Image peu ordinaire au fronton d’Azpeitia (Gipuzkoa) dimanche avec la présence pour une conférence de presse de 400 anciens prisonniers et exilés basques de différentes générations. Leur objectif : soutenir l’action du Collectif des prisonniers et prisonnières politiques basques (CPPPB, dont le sigle en basque est EPPK). Collectif qui dans un communiqué rendu public la veille avait annoncé que chacun de ses membres allait demander son rapprochement au Pays Basque dans les prochains jours.
Parmi les 400 personnes présentes, d’anciens prisonniers d’ETA mais aussi des gens incarcérés pour leur appartenance à des mouvements sociaux et politiques. En leur nom, Begoña Uzkudun et Jose Antonio Torre Altonaga ont demandé l’amnistie pour les prisonniers et exilés. Pour eux, il faut dépasser l’étape de “la répression et de la souffrance”, ce qui signifie “le retour à la maison de tous les prisonniers et fugitifs”, précisant : “C’est ce que nous appelons amnistie”. Uzkudun et Altonaga ont affirmé que ces dernières décennies, toutes les générations avaient “souffert la réalité de la prison et de l’exil” et que “plus de 10 000 personnes” ont été incarcérées “pour des raisons politiques”. Ils ont également insisté sur leur engagement en faveur d’“une solution démocratique” au conflit. Lors de cette conférence de presse, ils ont également apporté leur soutien aux démarches entamées par les 616 prisonniers et prisonnières du collectif EPPK. Celui-ci, après avoir fait savoir il y a quelques semaines que ses membres libérables ou atteint de maladies graves allaient demander leur libération, vient d’annoncer qu’ils allaient demander leur rapprochement au Pays Basque.
Dans un communiqué publié samedi par les quotidiens Gara et Berria, EPPK a estimé que la dispersion suppose “une attaque que les agents favorables à la résolution démocratique ne pouvons admettre. Les Etats n’ont d’autre choix que de répondre positivement, sans attendre” à la demande de rapprochement. “Ils ont en face tout un peuple, même ceux qui jusqu’à aujourd’hui ont défendu et accepté la cruauté de la politique pénitentiaire. En finir avec [la dispersion] est un exercice démocratique urgent. Il est temps de prendre des décisions courageuses et démocratiques. La feuille de route de la résolution l’exige”.
Pour le collectif, “après un quart de siècle, maintenir la dispersion équivaut à prolonger le chantage politique” et à “faire un croche-pied au processus politique”. Mais si la fin de l’éloignement et de la dispersion est réclamée en raison de ce que cela suppose pour les familles, pour le collectif, le regroupement permettrait aussi de participer de manière “active et positive au processus politique”. Le collectif réclame également la “libération immédiate” des prisonniers malades, de ceux qui sont libérables en conditionnelle et de ceux qui ont “vu s’allonger considérablement leur peine au travers d’une condamnation à perpétuité de fait”.
Enfin, EPPK annonce également avoir lancé un débat pour “actualiser” sa ligne quant aux ajustements tactiques à faire “sur le chemin de l’amnistie et de l’autodétermination”.
Des prisonniers “normaux”
Réagissant à cette annonce de demande de rapprochement des prisonniers, le délégué du gouvernement espagnol dans la Communauté autonome basque (Cab), Mikel Cabieces, dans un entretien à Radio Euskadi, a estimé logique que l’on doive “leur appliquer la loi comme aux autres détenus”. Pour lui, les prisonniers ne sont, à la suite de l’arrêt des activités armées d’ETA, “plus des prisonniers d’ETA. Ce sont des prisonniers, entre guillemets, normaux”. De même, le conseiller à l’Intérieur de la Cab, Rodolfo Ares, a affirmé que le gouvernement de Gasteiz défendra une politique “dynamique et flexible” dans les “marges autorisées par la loi”, et plaidera pour un rapprochement et la libération de ceux atteints de maladies irréversibles ou d’âge avancé. Il a cependant exclu toute mesure collective.
Manifestation “colossale”
Le collectif des prisonniers comme les participants à la conférence de presse d’Azpeitia en ont appelé à la mobilisation de la société basque pour en finir avec l’éloignement et la dispersion et défendre les droits des prisonniers. Ils ont fait clairement référence à la manifestation organisée à Bilbo le 7 janvier par la plate-forme Egin Dezagun Bidea. Cette manifestation, que les organisateurs annoncent déjà comme “colossale”, s’annonce effectivement comme l’une des plus massives de ces dernières décennies avec celle ayant eu lieu sur le même thème en 1998 lors de la période dite de Lizarra-Garazi. Pour l’occasion, des autobus partiront du Pays Basque Nord. Les inscriptions se font dans les bars Txoko Ona (Ascain), Kalostrape (Bayonne), Kanttu (Hendaye), Kalaka (Saint-Jean-Pied-de-Port), Tana (Ciboure), Ttiritta (Ustaritz) et Zinka (Mauléon). On peut aussi envoyer un courriel à l’adresse : ieh7preso@gmail.com en laissant un contact et indiquant le lieu de départ et l’heure de retour souhaités. En effet, deux horaires de retour sont proposés, l’un à l’issue de la manifestation et l’autre plus tard dans la soirée.
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