(Unità Naziunale – 15 janvier 2018 – 11h00) Telle l’Inquisition imposant à Galilée de renier l’évidence scientifique : à savoir que la Terre tourne sur elle-même et autour du Soleil, le Gouvernement français voudrait nous faire renier ce que nous sommes : un peuple ! La Ministre Mme Gourault peut dire encore et toujours qu’il n’y a pas de peuple corse, ‘‘Pourtant, il existe’’ !
Le peuple corse existe !
N’en déplaise aux jacobins et à Madame la Ministre Gourault, il existe, dans les faits, un peuple corse. Tout d’abord, prenons la définition du Larousse. ‘‘Peuple (n.m) : ensemble de personnes vivant en société sur un même territoire et unies par des liens culturels, des institutions politiques.’’. Le Larousse propose d’ailleurs une autre définition ‘‘communauté de gens unis par leur origine, leur mode de vie, leur langue ou leur culture’’. Qui pourrait raisonnablement et honnêtement dire que ces définitions ne siéent pas au peuple corse ?
Ensuite, les représentants légitimes du peuple corse ont (il y a 30 ans déjà !) adopté une motion ‘‘affirmant l’existence d’une communauté historique et culturelle vivante regroupant les Corses d’origine et les Corses d’adoption : le peuple corse’’. Qui pourrait raisonnablement et honnêtement dire que cette motion votée (44 pour, 10 contre (dont Paul Giacobbi !), 1 abstention et 6 non participations) à une époque où les nationalistes étaient ultra-minoritaires en sièges (6 sur 61 !) n’a aucun fondement ?
En 1988, l’Assemblée de Corse était aux mains de la droite ! Et 25 ans plus tard, c’est un Exécutif de gauche (mandature Giacobbi) qui fait adopter le PADDUC avec la motion de peuple corse, la co-officialité, le statut de résident…
Bref, l’idée qu’il existe un peuple corse n’est pas une idée nationaliste mais bel et bien une idée largement répandue. Cependant, seuls les nationalistes portent à bout de bras la revendication de la reconnaissance de notre peuple et c’est, entre autre, pour cela qu’ils sont aux responsabilités aujourd’hui.
D’ailleurs, et c’est l’ultime argument, comment pourrait-on imaginer qu’un peuple qui n’existerait pas donne une majorité absolue de sièges et de voix à une liste, Pè a Corsica, dont la première revendication est la reconnaissance du peuple corse ?
Bref, linguistiquement, sociologiquement et politiquement parlant, le peuple corse existe. Et le fait que la Constitution française ne le reconnaisse pas ne change rien à l’affaire, il existe !
‘‘Changer la Constitution’’
Au sortir des élections de décembre dernier, Gilles Simeoni, réélu à la tête du Gouvernement de l’île, le 2 janvier dernier, déclarait, à juste titre, que ‘‘lorsqu’une Constitution ne permet pas de reconnaître un peuple, il faut changer la Constitution et non pas faire disparaître ce peuple.’’
En effet, la démonstration ayant été faite que le peuple corse existe, le seul et unique verrou, de taille j’en conviens, reste et demeure la Constitution française. Alors, reprenons notre Larousse et ouvrons-le à‘‘Constitution (n.f) : forme de gouvernement d’un État, d’un régime (républicain/monarchique)’’. Le dictionnaire donne aussi ‘‘loi fondamentale, ensemble des lois fondamentales qui, dans un pays, règlent l’organisation et les rapports des pouvoirs publics et, éventuellement, déterminent les principes qui régissent les relations des gouvernants et des gouvernés.’’. Bref, il n’est nullement écrit qu’il ne peut pas y avoir plusieurs peuples dans un seul et unique État.
Les lois, fussent-elle fondamentales, ont toujours été, sont et seront toujours ce que les peuples veulent en faire. Ce qui est inenvisageable ce n’est pas que le corse soit co-officiel ou que le peuple corse soit reconnu, non, ce qui est inenvisageable c’est que la démocratie ne soit pas respectée. Et le peuple (démos) corse a parlé et il a parlé clairement. Il existe un peuple corse n’en déplaise à Paris.
Désormais, la balle est dans le camp du Gouvernement français. Celui-ci a deux options devant lui : Se borner à dire, à l’instar de l’Inquisition, que le peuple corse n’existe pas et que la langue de la France est (uniquement) le français malgré les faits ou bien reconnaître l’évidence : il existe un peuple corse qui désire avoir les moyens de s’émanciper (autonomie de plein droit et de plein exercice).
Espérons que Paris aura la sagesse de choisir la seconde option ! Mais si le Gouvernement français choisissait la première, le peuple corse, tout comme Galilée, serait peut-être contraint de plier devant la puissance de la Constitution mais il dirait encore et toujours, ‘‘Et pourtant, il existe !’’. Et, comme pour notre mathématicien florentin, un jour, n’en doutons pas, l’Histoire lui donnera raison !
Vice-Président de l’Alliance Libre européenne jeune