(Unità Naziunale Publié le 12 septembre 2018) Corsica Libera tenait ce matin sa conférence de presse de rentrée à Aiacciu au café Napoléon.
Dimanche, Corsica Libera avait réuni en séminaire l’ensemble de son Scagnu Naziunale ainsi que les élus du groupe Corsica Libera à l’Assemblée de Corse.
Corsica Libera se fait force de propositions :
– Face à la position de fermeture de Paris, aux difficultés et enjeux de la situation actuelle, renforcement de l’union Pè a Corsica à travers une proposition de structuration.
– Réaffirmation et mise en application des accords passés entre les deux composantes de la majorité.
– Contribution de Corsica Libera au projet de société « Un paese da fà » dont les orientations ont été validées par une majorité absolue de Corses en décembre 2017.
Cette conférence de presse de rentrée a pour objet de faire le point sur les Ghjurnate 2018 et de lancer nos éléments de prospectives pour les mois à venir.
Au début du mois d’août, les Ghjurnate 2018, 37emes du nom, ont été une fois de plus un grand succès tant au plan de l’afflux de militants venus de tous les espaces du nationalisme corse, que dans la fidélité des luttes jumelles qui nous accompagnent depuis des décennies. Que ce soient la lutte du peuple basque, celle du peuple irlandais, celle du peuple Kanak dont nous sommes solidaires pour le prochain référendum, celle du peuple Maori, celle du peuple sarde ou celle du peuple catalan dont nous saluons, à travers le discours de Carles Puigdemont, l’attachement à l’indépendance nationale. Elles démontrent que le combat que nous portons pour la souveraineté, la justice et la démocratie occupe une place centrale dans le débat politique, singulièrement dans une Europe en crise aujourd’hui enfermée dans une alternative néfaste entre le tout-marché qui exploite les peuples et les partis populistes qui exploitent les peurs.
Pour autant, plutôt que le message d’espoir porté d’une même voix par le Président catalan Puigdemont, depuis son exil bruxellois, Arnaldo Otegi, emprisonné 7 années durant pour avoir construit la paix en Pays Basque et les représentants de Corsica Libera, d’aucuns ont préféré retenir de ces Ghjurnate un prétendu incident. Nous avons eu l’occasion, en temps et heure, de faire connaître notre position sur le sujet. Aujourd’hui, loin des épiphénomènes, Corsica Libera entend donner sa vision stratégique sur l’évolution de la démarche portée par le mouvement national, en charge de gouverner la Corse depuis désormais plus de deux ans.
Corsica Libera se situe résolument dans la continuité des accords de Corti, passés solennellement sur le Parvis de l’Università di Corsica, et dans le fil du ghjuramentu fait par l’ensemble des élus nationalistes à l’Assemblée de Corse. Nous restons plus que jamais fidèles aux engagements pris et qui nous lient pour les dix années à venir.
En conséquence, Corsica Libera propose à notre partenaire Femu a Corsica, et aux milliers de Corses se reconnaissant dans la démarche, de structurer provisoirement, à partir des deux organisations politiques, la coalition qu’est Per A Corsica, devenant ainsi la fédération souhaitée par beaucoup.
Nous proposons ainsi de donner corps à la démarche validée par notre peuple à la majorité absolue et de répondre plus efficacement à ses attentes par des actes politiques forts.
Aujourd’hui nous réaffirmons l’attachement de la contribution de Corsica Libera au projet de société « Un paese da fà ». Après une phase nécessaire de redressement des institutions de la Corse, d’état des lieux et d’annonce d’objectifs politiques, les Corses attendent que notre mandature se traduise de façon plus forte par des réalisations qui déclinent les fondamentaux de notre combat.
Face au refus de l’Etat français de prendre en compte la réalité politique de la question corse, c’est sur ce terrain que nos élus mobiliseront leurs efforts pour obtenir des avancées sur des enjeux stratégiques.
Avec une spéculation immobilière qui ne cesse de prospérer, les Corses continuent d’être chassés de leur terre par des plus fortunés qu’eux. Dans l’attente d’un statut de résident qui demeure notre objectif, la défense de la terre et le droit au logement pour les Corses doivent être érigés en objectif prioritaire.
Pour la défense de la langue, et dans l’attente de la coofficialité, l’augmentation significative de notre engagement budgétaire en faveur des politiques linguistiques constitue pour nous un signal nécessaire tant est établie la corrélation entre développement de la pratique et moyens consentis.
- En matière de traitement des déchets, nous sommes en accord total avec la généralisation du tri dans les meilleurs délais, seule garantie d’une sortie des mécanismes du tout enfouissement.
- En ce qui concerne l’agriculture, les orientations en matière de mobilisation du foncier, d’aménagement rural et d’aménagement hydraulique permettront la mise en place de nos objectifs « Corsica 21 ». L’outil de production agricole doit être structurer.
Au sujet de la PAC, véritable outil de développement, il est nécessaire d’inverser le procédé de discussion afin de ne plus subir la politique technocratique et imposer une politique basée sur nos productions traditionnelles et sur sa qualité.
Il s’agit également aujourd’hui de créer un modèle agricole résilient et valorisant l’environnement, de mener une réelle politique de recherche et développement et ainsi de réduire les handicaps par la prise en compte des enjeux spécifiquement méditerranéens.
Nos traditions doivent demeurer les fondations qui nous permettront de concevoir l’avenir.
- Pour les transports, malgré les conclusions hâtives de quelques observateurs suite au renoncement à l’achat de navires vétustes, nous restons sur les bases d’une compagnie maritime maitrisée par la puissance publique, tant au niveau du cahier des charges relatif à l’organisation du service public que de la participation au capital des sociétés.
- La Corse est dans une situation sociale et économique plus qu’alarmante où la précarité et la pauvreté règnent. Les emplois proposés par un système lobbyiste ayant la mainmise sur plusieurs secteurs ne sont plus que des emplois précaires et dévalorisés qui sont une humiliation faite à notre peuple. Jamais les inégalités sociales n’ont été aussi grandes et cette évolution sociétale se situe aux antipodes de notre vision. Convaincus que ce système économique ne s’autorégulera pas par la « main invisible » de ceux qui le dominent, nous prônons un engagement des pouvoirs publics corses pour initier un développement économique respectueux des Hommes et de la Terre et contribuer à une répartition plus juste des richesses de notre pays. Tout en étant conscients des limites juridiques et financières de la Collectivité de Corse, nous continuons de penser que la précarisation de la société ne saurait être une fatalité.
- La reprise politique est bien là et, alors que certains parlent de désenchantement, notre engagement demeure intact pour la défense des droits du peuple corse.
En revanche, il est patent que la question du désengagement total de l’Etat français dans l’approche du problème éminemment politique corse est plus que réel. Notre parti politique a, dès le début, et notamment par l’action de notre groupe politique à l’assemblée de Corse, marqué sa désapprobation face à une approche minimaliste de l’inscription de la Corse dans la Constitution française. Nous ne pensons toujours pas qu’un article constitutionnel autre que celui ouvrant officiellement la route de l’autonomie pleine et entière à notre peuple puisse être cautionné par ceux qui continuent à se revendiquer de la Lutte de Libération Nationale.
Dans l’état d’esprit qui est notre depuis 40 années de lutte, nous disons également clairement à l’Etat français que le premier rempart contre les tentatives d’implantation d’un système mafieux en Corse a toujours été, dans l’ensemble de ses composantes, le mouvement national. Il le demeurera en toutes circonstances, et notamment par les politiques vertueuses qu’il pourra mettre en œuvre, si on lui en laisse la possibilité.
Per a Corsica est d’abord un choix délibéré et responsable de centaines de militants de nos deux organisations. C’est ensuite l’expression de dizaines de milliers de votes de corses, de citoyens, en toute connaissance de cause. Nous le disons, c’est Per a Corsica qui a fait la majorité absolue à l’assemblée. C’est Per a Corsica qui a fait l’exécutif de l’assemblée de Corse et pas le contraire.
Aujourd’hui cet exécutif, émanation du choix militant et du vote populaire doit prendre en compte davantage et courageusement les options majeures qui se sont exprimées lors de ce vote. En matière de langue, en matière de réappropriation de la terre, en matière d’énergie, en matière de maitrise réelle des transports. Le peuple attend de nous donc de cet exécutif qui nous représente, des signaux forts, des actes concrets et fondateurs au-delà des limites des textes de lois français. Soyons nous-même mais soyons le tous ensemble comme le peuple le souhaite et l’exige.
Structuration et renforcement de Pè a Corsica, redéploiement du mouvement national sur tous les terrains des luttes publiques pour le respect du vote des Corses, défense des principes et des options du courant indépendantiste au sein de la majorité : voilà le travail et la feuille de route qui attendent Corsica Libera et tous ceux qui se reconnaissent dans sa démarche pour les mois à venir. Corsica Libera continuera d’occuper, avec rigueur et fidélité à l’égard de nos engagements, la place que nous a désigné notre peuple. Et si demain, en toute connaissance de cause, il venait à placer la revendication indépendantiste comme priorité, nous saurions immédiatement assumer nos responsabilités.
Un paese da fà, è da liberà.
Evviva à Corsica Libera
À populu fattu, bisogn’à marchjà.