CHARLES SANTONI, nationaliste corse et militant depuis l’adolescence, cet homme de 33 ans explique le tragique récit de la violence aveugle que se livraient les mouvances nationalistes au milieu des années quatre-vingt-dix. Une haine qui le mène aujourd’hui devant la cour d’assises spéciale de Paris où il est accusé d’avoir tué un policier du Raid et d’en avoir blessé deux autres, le 16 avril 1996 sur les hauteurs d’Ajaccio, lors d’une fusillade au cours de laquelle l’ami qui l’accompagnait est mort également.
« Je reconnais avoir tiré sur des hommes, pas sur des policiers. » Hier, la première phrase de Santoni à l’adresse de sept magistrats professionnels chargés de le juger résume à elle seule l’enjeu du procès qui se tient cette semaine à Paris. Le nationaliste corse a répété la version qu’il a toujours maintenue pendant l’instruction : il pensait avoir affaire à un traquenard d’une faction opposée qui voulait sa peau, et non pas à des policiers qui lui tendaient une souricière pour l’interpeller.
Et le militant de la Cuncolta de raconter comment, en 1995 et 1996, il avait peur d’être assassiné par ceux du MPA, Mouvement pour l’autodétermination. Plusieurs de ses amis proches avaient déjà été descendus et il avait fini par se calfeutrer chez lui : « La théorie des dominos voulait que ce soit mon tour, a-t-il expliqué aux juges, c’est comme ça en Corse. » Alors, pour ses rares expéditions dehors, il enfilait un gilet pare-balles et se transportait avec une grenade dans son blouson et des armes dans les poches, dont un magnum 757. C’est pourquoi, lorsque ce soir du 16 avril, il sort en voiture avec son ami Jean-Luc Orsoni pour acheter des cigarettes, il repère aussitôt deux hommes dans une voiture garée sur le côté.
Santoni et Orsoni ( dépassent le véhicule et, quelques secondes plus tard, notent que la voiture se met à les suivre. Au moment où ils réalisent que devant eux, une autre auto les bloque, les deux militants croient à un guet-apens nationaliste. « J’ai eu peur de mourir comme un chien, alors j’ai tiré », a raconté Santoni.
« Avez-vous vu des brassards de police ? » demande le président Getti. « Non », répond Santoni. « Des gyrophares ? » « Non plus. » Le commissaire Lambert, chef adjoint du Raid et responsable de l’opération, est ensuite venu témoigner à la barre. « Je peux affirmer que mes policiers étaient des hommes respectueux des procédures, a-t-il affirmé.
Tous avaient des brassards et je suis certain qu’ils avaient posé le gyrophare. » Deux avis opposés que les autres témoins entendus hier n’ont pas permis de départager.
source Le Parisien du 231199
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