DECLARATION POLITIQUE DE L’UPLG.
La Guadeloupe vit une crise qui s’est accentuée ces dernières années. Une crise économique, politique, sociale et sociétale qui se caractérise entre autres par :
– La liquidation de notre production
– Le net recul de notre agriculture qui ne représente que 10% du PIB
– La dilapidation de notre patrimoine foncier
– Une diminution des terres agricoles, environ 1000ha par an pour une superficie totale restante de 39.000ha
– La menace de disparition de la canne et de la banane
– Les activités de production qui sont de plus en plus menacées au profit des importations massives de produits extérieurs.
– Le surendettement des ménages
– La montée de l’exclusion
– L’accroissement du chômage et en particulier chez les jeunes qui en sont les premières victimes
– Une jeunesse qui ne voit pas de solutions sérieuses pour l’amener à s’investir pleinement dans la société
– Le démantèlement de la famille
– L’échec scolaire et l’illettrisme
– L’augmentation de la précarité et de la pauvreté.
– La tentative de récupération de notre culture tout en la combattant (attaque contre le Créole, diminution du nombre de postes de LCR, suppression du CAPES Créole)
La crise financière Européenne et la crise mondiale ont également des répercussions considérables sur notre pays.
Notre économie reste une économie coloniale. Une économie de dépendance dominée par de grandes entreprises en situation de monopole alors que les entreprises guadeloupéennes sont en situation de concurrence entre elles et ne voient pas de solutions pour se développer.
La Guadeloupe qui est passée d’une société de production à une société de consommation, suivant ainsi le modèle français, s’enfonce dans le non développement. C’est aujourd’hui, un pays qui est en échec économique où la précarité sociale conduit à la violence, aux déviances de toutes sortes.
Les solutions proposées par ceux qui nous gouvernent pour sortir de cette crise sont encore des restrictions et des pertes de revenus pour les classes les plus démunies.
Face à ces difficultés la société guadeloupéenne est en panne de modèle pour s’en sortir.
La famille guadeloupéenne qui était traditionnellement le centre des repères surtout face aux difficultés n’arrive plus à jouer son rôle. Nous devons trouver le sursaut nécessaire pour renouer les liens, lutter contre l’isolement notamment des personnes âgées, l’individualisme et développer les relations intergénérationnelles.
L’UPLG a conscience que le rôle du Politique est de permettre à la famille, par l’organisation générale du pays, de trouver les outils nécessaires à sa mission.
Le rôle de la classe politique
Un des drames de notre pays c’est la persistance d’une classe politique à courte vue, sans ambition pour son peuple. Cette classe politique qui s’est mise en place progressivement après l’abolition de l’esclavage a toujours considéré la Guadeloupe comme étant une partie intégrante de la nation française. Pour elle, la Guadeloupe c’est la France. Depuis toujours, elle a véhiculé l’idéologie assimilationniste qui nie notre culture, notre histoire, nos valeurs et notre existence en tant que nation distincte de toutes les autres.
Aujourd’hui encore en 2012, nous observons le même comportement de cette classe politique qui nous offre comme seule solution pour sortir de la crise, que d’aller voter pour tel ou tel candidat à la présidence de la république française. Pourtant d’autres choix sont possibles.
Nous voyons en effet partout dans le monde les peuples se battre pour leur émancipation, pour exercer le pouvoir dans leur pays.
Nous voyons la Polynésie par le biais de ses élus demander sa réinscription sur la liste des pays à décoloniser, mais aussi réclamer à la France la restitution de l’atoll de Mururoa.
Nous assistons à deux pas de nous, à l’évolution fulgurante de Saint-Barthélemy qui en 2003 était commune de la Guadeloupe et qui est devenue PTOM depuis le 1er janvier 2012.
Cette évolution de Saint-Barthélemy est exemplaire car elle montre que quand l’homme politique a une vision à long terme pour son peuple, quand il veut l’émancipation de son peuple, il se donne les moyens de le faire.
Notre peuple quant à lui cherche depuis 2009 les voies et moyens pour s’opposer aux ravages de l’exploitation capitaliste, de la vie chère, de la domination colonialiste au sein notamment du LKP.
L’apport du LKP est important car il nous montre que lorsque la société civile, le peuple se mobilise pour un objectif commun et collectif, c’est une force non seulement de revendications mais aussi de propositions. Il reste un espace où peuvent s’exprimer les souffrances, les préoccupations de tous ceux qui subissent au quotidien les effets de l’exploitation capitaliste, de la politique coloniale. La mobilisation autour du LKP démontre que notre peuple est dans l’attente d’un guide, d’une voie pour s’en sortir. Aujourd’hui, la population approfondit l’expérience du LKP pour une meilleure maîtrise de son destin.
La création d’un collectif à Marie-Galante pour poser concrètement les problèmes de son existence et de son devenir s’inscrit dans cet « esprit LKP ».
Le LKP nous montre aussi qu’un saut qualitatif doit être fait car les revendications et propositions issues de la rue ne peuvent aboutir qu’avec un Projet Politique global transformant en profondeur notre société tant au niveau de l’économie, de l’éducation, de la formation, de l’environnement, de la culture afin d’offrir à notre jeunesse un pays où leurs talents, leurs espoirs, leurs ambitions peuvent pleinement s’exprimer.
Comme le dit un proverbe Africain « nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».
C’est dans cet esprit que l’UPLG s’inscrit dans une démarche de rassemblement et d’unification avec les forces guadeloupéennes anticolonialistes, anticapitalistes et progressistes par le biais de l’organisation des Assises.
Les Assises : c’est ainsi qu’avec le COPAGUA, le CIPPA, le FKNG et le PCG, malgré nos différences, l’UPLG travaille depuis une année, en s’appuyant sur nos points de convergence, à l’élaboration d’un Projet d’émancipation du peuple guadeloupéen.
Nous avons ensemble la volonté de construire, de bâtir une Nouvelle Guadeloupe, avec toutes les forces vives et de progrès de notre pays.
Il est primordial qu’au-delà des partis, le peuple s’approprie cet espace d’échanges et de propositions que seront les Assises afin d’en faire les seuls et véritables Etats généraux de la Guadeloupe pour aboutir à un Projet émanant réellement du pays.
Comme l’UPLG l’a déclaré lors de son 8ème congrès en décembre 2010, elle utilise et utilisera tous les formes de lutte pour atteindre cet objectif.
Les élections : Les élections sont un des moyens de lutte dans lequel nous nous impliquons et nous nous investirons d’avantage. L’UPLG est de plus en plus convaincue et réaffirme que la Guadeloupe est une nation distincte de la nation française.
Nous ne pouvons pas nous désintéresser de la vie politique française et de ses élections présidentielles. Mais, nous savons que le sort de notre pays se joue ici et maintenant.
En effet, aucune femme, aucun homme politique français qu’il soit de gauche, de droite, du centre, d’extrême droite ou d’extrême gauche n’aidera la Guadeloupe à sortir de la situation difficile dans laquelle elle se trouve.
Dans la situation financière catastrophique de la France, son chef d’état aura d’autres priorités que de résoudre les problèmes spécifiques des guadeloupéens.
Nous devons donc plus que jamais compter sur nos propres forces.
En tant que peuple colonisé, ce n’est pas à nous de choisir les représentants du peuple français.
En conséquence les enjeux qui nous attendent en 2012 sont ceux de la construction, de l’unité, de la cohésion et de la cohérence dans nos actions vers la Responsabilité, la Souveraineté, comme l’appelaient de leurs vœux nos illustres anciens maintenant disparus Michel Numa et Eryck Edinval.
Alòs kon Sony Rupaire té ka di :
« Tan a mitan fini
Alè sé tan a pasé tanmi ! »
Sé pèp doubout ka gangné konba !
An nou maré ren an nou pou bouré GWADLOUP douvan
UPLG – dimanche 29 janvier 2012 – Capesterre Belle-Eau
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