Au 110e jour de détention de Lisandru, le juge des libertés et de la détention vient, sur ordre du juge d’instruction de prolonger de 4 mois la durée de la détention préventive de Lisandru. Pourtant, absolument rien ne justifie le maintien en détention de Lisandru, comme rien ne justifiait sa mise en détention. Lisandru, 22 ans, est en prison depuis près de quatre mois, dont 45 jours de grève de la faim interrompue inextremis, sur la base d’un rapport de police lui attribuant une trace ADN sur un sac en plastique trouvé dans une cache d’armes à Ajaccio en avril 2011…
Lisandru s’est expliqué, n’a éludé aucune question, n’a jamais changé dans ses déclarations. Ce n’est pas le cas de la police et du juge. Lisandru a été incarcéré le 15 novembre et depuis ce jour là, il a toujours été interrogé sur une trace ADN figurant sur un sachet (qu’on ne lui a jamais montré). Le 10 janvier le juge constate que le sachet n’existe pas dans les scellés, et le 24 janvier on demande à Lisandru pourquoi sa trace ADN figure sur …un chargeur de pistolet. Voilà donc que 9 mois après la découverte de la cache d’armes, la trace ADN a migré d’un « sachet » sur un « chargeur ».
Pas une empreinte digitale, une trace ADN… Lisandru a catégoriquement affirmé qu »il n’a jamais touché ce chargeur et qu’il ne l’a même jamais vu. Nous constatons que nos craintes étaient fondées, le sachet ayant disparu (ou n’ayant jamais existé) il fallait un autre support à l’accusation, puisque personne ne met en cause Lisandru et que rien ne le relie à la cache d’armes. Policiers et juges se renvoient la balle depuis des mois : les scellés ne contenant finalement pas de sac en plastique, la police modifie sa version après plus de deux mois d’incarcération de Lisandru … Tout le monde sait aujourd’hui qu’une trace ADN peut être transférée volontairement d’un vêtement à n’importe quel objet. Or, la Police avait saisi des sous vêtements et une brosse à dent de Lisandru dès le 5 juillet 2011.
Lisandru n’est pas un voyou : il est étudiant, licencié en histoire, auxiliaire d’éducation dans un collège d’Ajaccio et pompier volontaire. Rien dans sa vie ne permet de dire qu’il béneficie de moyens tirés d’activités illicites. Malgré tout, il est maintenu en détention alors que le Procureur reconnait qu’il a toutes les garanties de représentation. Il crie son innocence depuis le début, reste digne et courageux. Il n’a en rien le profil d’un bandit que policiers et magistrats voudraient lui coller.
Le Comité de Soutien affirme que la Justice connaît son innocence aujourd’hui mais continue de s’acharner. Le dossier circule de la police au juge d’instruction, en juge des libertés et en cour d’appel sans que personne ne prenne la décision pourtant évidente d’une libération. Pourquoi ? Par simple manque de courage d’affronter la réalité d’une erreur judiciaire ? Par soumission collective à l’ordre établi par la police et la justice d’exception que constituent la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) ? Par souhait de déstabilisation politique en Corse où la situation est déjà très tendue ? Par obsession pour une thèse selon laquelle Lisandru serait supposé détenir des informations? Lisandru est puni en l’absence de charges et de jugement, sur un dossier vide. Alors des indices sont fabriqués pour justifier sa détention. Le Comité de soutien affirme qu’il reste déterminé, dans le calme et avec pour seule défense les mots, la solidarité et le combat judiciaire, pour obtenir la libération de Lisandru et dire la vérité sur ce dossier. Les décisions qui s’appliquent à Lisandru sont indignes d’un pays dit démocratique et sont le signe d’une dérive totalitaire. Elles relèvent de l’arbitraire et de l’acharnement , et peuvent chaque jour concerner n’importe quel citoyen. Un nouveau rassemblement de soutien est prévu à Ajaccio le Samedi 10 mars à 10H30 devant la Préfecture.
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