(Unità Naziunale Publié le 9 octobre 2018 à 18h43) Lettre adressée à Madame la Rectrice de l’Académie de Corse :
Depuis la défaite de Ponte Novu, en 1769, la tutelle française a déraciné systématiquement, la langue et la culture corses et a imposé à l’île une francisation forcenée.
Elle sait que la langue est un élément structurant majeur du peuple corse et de la « nation corse » ; par sa politique, tantôt conjoncturelle (la guerre de 14/18 qui a saigné notre jeunesse et vidé nos campagnes), mais aussi le plus souvent réfléchie et organisée. Cette politique a laissé l’île très appauvrie sur ce plan en 1950, comme sur le plan économique d’ailleurs, avec une ruralité en voie de désertification.
La loi Deixonne de 1951 a selon Wikipédia : « Initiée par Maurice Deixonne, la loi autorisa l’enseignement facultatif de certaines langues régionales : le basque, le breton, le catalan et l’occitan. Le corse fut écarté car il était soutenu que c’était un dialecte italien. L’alsacien fut de même non prévu dans ce régime d’autorisation ».
Le prétexte est fumeux et il a fallu des décennies de lutte pour arracher un statut mineur de la langue corse dont chacun sait qu’il est insuffisant.
Cette discrimination n’a pas suffi à l’Etat ; il a par la suite mené une guerre des tranchée pour gagner du temps et faire semblant de progresser ; mais les masques tombent : la discontinuité dans les différents enseignements, l’insuffisance numérique des maîtres, les programmes volontairement mal organisés ont été complétés récemment par la carence concernant l’agrégation de la langue corse.
A telle enseigne qu’on se demande, après 250 ans de colonisation, comment notre peuple a conservé suffisamment de ressources, pour sauver le peuple et la langue corses ?
Macron, avec une régularité de métronome refuse toute avancée politique significative sur le dossier insulaire :
- Inscription retardée dans la Constitution
- Refus de la coofficialité et du statut de résident
- Refus totale de la moindre parcelle d’autonomie réelle
Mais le dossier de la langue corse, nous fournit une illustration parfaite de l’Etat de nous dépouiller de cette composante majeure de notre personnalité.
Nous portons à la connaissance de l’opinion publique et de la diaspora, le scandale d’un dossier initié en 2011 « Tempu di a lettura, âge de lire » ; c’est une attitude dilatoire que l’Etat à refuser de conclure et que l’on pourrait résumer sous le titre « Langue corse, hypocrisie et refus de l’Etat ».
Les corses de l’île et de la diaspora qu’ils soient d’origine ou d’adoption doivent comprendre que seul un engagement organisé et constant aura raison de cet ostracisme.
Nous espérons à travers cette information vous avoir convaincus et nous espérons aussi votre implication dans la défense et la promotion de la langue et de la culture corse.
Voiu ci-dessous la lettre adressée à Madame la Rectrice en date du 04 octobre 2018.
Avec mes sentiments les plus cordiaux.
« Madame la Rectrice,
J’avais sollicité un rendez-vous au mois de juin 2018 et vous m’aviez reçu quelques jours après.
Je vous avais expliqué, de façon complète, documentée et chronologique, la création d’un ouvrage de langue corse intitulé « L’âge de lire » « U tempu di a lettura » dont l’auteur est Paul-Michel Castellani, l’éditeur Alain Royer et moi-même en charge de la communication en tant que Président de Corsica Diaspora.
J’avais adressé, au Recteur Lacombe, un courrier – que vous pourrez consulter, (voir la pièce jointe) -; mais il n’a pas trouvé le temps de me recevoir en deux ans d’exercice de son mandat. Ce courrier lui rappelait pourtant toute la problématique de la démarche. Je ne l’ai pas incriminé ni le mépris, ni le laxisme, car j’avais compris que l’Etat, avec la nouvelle direction de Mr Macron, avait durci son attitude.
Après ma rencontre avec vous, deux mois se sont écoulés, en dépit des relances fréquentes à votre chef de cabinet Mr Nesi ; il ne m’a pas été possible de concrétiser notre dialogue. A ce jour, personne de votre cabinet (ou de vos services) n’a été en capacité de m’expliquer clairement les raisons pour lesquelles ce dossier stagne et n’aboutit pas, ni de façon positive, ni négative.
Or, cette saga dure depuis 2011 et il faudrait une singulière mauvaise foi pour attribuer cette décennie de retard à des causes mineures. Je vous rappelle que l’engagement de l’Etat à travers le Recteur Michel Barat avait été concrétisé par la signature d’une Convention en date du 14 décembre 2012, (Cf en P.J) et en présence de la presse locale (https://www.corsenetinfos.corsica/Une-convention-pour-L-age-de-lire-adapte-en-Corse_a2262.html) ; de plus ce projet a été financé par la Collectivité de Corse qui s’y était engagée.
J’ajouterai que l’éditeur Mr Royer avait fait éditer le livre et le cahier qui l’accompagne à des milliers d’exemplaires.
A part une quelconque explication dilatoire et peu crédible, le fait central demeure : l’Etat a manqué à sa parole, nous créant ainsi un véritable préjudice ainsi qu’à tous les locuteurs et enseignants de la langue Corse et in fine les élèves, sans oublier l’importante demande des Corses de la Diaspora désireux de la sauver et de l’apprendre à leurs enfants et petits-enfants. Il s’agit d’un outil majeur pour apprendre ou améliorer l’usage de la langue en Corse à l’extérieur.
Je ne ferai pas de forcing, je considère donc, que de notre côté, (l’auteur, l’éditeur et Corsica Diaspora), cette carence décennale nous autorise à reprendre notre liberté.
Chacun prendra donc ses responsabilités.
Avec mes sentiments respectueux. »