(Unità Naziunale publié le 28 septembre 2018) Il est de notre devoir d’informer la population et les élus de toutes les Communes et Collectivités de la Haute Corse, que le fonctionnement du sis 2b est depuis trop longtemps sur une mauvaise pente.
Des années de gestion partisanes et carriéristes ont mis à mal le service incendie et de secours de la Haute Corse.
Le conseil départemental devait constamment en fin d’exercice prévoir des contributions financières supplémentaires pour boucler le budget.
Récemment, les nouveaux élus de la Collectivité De Corse ont du, eux aussi, attribuer une subvention exceptionnelle de 9 millions d’euros qui s’étalera sur 3 ans et sera affectée au budget investissement du SIS. Elle servira surtout à remettre à flot un parc automobile à bout de souffle, rétablir les stocks exsangues en matériels et pallier le défaut de rénovation et d’entretien des casernes. Cette subvention hors norme est une véritable bouée de sauvetage qui a permis d’éviter le pire avec l’effondrement des moyens d’action des personnels ; elle a aussi le mérite de démontrer l’échec des responsables dans ce domaine.
Si, en investissement, le sis 2b entrevoit une sortie de crise, pour autant nous remarquons que depuis trop longtemps des problématiques identiques affectent le budget de fonctionnement du SIS 2b, qui est passé de 24 millions en 2008 à 34 millions en 2018 et inversement durant la même période on constate un affaiblissement de l’action rendue sur le terrain par les sapeurs-pompiers. A ce bilan, il est nécessaire d’ajouter l’augmentation des difficultés organisationnelles et structurelles ainsi qu’une gestion de l’humain se dégradant.
De nombreux agents ont la certitude que l’on a compensé les gabegies financières par une gestion au rabais de la base. Ils se sentent trahis…
Ils refusent de servir plus longtemps de variable d’ajustement financière, avec comme conséquence une réduction importante des dispositifs d’intervention.
Nous affirmons qu’il convient d’agir dès à présent pour arrêter cette baisse progressive des effectifs opérationnels, car elle entraîne de facto des inégalités de distribution des secours entre le rural et l’urbain et indirectement, elle handicape la revitalisation de l’intérieur par la non sécurisation des zones isolées.
On assiste au déclin progressif des personnels affectés aux interventions
L’équipe de direction continue d’affaiblir les dispositifs pompiers présents au quotidien sur le terrain, alors même que depuis des années, des réorganisations structurelles inflationnistes et inadaptées ont contribué à déséquilibrer notre budget. Nous nous référons à l’analyse faite par la cour des comptes qui stipulait dans son rapport en 2011 « le nombre d’officier a connu une croissance significative qui a surtout concerné l’état-major, le SDIS semble désormais s’être fortement écarté des normes réglementaires en termes de pyramidage hiérarchique »
L’Inspection de la Défense et de la Sécurité Civile indiquait en 2015 que « le nombre d’emploi de direction était 2 fois supérieur à celui observé dans les SIS de même catégorie. »
Et pour finir, la CRC dans son dernier rapport de 2018 indiquait que « la dernière réorganisation est restée sans effet sur le niveau des emplois de direction ».
En plus, de 10 ans avec plusieurs millions d’euros en plus, et alors même que le nombre d’interventions augmente (13740 en 2011 à 16364 en 2017), le SIS 2B a soustrait du champ d’action opérationnel les moyens suivants :
- 25 postes de sapeurs-pompiers professionnels non officier en caserne. Le nombre est passé de 185 à moins de 160 pompiers réellement actifs dans les casernes. Sachant que les SPP postées en caserne sont l’engagement de la collectivité à assurer la permanence des secours, en réduisant leur nombre on contribue à déstabiliser l’ensemble du dispositif.
- Des gardes de pompiers volontaires qui servent à renforcer les centres de secours en été afin de faire face à l’augmentation du nombre d’intervention (en particulier sur les missions de secours à personnes). De plusieurs dizaines on est passé à 3 volontaires seulement par jour pour tout le département. Ce qui est largement dérisoire par rapport à la fréquentation estivale. (Le nombre total de pompiers de garde par jour dans les 20 centres du département passe de 124 l’hiver à 127 l’été alors que le nombre d’intervention est en moyenne 50% plus élevé par rapport à l’hiver avec de très forte variabilité ; Calvi, Cervioni, Lisula, San Fiurenzu + de 80%)
Il est à noter que certains centres étant privés des personnels suffisants en été, se retrouvent vite dépassés par des demandes de secours simultanées.
Dans tel cas, des renforts venants d’autres centres sont alors dépêchés laissant les zones d’intervention d’origine de ces renforts sans moyens, et dépendantes d’autres centres plus lointains.
Il s’agit d’une gestion risquée qui, à divers moments place le dispositif en tension maximale, au bord de la rupture et qui augmente les délais d’interventions.
Il arrive même que certaines opérations de secours à personnes dans des endroits fortement défavorisés en personnel soient assurées avec 2 ou 3 pompiers au lieu des 4 initialement prévus créant ainsi une inégalité de traitement.
- Des dispositifs spécifiques pour surveiller et lutter contre les incendies avec des camions placés en alerte tous les jours dans toutes les centres des zones rurales. En 2018 on a observé une gestion millimétrée du risque incendie avec très peu de camions sur le terrain., et pas au quotidien.
- Des gardes de pompiers commandos (personnels spécialisés dans le traitement des feux de forêts qui sont hors de portés des moyens terrestres). On est passé de 32 à 7 pompiers en 2018.
- La location d’un hélicoptère bombardier d’eau. On est passé de 2 à 1.
- La gestion ultra économique du risque feux de forêt est le pari risqué qu’ont choisi le commandement opérationnel, or ils semblent oublier malheureusement de quoi sont capables des feux qui dégénèrent.
Le sis 2b se permet aussi de réaliser d’importantes économies
sur la gestion des agents
- Une baisse spectaculaire des indemnités versées aux sapeurs-pompiers volontaires qui effectuent des gardes de 24 heures Il y a plus de 10 ans, pour une garde de 24 heures un caporal volontaire percevait 109 euros (en équivalent inflation 125 euros actuel) alors qu’en 2018 il ne perçoit plus que 84 euros, soit 3,5 euros par heure.
Une baisse d’indemnité en équivalent inflation de près de 30% par agent.
Les sapeurs-pompiers professionnels continuent d’offrir chacun près de 400 heures de travail supplémentaires par an non rémunérées.
Soit à l’échelle du sis 2b, 64000 heures l’équivalent de 40 emplois non pourvus et donc économisés.
- Le SIS 2B fournissait auparavant à ses agents un habillement plus important qu’aujourd’hui (non content d’avoir supprimé les dotations annuelles et n’assurer qu’au compte-goutte le remplacement des effets usagés, le service ne fournit même plus les chaussettes pour les ranger, ni le cirage.) Sachant que l’économie réalisée devait financer le lavage des vestes et pantalons souillées par les fumées or ce jour cette action n’est toujours pas réalisée et les pompiers sont toujours exposés à des risques supplémentaires de cancer.
- Beaucoup de volontaires ne disposent pas d’équipements de Protection Individuel à titre personnel et doivent se partager des EPI dit collectifs qui sont très peu entretenus par le service
Une économie qui entraîne aussi un soucis d’hygiène et de sécurité
- Les SPP doivent aussi s’acquitter à la place du service du surcoût important qu’occasionne la prise en compte par la mutuelle des risques particuliers qu’engendrent leur métier
Sur une couverture complète qui avoisine 180 euros par mois au bout de 20 ans de carrière. Le service assume seulement 15% de la somme alors que les pompiers de la CCI bénéficient d’une prise en charge totale.
- En cas d’absence pour maladie en plus du jour de carence, les SPP peuvent subir la diminution voire la suppression de certaines primes spécifiques au métier.
Les effets sournois pour la santé engendrée par notre profession (troubles cardiaques troubles physiques et psychologiques etc.……) peuvent être source d’économie pour le sis.
- Les pompiers de garde passent 24 heures en caserne et reçoivent pour se nourrir 5,50 euros par repas.
Les agents assument le surcoût qui reste à charge.
Les agents supportent une politique managériale démotivante
Les SPV se sentent exploités et peu considérés. Ils ont le sentiment d’être utilisés, bon grès, mal grès par les cadres gouvernants uniquement à des fins carriéristes, pour justifier « les galons »
Pourquoi le SIS a fait le choix d’augmenter fortement les effectifs des Sapeurs-Pompiers Volontaires (1100) tous en réduisant fortement leur mobilisation ?
Ils supportent aussi une gestion exécrable, par exemple : on se permet d’annuler leur tour de garde, la veille au soir pour le lendemain en oubliant que pour exercer leur passion certains sacrifient des moments de vie professionnelle ou de famille. Un véritable management type « CAC 40 ».
Du fait de la fragilité de leur statut, la protection sociale et le suivi en cas d’accident sont très insuffisants (les agents avancent des sommes parfois importantes pour les soins qu’ils peinent par la suite à se faire rembourser) À ce titre le STC tient à souligner, l’action efficace de l’association « Union Départemental des Sapeurs-Pompiers du 2B » pour l’accompagnement et le soutien qu’elle porte aux agents victimes d’accident de service ou de maladie.
Les pompiers professionnels de terrain malgré un fort investissement se sentent totalement délaissés. Ils souhaiteraient une meilleure reconnaissance du caractère dangereux et insalubre de leur métier ; afin qu’en cas de perte de l’opérationnalité totale ou partielle, les agents se sentent réellement soutenus par leur administration. Des agents se voient refuser l’accès à des responsabilités malgré des compétences reconnues. De même le manque d’anticipation suite à une réforme nationale va obliger des pompiers à régresser dans leur carrière.
Les personnels administratifs et techniques ont du mal à exister tant la prépondérance et la condescendance de certains responsables pompiers est pesante. Une partie d’entre eux se sentent exploités et non reconnus. Certains effectuent des taches ne correspondant pas à leur grade et engagent parfois, leur responsabilité personnelle sans pour autant être reconnue. D’autres se heurtent à une impossibilité d’évolution de carrière et sont condamnés à rester sur le poste du fait de leur expertise et technicité. Il est à constater aussi que le service de santé et de secours médical, est en proie à un désordre fonctionnel, qui se répercute sur le fonctionnement général.
« Sans chef d’orchestre tout le monde a tendance à jouer sa propre partition »
Nous affirmons notre détermination à accompagner toute action visant à remettre sur les bons rails, le fonctionnement de notre structure et permettre à l’autorité administrative gérée par le conseil d’administration et son président de retrouver la totalité de son pouvoir de gestion et ne plus subir ainsi les influences partisanes de l’équipe de direction comme ce fut trop souvent le cas dans le passé.
Par conséquent nous appuierons toutes les démarches qui permettront :
- De disséquer le budget pour comprendre comment se réalise la déperdition importante que nous subissons sur le terrain.
- De corriger le dysfonctionnent et mettre fin aux dérives autocratiques et hégémoniques.
- De fixer de nouvelles orientations qui concourent à défendre l’intérêt collectif de notre peuple par le rétablissement du niveau des moyens de secours mis à sa disposition.
- De considérer que les pompiers corses sont souvent les derniers repères accessibles du service public dans le rural et les porteurs de valeurs d’entraide et de solidarité et qu’à ce titre ils doivent faire l’objet de mesures visant à renforcer le rôle de lien social qu’ils assument dans de nombreuses zones défavorisées.
- D’initier une dynamique visant à donner à ce pays le service régional de secours auquel il a droit car durant 17 ans les responsables pompiers ont érigé deux services totalement incompatibles. A l’heure actuelle, pour un même métier et sur un même et petit territoire, une véritable prouesse !
- De recruter un directeur au SIS 2B qui mettra en œuvre les orientations fixées par l’autorité administrative (sans chef d’orchestre tout le monde a tendance à jouer sa propre partition).
Face au recul que nous avons subi ces dernières années,
Il est devenu indispensable d’ouvrir des négociations
- Pour obtenir le renouvellement des effectifs professionnels manquants en se basant sur les personnels actifs ou non actifs.
- Maintenir les effectifs sapeurs-pompiers volontaires prévus en garde et stabiliser le potentiel journalier humain consacré aux secours.
- Pour doter tous les sapeurs-pompiers volontaires d’équipements de protection individuelle à titre personnel, et leur garantir ainsi l’accès à une sécurité et une hygiène optimale.
- Pour établir un nouveau Schéma départemental d’Analyse et de Couverture des Risques visant à fixer un dimensionnement des secours adapté à la situation et aux enjeux sociétaux de la Corse.
- Pour rétablir une dynamique managériale positive en créant des groupes de travail pour améliorer le fonctionnement et résoudre les problèmes des 3 catégories de personnels.
Dans une Corse désireuse de reconquête, la nécessité de rétablir un fonctionnement efficace et rationnel au sein du sis 2b devient un enjeu politique majeur, car un travail colossal nous attend pour aboutir à un service régional d’incendie et de secours corse. Nous serons le rappeler bientôt avec le bureau national STC des sapeurs-pompiers de Corse.
STC Sezzione SIS2b