Le 12 septembre 2018 à peu près : il éclate une polémique sur l’usage du corse en classe sur les réseaux sociaux. Une professeure de français a refusé à un élève de répondre « Sò quì« . Une affaire qui depuis agite la cité scolaire du Fium’orbu, internet et la classe politique. Affaire qui aurait pu rester interne…
Le lendemain des banderoles « Lingua Viva, Lingua Corsa » ont été apposées sur les grilles du lycée.
Le vendredi 14 septembre 2018 : Joseph Colombani, président de la Chambre d’Agriculture de Corse et militant de Corsica Libera, s’est introduit dans l’établissement pour rencontrer la direction afin d’obtenir des explications sur cette affaire. Joseph Colombani : « Je suis venu dire mon mécontentement en tant que parent d’élève du lycée et la proviseure m’a mis dehors ! Je lui ai dit que je ne sortirais pas et qu’elle n’avait qu’à appeler les gendarmes «
Le 17 septembre 2018 : Corsica Libera exige de l’administration française le départ d’une enseignante « française« . (Qui s’avère être corse au final)
Le 18 septembre 2018 : Core In Fronte communique
Le 19 septembre 2018 : Le Collectif Parlemu Corsu communique
Le Jeudi 20 septembre 2018 :La rectrice porte plainte contre trois personnes, dont Joseph Colombani.
Le rectorat : « Après le grave incident survenu vendredi dernier au lycée du Fium’Orbu visant la chef d’établissement, le rectorat a été amené à déposer plainte pour faits d’intimidation. Il n’a jamais été question de mettre en cause le développement et la promotion de la langue et de la culture corses que l’académie encourage et soutient. L’Ecole de la République défendra toujours avec force le respect des personnels qui la servent quotidiennement. »
Le Jeudi 20 septembre 2018 : Corsica Libera prend position pour son militant
#Corse @Corsica_Libera « Iè, simu quì è ùn ci ne cacerete micca »
Le jeudi 20 septembre 2018 : Depuis l’incident en classe, les manifestations s’enchaînent dans l’établissement et devant l’établissement. Aujourd’hui les élèves ont occupé le rond point de Migliacciaru. Porteurs de bandere et de banderoles Scola bislingua ou Semu qui, les lycéens ont interpellé les automobilistes.
Le vendredi 21 septembre 2018 : le père de l’adolescent livre sa réflexion sur la place de la langue corse dans la société sur Alta Frequenza. Dans le même temps, le Lycée du Fium’orbu a été bloqué ce matin. Certains parents et élèves protestaient contre la plainte déposée par le rectorat. Banderoles : « Lingua Corsa, lingua Nostra » ou « Soutien à Joseph Colombani ».
Le Vendredi 21 septembre 2018 : L’Associu Patriotti apporte son soutien aux jeunes corses mobilisés dans l’Affaire Sò Quì.
Patriotti dénonce la « fin de non-recevoir » de Mme la Préfète de #Corse
Le Vendredi 21 septembre 2018 : François Martinetti, professeur d’Histoire-Géographie publie sur son compte Facebook l’analyse suivante :
Après une semaine et demi, d’affaire sò quì au lycée du Fium’Orbu que reste-t-il ?
N’ayant pas voulu m’exprimer en espérant que l’affaire se tasse et se règle en interne, tout en connaissant le professionnalisme sans faille du professeur en question et ayant eu l’élève en question, élève dynamique en 3e bilingue avec qui on peut bien travailler.
Je me sens obligé maintenant de donner mon point de vue vu que c’est devenu une affaire d’État.
Sans développer sur le fond de l’affaire qui en soit peut relever de 2 logiques :
– Celle de l’autorité du prof qui veut s’affirmer en debut d’année et qui a en même temps la liberté de mener le cours comme il le souhaite.
– La volonté d’un élève sortant d’un cycle bilingue et continuant de répondre sò qui à l’appel, mais qui se sent ostrasisé après 2/3 refus.
Je suis effaré par l’ampleur pris par cet événement qui aurait du se contenter de rester dans l’enceinte du lycée avec une discussion entre les principaux intéressés voire même un débat éventuel sur le bilinguisme au lycée auquel j’aurai participé volontiers étant un acteur actif du cycle bilingue au collège.
D’abord on lynche le professeur corse en question de manière ignoble sur les réseaux sociaux, puis on politise l’affaire, on lui dit de démissionner et de s’en aller de la Corse. Enfin on s’enflamme et on prend à parti le proviseur qui est « un vil serviteur de l’Etat » où on met à l’index une communauté éducative monolithique qui defend l’indéfendable par corporatisme si on suit certains communiqués politiques (et dieu sait que les avis des profs de la cite scolaire sont divergents sur la question et qu’on a beaucoup débattu entre nous).
Enfin bref, un professeur anéanti, une communauté éducative divisée, une meute de loups aveugles sur les réseaux sociaux, et des symboles toujours des symboles…
A lingua deve piantà d’esse un simbulu, mà u puntellu maiò di a Corsica d’Oghje è di Dumane.
Ma un si pò micca custruì una suceta viva senza rispettu di l’altru, incù isse attitudine custi. Ùn si po micca piglià a lingua per uppone e ghjente, per affirmà un razzismu primariu contru à i francesi o l’arabi o ancu corsi francisati.
Sò qui di sicuru, ma sò qui dinù cù issa ghjente chi travaglia in u so rughjone, chi face l’educazione di i nostri zitelli, sò qui per ramintà chi a nostra Corsica si farà in u dialogu, di manera pacifica, è senza isse viulenze verbale, chi crucificheghjanu Corsi o d’altri annantu à l’altare di un naziunalismu strema.
Et cela fait écho au cuntrastu sur Via Stella, de l’autre soir se terminant par un débat de haute volée entre entre Gilles Simeoni et Marc Biancarelli, celui-ci interpellait le président de l’exécutif sur la prédominance des symboles et du trop de symboles. Gilles Simeoni répondait « nous avons besoin du symbole pour forger notre cohesion. Doit-elle, cette cohésion, passer uniqument par le symbole, non ». Dans cette affaire et sutout dans les conséquences de celle-ci, tout n’est que symboles : l’image du prof du début XX°siècle tapant sur le doigt de l’élève, le proviseur et la communauté éducative suppôts de l’Etat colonial français voulant formater les élèves en de bons petits citoyens français, un « sò qui » comme signe de résistance face à l’ordre établi. Basta, arrêtons d’être des caricatures de nous mêmes, arrêtons d’être une espece en voie de folkorisation, arrêtons avec cette culture de l’injustice engendrant des communiqués et des contre communiqués à n’en plus finir et opposant les bons corses et les mauvais corses, ou les corses et les autres.
Construisons, améliorons, innovons, dans le respect de la diversité de tous, mais en affirmant notre identité qui doit être méditerranéenne et moderne et non figée dans des postures anti-tout qui ne font rien avancer ou dans une Histoire très largement idéalisée.
Femu issa suceta bislingua, parlemu corsu, essayons de convaincre les réfractaires, ferraillons avec le rectorat pour de bonnes raisons (avoir plus de moyens ou de profs habilités, un vrai plan de formation des habilités ou ouvrir des filières bilingues) arrêtons avec le sectarisme clanique qui nous ruine, encourageons les initiatives positives (je pense à Pratica Lingua ou Soffiu di Lingua, au boulot des professeurs des écoles ou de certains professeurs de collège, d’acteurs culturels et j’en oublie…) à toutes échelles, au lieu de nous morfondre sur une identité corse figée.
J’espère que l’affaire va s’apaiser, l’école doit rester un espace de dialogue et d’apaisement, que chacun retrouve un peu de mesure, et nous pourrons repartir dans notre mission qui est d’éduquer nos enfants et adolescents à devenir des citoyens libres, et non de les endoctriner comme le pense certains.
Le vendredi 21 septembre 2018 : Le SGEN CFDT communique
Le vendredi 21 septembre 2018 : L’incident est suivi de près par l’Assemblée de Corse et par son Président, Jean-Guy Talamoni :
Sur l’incident du Fium’Orbu, évoqué par Jean-Martin Mondoloni devant l’Assemblea di Corsica, j’ai rendu compte de mes démarches :
Alors que l’accord des deux personnes concernées était acquis pour une rencontre apaisée, j’ai appelé le rectorat pour qu’il ne compromette pas cet apaisement par le dépôt d’une plainte. Ce dernier a toutefois jugé bon de déposer cette plainte, ce que j’ai appris par la presse, puis m’a adressé un courriel dans lequel il me signifiait que, désormais, il appartenait à la justice de traiter la question. Une attitude irresponsable de l’administration d’Etat qui instrumentalise l’incident et fait accroître les tensions.
Le 21 septembre 2018 : L’APC Fium’Orbu appelle à un rassemblement
Le samedi 22 septembre 2018 – Corsica Libera communique de nouveau sur la situation, alors que Corse Matin publie un article du prequel de l’affaire. (Corse Matin)
Le 22 septembre 2018 : l’affaire du « Sò quì », qui agite depuis une dizaine de jours la cité scolaire du Fium’Orbu s’est invitée ce matin à la table du conseil communautaire. Xavier Luciani qui a souhaité que les élus tentent de jouer les médiateurs. » Depuis le début de cette affaire, la communauté éducative a tout fait pour essayer de calmer les choses en interne. Les réseaux sociaux ont fait le reste, ont-ils notamment regretté en substance. Aujourd’hui, si nous pouvons faire quelque chose pour que la situation s’apaise, nous devons essayer. »
Le 22 septembre 2018 : Dans un communiqué publié en partie sur Corse Matin, La Rectrice du Rectorat Julie Benetti dément un accord entre les parties concernées « Un temps de conciliation préalable a donc été laissé à l’initiative du rectorat, sans succès. Je suis pour le moins surprise dans ces conditions de certaines déclarations laissant croire qu’un accord avait été obtenu entre les deux parties »
Le 23 septembre 2018 :
Suite au communiqué de la rectrice qui semble le contester, je confirme que la proviseure et Joseph Colombani avaient donné leur accord de principe pour une rencontre d’apaisement. Malgré sa plainte à contre-temps, nous poursuivons nos efforts pour faire baisser les tensions.
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) September 23, 2018
Le Lundi 24 septembre 2018 : L’APC Fium’orbu organise un rassemblement devant la cité scolaire du Fium’Orbu. Pas question de bloquer l’accès, mais la volonté de se faire entendre. L’objectif est de réclamer une sortie de crise et une rencontre avec la direction du lycée et le rectorat. Une réunion pourrait avoir lieu ce soir en présence du président de l’assemblée de Corse et des membres de l’Exécutif. A Ghjuventù Indipendentista réagit dans le lien suivant :
Le Lundi 24 septembre 2018 : Nouvelle réaction publié sur les réseaux sociaux
Le 25 septembre 2018 : Corse Matin publie la version des faits de Joseph Colombani (Corse Matin) et la mise au point de la rectrice (corse matin), l’apaisement se trouve en ligne de mire…
To be continued…
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