#Corse – Charles Santoni transféré à Borgo la fin d’un certain ostracisme

Le garde des Sceaux a aussi annoncé aux élus que trois des membres du commando Erignac seront transférés à Borgo au printemps. Un tabou est tombé.

Ils craignaient un voyage sans saveur. Ils ont eu droit à une rencontre salée à point. Le garde des Sceaux Michel Mercier a offert « le pain et le sel » en signe d’alliance aux élus insulaires. A l’issue d’une réunion au ministère de la Justice qui aura duré une heure et demie, Michel Mercier a égrainé ses piquantes annonces à la délégation composée des députés, du député européen, du président de l’assemblée de Corse, du président du conseil exécutif et de tous les présidents de groupes de la CTC.

Quatorze élus s’étaient retrouvés, aux alentours de midi, autour de la table ministérielle pour évoquer, pour la deuxième fois en six mois, le rapprochement dans l’île des prisonniers insulaires incarcérés sur le continent. Comme attendu, les élus ont parlé d’une même voix à un ministre visiblement à « l’écoute » et « prêt à rattraper le retard » selon certains participants.

En présence de Marie-Hélène Debart que l’on présente comme la « Madame Corse du gouvernement » et du préfet Jean-Luc Nevache, le ministre de la Justice a fait tomber un tabou. Il a annoncé le rapprochement de condamnés à de longues peines, notamment de Charles Santoni transféré à Borgo dans les prochaines semaines ainsi de trois membres du commando Erignac (Maranelli, Istria et Ottaviani) qui seront rapprochés à l’issue du procès d’Yvan Colonna, fin mai. On savait que les questions relatives au commando Erignac et à l’affaire Santoni posaient problème dans le cahier des négociations. Hier, le gouvernement a levé le verrou. Les cas d’Alessandri et Ferrandi (membre du commando Erignac) ont aussi été évoqués. Dans cette étude du cas par cas, on a appris que Filippi et Balester, condamnés récemment, pourraient rejoindre l’île prochainement. Pour les prévenus, la Chancellerie a annoncé que neuf places seraient disponibles pour ceux dont l’instruction est terminée. Après avis du magistrat instructeur, Casolasco devrait ainsi faire partie du « wagon des prévenus transférables ».

« La même loi partout »

Tout au long de la réunion, Michel Mercier a martelé qu’il s’agissait d’appliquer la même loi de la République sur l’ensemble du territoire national. « Les prisonniers originaires de Corse obéissent aux mêmes règles que ceux qui sont originaires du Continent. On va traiter tout le monde pareil », a insisté le ministre, refusant de qualifier ces mesures comme emblématiques. « Nous avons décidé d’appliquer les mêmes règles que celles que l’on applique pour tout Français. On peut rapprocher les fins de peine dans un centre de détention qui correspond juridiquement à la situation des condamnés, quel que soit le motif de la condamnation », se borne-t-il à commenter.

Six mois après la première réunion, la Chancellerie réaffirme donc sa volonté de régler le « problème des prisonniers corses ».

Côté matériel, le garde des Sceaux n’a pas évoqué la construction de la prison de Sarrola-Carcopino, il préfère réhabiliter la maison d’arrêt d’Ajaccio. À l’issue des travaux qui débuteront en 2012 pour se terminer en 2015, 44 places seront disponibles à Ajaccio.

L’amorce d’un nouveau cycle ?

A la demande de Dominique Bucchini, le ministre s’est engagé à la transparence sur la mise en oeuvre des mesures. « Je veux que les élus se rendent compte qu’on applique bien la même loi sur tout le territoire », a-t-il indiqué à l’issue de l’entretien. « Je n’ai fait aucune promesse parce que ce n’était pas l’objet de la réunion… J’ai simplement fixé des règles claires ». Des règles qui conviennent aux élus de droite comme de gauche. Camille de Rocca Serra parle « d’évolution considérable » et Paul Giacobbi du droit « enfin applicable en Corse ». De leur côté, les nationalistes modérés restent prudents et Corsica Libara tempère, « il s’agit d’un rattrapage », assure Jean-Guy Talamoni. À moins que cette « amorce de solution » ne soit ce que Jean Biancucci appelle « le déclic » pour engager « un nouveau processus politique ». Autrement dit un Matignon II, version années 2010…

http://www.corsematin.com/article/derniere-minute/charles-santoni-transfere-a-borgo-la-fin-dun-certain-ostracisme.295799.html

DOSSIER CARLU SANTONI

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