(Unità Naziunale – 15 décembre 2017 – 7h00) Le dialogue de sourds entre Paris et Ajaccio n’a rien de nouveau pour les Corses.
Le malentendu date de l’origine. « On » ne savait pas trop quoi faire d’une île dont Paris ne se souvenait même pas vraiment ce qui était venu faire l’armée des mercenaires royaux.
Ce furent 100 ans d’exécutions sommaires pour apprendre à ces sauvages de quel bois se chauffait le Roi de France, de déclarations sentencieuses et de morale plus ou moins chrétienne. Puis vinrent les idéalistes de la IIIème République qui voulurent nous couvrir de leur bienfaits. Comme jadis la Controverse de Valladolid le fit pour les Indiens, les nouveaux dirigeants parisiens décidèrent que nous avions une âme ; ces gens, pour la plupart libres-penseurs, nous acceptèrent parce que chrétiens et blancs.
Partis pour convertir le monde aux délices du colonialisme à la française, nos névrosés du positivisme oublièrent dans leur fièvre missionnaire que la géographie avait des règles que même Dieu ne pouvait méconnaître.
C’est ainsi que la Corse devint un « machin ».
Remisé en bas à droite des cartes de géographie,elle eut tous les inconvénients de l’insularité sans en avoir le moindre avantage . Ni Dom-Tom, ni vrai département, ni région véritable, la Corse était l’OVNI constitutionnel qu’elle est encore en 2017. Ce statut faisait l’objet de toilettages aussi sporadiques que vains puisqu’ils n’étaient destinés qu’à ménager les intérêts électoraux de nos dynasties picrocholines… Cet archaïsme politique soigneusement entretenu induisait un déshérence économique que seule masquait une émigration massive .
Par a Corsica francesa, Cristu s’era fermatu a Marseglia !
Les Corses se retrouvent dans la même situation, par rapport à Paris, qu’avant Aleria. Ils considèrent avec effarement cette France autiste qui essaie de persuader le monde et elle-même de sa grandeur désormais perdue . Ils parlent de politique, Paris répond règlement. Par les urnes ils parlent clairement à la France et c’est le ministre de la police qui leur répond lourdement des tartes à la crème pour flatter son hémicycle.
Et ce n’est pas le CV de la nouvelle Madame Corse qui va les rassurer !
Mais ce que craignent le plus les Corses, au-delà de l’aspect dramatique de cette situation d’incommunicabilité, c’est de découvrir qu’il ne s’agit pas seulement de l’expression du mépris vindicatif du colonisateur pour le colonisé, mais aussi de l’ignorance épaisse d’un problème qui concerne l’Europe dans sa totalité.
Ghjacumu faggianelli