(Unità Naziunale – 4 janvier 2018 – 12h30) Macron a dit qu’il était contre les nationalismes ; ce point de vue personnel est respectable.
Mais la France est-elle un pays nationaliste ?
Son histoire intérieure,- avec Louis 14, Napoléon, De Gaulle- et coloniale, ses symboles, son autoglorification permanente, sa revendication de l’excellence dans de nombreux domaines ( fille ainée de l’Eglise, mère des Droits de l’homme, culture exceptionnelle, terre de la Révolution française et de la démocratie,) démontrent le chauvinisme et incitent à répondre par l’affirmative.
Les vœux du Président de la RF pour 2018 sont à connotation nationaliste forte : l’intelligence française est sublimée;
« la France est une grande Nation, un Pays fort, à vocation universelle ».
Je pense que la France, archétype de l’Etat-Nation, est totalement hostile à une véritable Europe politique, à une Europe fédérale qui impliquerait la cession de parts de souveraineté ; elle veut une Europe, resserrée, sous domination et directoire franco-germaniques, l’Allemagne continuant à payer le poids politique des crimes nazis qui la confinent dans un rôle politique mineur, en dépit de sa suprématie économique.
La France de Macron souhaite, pour le monde, des Pays forts militairement, développés, soudés par un développement économique soutenu avec souvent des recettes ultra-libérales et même dirigistes et des pactes sur la sécurité, sans aucun souci de la dimension sociale et humaniste. C’est une politique désincarnée, des grands groupes, des cartels, des rapports de forces dans lesquels les hommes, les salariés, les entreprises, les cultures, les Pays moyens et petits sont de simples variables d’ajustement ; elle s’accommode très bien des nationalismes américain, soviétique, britannique, chinois, iranien, turc, espagnol…. C’est un hommage organisé, pesant, une révérence à la France de l’argent, de la technostructure, de la force, du marketing.
La France ne supporte pas les micro-nationalismes, des nations, et des petits peuples – sans volonté de domination de quiconque et attachés à la démocratie-, qui sont des formes et des exigences de légitime défense, de survie des identités, méprisées parce que hostiles à la perte de liberté, à la colonisation, à une uniformisation sans âme, aux diktats de la force et de la finance. Les Basques, Catalans, Écossais, Gallois, Corses, les Berbères, les Irlandais, les Kanakes…. ne menacent et n’agressent personne ; ils ont le droit imprescriptible à la liberté, au développement économique et culturel, au choix de leur destin collectif.
Leur volonté et leurs actions s’inscrivent dans l’Union européenne ou dans sa philosophie, la Méditerranée, le monde, par la coopération, la fraternité, la solidarité.
La Corse qui renait a du souci à se faire actuellement. Mais, elle a survécu à toutes les tentatives séculaires de domination ; elle a lutté et les a mises en échec. Seuls la lucidité, la volonté, la mesure, la recherche permanente du dialogue généralisé et ouvert, le refus de la violence, lui permettront d’avancer sur la voie de l’émancipation, du progrès économique et social, de la démocratie et de l’humanisme, de la paix.
« Macron hè per passà. A Corsica, ella, firmarà é sarà libara, dumane, cume l’altri populi sottumessi »
(« Macron est de passage ; la Corse, elle, demeurera et sera libre, demain, comme les autres peuples soumis »)
Dr Edimondu Simeoni
Ajaccio le 3 Janvier 2018