part estimé que l’Espagne seule avait compétence pour engager des discussions, refusant aussi de s’impliquer.

Pis, selon l’ETA, les responsables français ont poursuivi une politique « répressive », « maintenant la politique de vengeance envers les prisonnier(e)s politiques basques » et « remettant aux mains de l’Etat espagnol des citoyen(ne)s basques par le biais des mandats d’arrêt européens ».

Ces arrestations ont entraîné plusieurs manifestations au Pays basque français, dont l’une avait rassemblé 4.000 personnes, le 10 décembre 2011, pour Aurore Martin, ressortissante basque française, membre de la branche politique de l’ETA Batasuna, et l’Espagnol Josu Ezparza, militant d’Ekin, sous le coup lui aussi d’un mandat d’arrêt européen.

« Les décideurs français ont l’habitude de présenter +le problème basque+ comme s’il s’agissait d’une question relevant de l’Espagne, occultant ainsi la responsabilité directe de l’Etat français », estime encore l’organisation séparatiste.

La France, comme l’Espagne, « nient la réalité nationale d’Euskal Herria (la nation basque, ndlr) et le droit des Basques à décider de leur avenir », poursuit l’ETA qui estime que la France a été « directement » impliquée dans une « guerre sale » ayant abouti à la disparition de militants.

La France détient encore 140 des quelque 700 prisonniers basques, selon l’ETA, qui réclame notamment le regroupement au Pays basque des prisonniers répartis dans les prisons espagnoles et françaises.

Nicolas Sarkozy s’est dit favorable à un rapprochement des prisonniers, « par humanité », non sans souligner toutefois que la nationalité espagnole de la majorité d’entre eux pouvait y faire obstacle.

L’ETA a renoncé à toute activité armée sans pour autant se dissoudre. L’organisation réclame depuis sa création en 1959 l’indépendance des territoires espagnols et français du Pays basque et de la Navarre.

Le 2 mars, lors de sa visite à Bayonne, Nicolas Sarkozy ne s’est pas dit opposé à la création d’un « cadre institutionnel spécifique » pour le Pays basque en France à trois conditions: que cette proposition se fasse avec les élus, « dans le cadre de la République » et « sans violence ».

le 09/03/2012 à 07:43 par Colette LARRABURU / AFP

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