(Unità Naziunale publié le 9 septembre 2018) 130 voix en faveur de la non-participation au référendum du 4 novembre prochain. 12 voix pour l’abstention. 16 voix pour une participation. C’est le résultat du vote après deux heures de débat sur la participation ou non du syndicat à la consultation du 4 novembre.
Retour sur les points de vue.
Louis Kotra Uregei, président du collège honoraire a pris la parole en mettant en avant les points forts de l’argumentaire du Parti Travailliste en faveur de la non-participation massive au référendum du 4 novembre.
– Ce n’est pas un référendum, c’est une consultation qui va s’appeler référendum d’autodétermination ;
– Les conditions de sincérité et de respect ne sont pas réunies ;
– Les accords n’ont pas permis au peuple kanak de vivre pleinement ses droits dans son pays ;
– Pourquoi participer à un référendum dont le non a été programmé pour l’emporter ?
Et il a fait le constat d’un racisme anti-kanak généralisé, dans l’accès à l’emploi, au logement avant de fustiger les indépendantistes qui en 1998 ont pris la décision de revenir sur le corps électoral figé en 88 lors des accords de Matignon-Oudinot. Une décision actant de fait une fraude électorale entachant les élections provinciales
« L’Etat n’a pas fait son travail de toilettage des listes électorales et aurait dû mettre en place une structure qui aurait été chargée de créer la liste. Après 30 ans, aucune différenciation entre un fils de colon et un fils de kanak »
Décrépitude et la régression du mouvement indépendantiste.
C’est un constat sans appel, voir même amer que fait Hnalaïne Uregei du FLNKS. « Heureusement que Eloi Machoro ainsi que les autres frères sont morts car on assiste à une régression et une décrépitude du mouvement indépendantiste ». Un mouvement qui n’est plus ce qu’il était. Il rappelle qu’une simple convention du FLNKS à Bangou à Paita en 1984 avait rassemblé 4000 militants. Il y avait Éloi, c’était l’âme d’un peuple… 30 ans après sa mort, on a encore régressé. En 1987, les indépendantistes ont boycotté le référendum du statut Lemoine pour les mêmes raisons mises en avant aujourd’hui par le FLNKS pour participer au référendum. Il a insisté, « c’est au peuple colonisé de se prononcer dans un scrutin d’autodétermination comme le stipule la charte des Nations Unies. J’irai voter quand seul le peuple colonisé sera appelé à voter. Je refuse la disparition de mon peuple, ça ne se discute pas, ça ne se décrète pas ». Un responsable de la fédération enseignement Tué Wahmereungo a dit avec émotion son inquiétude et son refus de voir son peuple disparaître, être noyé au sein du peuple calédonien. Et il refuse de participer à cette mascarade et souhaite que ses petits enfants puissent vivre dans un pays kanak libre. Yvette, une militante de longue date, elle a rappelé que l’épisode de l’urne fracassée à la hache par Eloi Machoro a renforcé la revendication foncière, incitant le peuple kanak à récupérer les terres dont il a été spolié. « On est chez nous, c’est notre pays ! »
« Qu’est ce qu’on fait après le référendum ».
C’est la question posée par Victor Wéjième, un responsable de la Fédération de l’Enseignement. Après un constat d’échec au sortir de 30 ans d’accords. Hnalaïne lui répond en suggérant l’organisation d’un référendum d’autodétermination avec la seule participation du peuple colonisé en l’occurrence les kanak. Dick Saihu, président du CNDPA, invité du bureau confédéral, il indique que l’article 3 de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones fait état du droit à l’autodétermination. Sylvestre, un vieux militant et ancien membre du bureau confédéral, annonce qu’étant du FLNKS, il ira voter mais salue le travail effectué par notre Organisation syndicale, notamment la veille à travers les rapports des différentes fédérations. « Il faut relancer la dynamique indépendantiste, je suis avec vous ». Les représentants de la communauté wallisienne, Fidel et Clothilde ont apporté leur soutien aux camarades kanak et sont prêts à aller voter si toutes les conditions sont réunies pour gagner ce référendum.
Après une heure de débat place au vote.
Sur les 250 délégués présents, 156 ont exprimé leur choix. 130 ont levé leur bulletin vert pour une non participation au scrutin du 4 novembre.16 se sont déclarés favorables au référendum et 12 ont choisi l’abstention. Un verdict applaudi par les congressistes dont le président de l’USTKE a souligné à la clôture des débats : « c’est une cohérence qui s’est exprimée à la lumière des différents rapports des fédérations qui ont défilé à La tribune hier (*) . « Je pense que l’USTKE sort encore plus fort après ce congrès. « Merci camarades. On a réussi notre rendez-vous avec notre histoire »., a-t-il conclu.