Ici, une femme décrit l’atroce moment où aux côtés de son mari et de sa fille elle a vu les tueurs s’acharner à l’arme de guerre sur leur famille ; là c’est un homme qui est achevé devant ses proches, à l’intérieur même de sa maison ; entre temps le FLNC abat un homme en représailles à l’assassinat d’un de ses membres. Les repères s’effacent ainsi au rythme des homicides dont la barbarie accentue le sentiment pesant d’une société déliquescente où les règles élémentaires de la vie en communauté sont foulées aux pieds.
La Corse a un besoin urgent de démocratie, de transparence et de progrès social pour contrecarrer les dérives affairiste et mafieuse aggravées désormais par le danger d’une soi-disant « justice » expéditive et opaque. Aucune société ne peut s’épanouir dans de telles conditions où la loi du plus fort remplace la force de la loi. Voila pourquoi, l’activisme des groupes armés quels qu’ils soient empêche de dégager l’horizon d’un avenir solidaire et humain.
La Commission « violences » de l’Assemblée de Corse, présidée par Dominique BUCCHINI, entend poursuivre sa réflexion de fond sur l’ensemble des phénomènes de violence et contribuer à la mise en œuvre de solutions car, si les élus n’ont pas vocation à se substituer à la justice et à la police, ils ont effectivement la possibilité d’engager des actions de prévention et d’éducation en direction de la jeunesse ; de définir des politiques économiques et sociales ; de faire des choix propres à réduire la pression spéculative foncière et immobilière.
Cette affirmation a traversé les Assises du foncier et du logement, elle se retrouve dans les assises du littoral et marquera l’élaboration du prochain PADDUC pour lequel la CTC exercera ses compétences en termes d’aménagement et de développement du territoire.
La méthode de co-élaboration et la démarche de concertation impulsées par Maria Guidicelli, ont été unanimement appréciées. Mais au delà du succès c’est l’émergence d’une pratique politique nouvelle qu’il faut saluer et dans celle-ci une réponse démocratique concrète à ceux qui dénoncent indistinctement « l’impuissance des politiques ». Souvent, ce sont les mêmes qui vantent complaisamment les mérites des clandestins grâce auxquels la beauté exceptionnelle de la Corse aurait été préservée alors que nous savons bien le rôle primordial de la loi littoral, l’implication de plusieurs élus, l’action du conservatoire du littoral ainsi que des associations.
Pour ce qui nous concerne, nous n’avons jamais cultivé l’ambiguïté et toujours condamné la violence clandestine dont des dirigeants nationalistes eux-mêmes ont révélé les dérives. Nous avons également réclamé pendant longtemps et seuls une Commission d’enquête parlementaire pour faire la transparence sur l’économie locale et l’utilisation de l’argent public, notamment pour repérer et assécher les sources de financement du banditisme. Enfin, nous avons toujours dit qu’il fallait réorienter la politique de la CTC et faire des choix écoresponsables, respectueux des hommes et de l’environnement, en faveur de l’activité industrielle, de l’emploi stable, des salaires et du pouvoir d’achat.
C’est d’autant plus nécessaire que le modèle économique de ces 30 dernières années, fondé de manière quasi exclusive sur le tourisme puis le tourisme de luxe et l’ « économie résidentielle », n’a fait qu’aggraver la fracture sociale entre une minorité enrichie et l’immense majorité écrasée par la cherté de la vie, les bas salaires, l’emploi précaire et la pauvreté. L’augmentation du chômage de 10 points en an souligne l’impact de la crise financière mondiale en Corse et un effet de garrot quand s’y ajoutent le recul de la commande publique et une saison touristique incapable de la freiner.
Dans un tel contexte, lourd d’inquiétudes, c’est à la fois sur les champs politique et social que le sursaut citoyen doit se déployer à travers l’action populaire et démocratique, la seule action qui permettra de construire une Corse meilleure.
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