La candidate écologiste à la présidentielle a poursuivi mardi en Corse sa campagne qui menace de se terminer par un score très faible, susceptible de mettre son parti en difficulté pour les législatives.
Partie d’environ 5% en 2011, l’ancienne juge est tombée à 2,5% des intentions de vote dans deux sondages publiés mardi et c’est désormais le spectre des 1,57% réalisés par Dominique Voynet en 2007 qui la guette.
A Ajaccio mardi, elle a soigneusement évité de témoigner toute empathie avec les clandestins corses. Des déclarations favorables à l’amnistie des assassins du préfet de Corse Claude Erignac en 2002 avaient forcé le candidat écologiste d’alors, Alain Lipietz, à jeter l’éponge.
« Le dialogue avec les radicaux est toujours utile », a dit Eva Joly aux journalistes, condamnant toutefois la violence. « Avec les nationalistes modérés, nous avons beaucoup de causes communes comme la défense du littoral et des terres agricoles ou la citoyenneté de résidence », a-t-elle ajouté.
Elle a plaidé pour la reconnaissance des langues régionales par une réforme de la Constitution et proposé de défendre l’autonomie de la Corse au sein de la « VIe République », la réforme des institutions qu’elle défense.
Concernant la criminalité sur l’île, qui a atteint des sommets avec 22 homicides en 2011, l’ancienne magistrate a prôné un développement des moyens financiers : « il faut suivre l’argent et les transactions suspectes ».
Avant un meeting prévu dans la soirée, Eva Joly a réaffirmé ses options nationales. « L’écologie est la solution pour le pouvoir d’achat », a-t-elle dit.
DANGER POUR LES LÉGISLATIVES ?
Elle propose un blocage des loyers pendant trois ans, la construction de 500.000 logements par an et la réhabilitation d’un million d’autres d’ici 2020. Elle doit se rendre à Montpellier mercredi et au Salon de l’Agriculture, avec son porte-parole José Bové, jeudi.
Depuis sa victoire-surprise face à Nicolas Hulot l’été dernier dans la primaire de son parti, Eva Joly a compromis l’issue de sa campagne par plusieurs déclarations contestées au sein même de sa formation, comme la proposition mi-janvier d’instaurer un jour férié pour les juifs et les musulmans.
L’appel au centriste François Bayrou et aux candidats de gauche à un accord de désistement, lors de ses voeux à la presse début janvier, avait aussi fortement troublé.
La semaine dernière, un dérapage verbal a accentué le malaise. Elle a répondu à un journaliste qui sollicitait une réaction sur des attaques de l’ex-ministre de l’Environnement Corinne Lepage : « je l’emmerde ».
Elle a ensuite assumé cette saillie sur I-télé et Europe 1 en déclarant : « on peut me dire que je manque de nuance, mais on ne peut pas dire que je manque de franchise ».
C’est précisément ce qui est parfois reproché à la candidate : avoir conservé la raideur montrée dans ses fonctions de juge qui était alors plutôt vue comme une qualité, mais l’empêcherait aux yeux de ses détracteurs de se glisser dans les habits de la femme politique.
Elle affecte cependant de croire encore en son étoile. « Entourée d’une petite équipe et de beaucoup d’amour, je peux aller au bout du monde (…) je suis heureuse dans cette campagne », a-t-elle dit lundi sur TF1.
Le risque est non seulement financier pour le parti écologiste, qui ne se verrait pas rembourser ses dépenses de campagne en-dessous de 5%, mais aussi politique.
L’accord passé avec le Parti socialiste fin 2011 pour que les écologistes soient candidats uniques dans une soixantaine de circonscriptions, avec en perspective la constitution d’un groupe parlementaire, serait en effet mis en danger si Eva Joly réalisait un score marginal.
Les réticences d’élus socialistes sur cet accord, notamment à Lyon et Paris, pourraient en effet être attisées et susciter des candidatures « dissidentes » d’élus sortants PS, susceptibles de barrer la route aux écologistes. (Roger Nicoli, avec Thierry Lévêque et Chine Labbé, édité par Patrick Vignal)
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