La candidate d’Europe Ecologie les Verts à l’élection présidentielle était en Corse le 28 février, à Aiacciu. Elle a rendu visite aux associations Aria Linda et Sintinella sur le site d’implantation de la future centrale thermique dont on ne sait encore avec certitude si elle sera au gaz (comme annoncé) ou au fioul lourd (comme commandé par EDF, et comme l’indique l’arrêté préfectoral d’autorisation signé par le préfet Nevache). Elle a rencontré la Ligue corse des Droits de l’Homme et les associations de défense de l’environnement. Elle donnait enfin un meeting au Palais des congrès en compagnie des eurodéputés François Alfonsi et Michèle Rivasi. François Alfonsi nous livre son sentiment…
Depuis son entrée en campagne au lendemain de la primaire gagnée contre Nicolas Hulot, la candidate des écologistes est passée par toutes les épreuves. Il y a eu celles infligées par son parti, réputé pour ne pas épargner ses propres candidats, celles provoquées par les médias dont elle a été, au tournant de la nouvelle année, la tête de turc de prédilection, et celles d’une campagne sans aucun moyen financier tant les écologistes sont désargentés. Mais, alors que la campagne officielle va débuter, elle s’impose peu à peu à l’opinion par sa capacité d’expertise et par son courage.
Du courage il en a fallu beaucoup pour affronter la bronca des médias à son encontre. Depuis sa désignation contre Nicolas Hulot, un des leurs et leur favori dans les pronostics, la caste des grands journalistes n’a plus désarmé contre elle. Tout y est passé : son accent, mais elle y a fait face en appelant à son secours tous les accents des régions que le parisianisme des médias étouffe ; son image a été brocardée, son parcours dénigré, ses idées caricaturées ; ses erreurs, et celles de ses proches, amplifiées, et le reste occulté.
Le paroxysme de ces attaques a été atteint un soir de télévision devant Laurent Ruquier, humoriste franchouillard à succès, et deux harpies déchaînées, aux engagements marqués au sein du courant «républicain jacobin». Elle leur a résisté avec fermeté et succès, et, malgré ce terrain ultra-miné, de son propre chef, elle a insisté sur son engagement en faveur du fédéralisme différencié, porté par Régions et Peuples Solidaires, et sur son intention d’aller vers l’officialisation des langues régionales. Ses engagements de Mouans-Sartoux, pris devant l’Assemblée Générale de Régions et Peuples Solidaires, elle ne les a jamais relégués au second plan, malgré une campagne présidentielle qui, comme jamais auparavant, a mis cette question de la régionalisation sous l’éteignoir. Mais la campagne va prendre aujourd’hui une autre tournure. Les rangs des autres candidats s’éclaircissent jour après jour, au fur et à mesure des ralliements préprogrammés pour donner une illusion de rassemblement autour de Nicolas Sarkozy. Les programmes sont désormais davantage sur le devant de la scène, et l’évidence apparaît à tous : l’écologie disparaît du paysage électoral, tous les candidats s’en écartent. La lutte contre les paradis fiscaux et la finance internationale à qui l’on doit la terrible crise économique qui secoue actuellement l’Europe ? Oubliée, tous ont renoncé à mener ce combat essentiel contre des multinationales qui ont leurs entrées dans tous les médias, et dans tous les staffs électoraux, on l’a vu par exemple chez François Hollande avec l’attitude d’Areva contestant l’accord passé entre Europe Ecologie-les Verts et le Parti Socialiste. Et, véritable experte en la matière, Eva Joly, chaque fois qu’elle a accès aux médias, dérange tous ces patrons du CAC 40 qui sont aussi les patrons des grands médias, journaux et télévisions.
Quant au fédéralisme, et à l’avènement d’une sixième République en rupture avec le jacobinisme de celles qui lui ont précédé, tous à part Eva Joly l’ont exclu de leur campagne. Nicolas Sarkozy, lors de son premier discours officiel de campagne a déclaré, au nom de «l’amour de la France», son hostilité aux langues régionales, contre la ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires. Ce qu’il faut retenir de cette attitude désastreuse, c’est son profond ridicule. Ainsi, si l’on suit le raisonnement de M. Sarkozy, ceux qui, ailleurs en Europe, c’est à dire la très grande majorité des Etats européens, ont ratifié cette charte, sont frappés d’indignité. Selon lui, les Espagnols n’aiment pas l’Espagne, les Italiens n’aiment pas l’Italie, les Britanniques n’aiment pas la Grande Bretagne, les Allemands n’aiment pas l’Allemagne, puisque tous ce Etats européens limitrophes de la France ont ratifié cette charte.
En réalité Monsieur Sarkozy n’aime pas la diversité, qui est pourtant la devise de l’Union Européenne. Les autres ne font pas mieux. Jean Luc Mélenchon est un ultra-jacobin extrémiste qui, dans ses meetings de la campagne européenne martelait en toute occasion : «le breton est la langue de la collaboration». C’est bien connu, Pétain parlait breton !
Marine Le Pen veut rien de moins que supprimer les compétences des Régions, et François Bayrou pratique la non-position systématique, synonyme de soutien faux-cul au statu quo. François Hollande a pris position pour la ratification de la Charte européenne des langues dans ses propositions, sans pour autant promettre la modification constitutionnelle nécessaire pour ce faire. Et, lors de son passage en Corse, il a pris position contre l’officialisation de la langue corse demandée pourtant par une très large majorité de l’Assemblée de Corse.
Alors, à l’heure où l’électorat se pose légitimement la question du «vote utile», à deux mois de l’élection, quel peut être le vote utile pour les Corses si ce n’est celui en faveur d’Eva Joly ?
Si la gauche l’emporte, ce sera un coin dans le futur gouvernement pour relancer un «processus de Matignon». Et si Sarkozy revient, ce sera une fondation supplémentaire pour les rapports de forces à venir.
François Alfonsi.
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