Pour fédérer autour de lui un camp de l’argent et de la peur, Nicolas Sarkozy défendra un programme ayant pour fondement la fin de la cohésion sociale.
En affirmant que « Toutes les civilisations ne se valent pas » le ministre de l’Intérieur provoque un beau tollé. Il y a de quoi ! Il renoue avec le discours des politiciens colonialistes et centralistes de la Troisième République, qui justifiaient la mise sous tutelle et la déculturation des peuples en invoquant l’apport de la civilisation. En Indochine et en Afrique, l’exploitation coloniale se donnait bonne conscience en prétendant faire découvrir et partager le progrès. En Corse et en Bretagne, le centralisme laïcard interdisait la pratique des langues locales et dénigrait la différence culturelle au nom de la pensée des Lumière et de l’élan irréversible du progrès. Faut-il alors taxer Claude Guéant de ringard ? Je ne pense que cela soit pertinent. En opposant les civilisations, il adopte une posture en vogue, depuis le 11 septembre 2001, au sein des droites occidentales. En effet, il reprend la théorie du « Choc des civilisations » qui explique les rapports de force entre les Etats, non plus par des clivages politiques et économique fondés sur des oppositions Impérialisme/Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ou Capitalisme libéral/Socialisme réel, mais par des oppositions d’ordre « civilisationnel » dans lesquelles des substrats religieux ou culturels auraient des influences prépondérantes. Les tenants de cette théorie s’emploient d’ailleurs aussi à l’appliquer aux relations sociales. Ils prétendent que les fractures de la société ont pour facteur clé l’émergence de clivages communautaires et non l’inégalité et la pauvreté.
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