(Unità Naziunale – 13 octobre 2017 – 10h00) Il y a peu, Camille de Rocca Serra, invité de « Cuntrastu » a affiché son opposition à toute politique évolutive pour la Corse. La percée du Mouvement Patriote l’inquiétant plus que de raison …
C’est en réponse à ses propos que le site U Riacquistu publie cette contribution d’un ancien prisonnier politique, MA Colleoni. Une contribution très intéressante démontrant que l’avenir statutaire pour la Corse est un choix politique d’avenir, loin de toute tutélisation.
En réponse aux récents propos de Mr Camille De Rocca Serra …
Aujourd’hui depuis l’annonce unilatérale des principales organisations clandestines d’engager un processus de démilitarisation, les armes du Peuple sont toutes autres et c’est désormais avec mon stylo que je défends mes idées… Un processus de paix a été annoncé mais il semble que Paris, là où vous prenez vos ordres, ne l’entende pas de cette oreille… (vu l’actualité récente.).
Quelque peu étonné par vos récents propos, je prend donc ma plume – cette nouvelle arme – pour vous faire connaitre mon sentiment sur certaines différences « idéologiques » qui apparemment semblent vous échapper. La crainte d’une nouvelle victoire des nationalistes tous unis aux prochaines territoriales parait vous perturber…
Un constat s’impose pour ces territoriales, avec des premiers candidats :
* Jean Martin Mondoloni , « régionaliste de droite » qui s’inquiète du sentiment anti-France qui plane en corse. Vous le soutenez en apportant derrière vous Georges Mela.
* Valérie Bozzi, « corsiste- autonomiste », qui n’ est pas favorable à l’idée d’indépendance et opte plutôt pour un statut d’autonomie .
* Gilles Simeoni , nationaliste , qui ne s’oppose pas à l’indépendance – sans en faire un programme – et qui inscrit son action dans une évolution statutaire.
* Jean Guy Talamoni , indépendantiste, mais avant tout attaché au choix du Peuple ( au moment où j’écris ces lignes, je ne sais pas encore quel sera le choix du premier tour quant à l’union et sur laquelle il rappelle son attachement). Je pense aussi que c’est la meilleure idée car l’union fait la force.
* Paul Félix Benedetti, également indépendantiste.
Le régionalisme ou l’autonomie partielle.
Le régionalisme ou l’autonomie partielle sont à mes yeux des choix à priori évolutifs, mais en partie déjà consacrés par la Collectivité Territoriale… Je me demande ainsi quelle opportunité vous avez à revendiquer ce qui existe déjà ? Sauf à vous supposer dépassé par le débat …
L’autonomie.
L’autonomie « interne » par contre constitue une évolution. Je prends pour référence – toutes proportions gardées – l’exemple des Etats Unis. Ainsi la Corse serait à la France ce que le Texas est aux USA ( je prends cet exemple parmi tant d’autres parce que Pasquale Paoli a influencé la constitution américaine ). Aux États-Unis, la souveraineté est exercée à la fois par le gouvernement fédéral et par chacun des cinquante gouvernements d’État. Un Américain est à la fois citoyen des États-Unis et citoyen de l’État où il est domicilié. En revanche, la citoyenneté d’État est une chose assez flexible et aucune procédure légale n’est nécessaire, sauf rare exception, pour changer son domicile d’un État à un autre.
Les Américains ont conscience d’appartenir à une même nation, malgré la diversité des régions.La constitution des Etats Unis attribue les pouvoirs respectifs des deux niveaux de gouvernement en utilisant des termes généraux. L’idée générale est qu’en ratifiant la Constitution (ou en adhérant à l’Union), chacun des États accepte :
1 de transférer certains attributs de la souveraineté au gouvernement fédéral ;
2 de partager certains pouvoirs avec le gouvernement fédéral ;
3 de garder certains pouvoirs au niveau de l’État local (par exemple légiférer sur l’exercice du droit ou de la médecine).
Selon le 10 amendement de la constitution , tous les pouvoirs non spécifiquement transférés à l’échelon fédéral restent aux mains des États ou à celles du peuple.
Historiquement les pouvoirs relatifs à la santé, l’éducation, les transports, le droit municipal et la gestion des infrastructures relèvent généralement du niveau de l’État local, même si tous ont une part importante de financement et de réglementation fédérale. Les pouvoirs transférés, partagés ou retenus localement sont les mêmes pour tous les États membres de l’Union.
Les États fédérés américains disposent de leurs propres ressources fiscales ainsi que de pouvoirs législatifs et exécutif étendus. Les lois en vigueur sont par conséquent très variables d’un État à l’autre… les 51 États des États Unis d’Amérique ne sont pas véritablement indépendant mais plutôt autonomes d’une seule nation ,mais pour que la France acceptent une demande dans ce style il faut fair une révision de la constitution française… la Corse ne serait pas un Etat -Nation mais un Etat à part dans la Nation française ou elle pourrait créer ses propres lois. c’est une vision que certains n’hésitent plus à prôner. Vous pouvez donc constater qu’il existe des solutions de transition sans être totalement sous la tutelle d’un pays et être totalement indépendant..
L’indépendance.
Quant à l’indépendance, c’est un choix historique et un droit international, dans lequel se refuse le principe de tutelle de la France sur la Corse. Les corses ont combattu la domination française. Au nom du droit des peuples à disposer d’eux mêmes. La Corse n’est pas un vulgaire morceau d’un autre pays mais une Nation, avec sa langue, sa culture, sa tradition politique, sa manière d’être au monde.
C’est pourquoi des centaines de personnes se sont battues depuis plus de 40 ans. … Aujourd’hui ne vous en déplaise, les indépendantistes représentent aussi le Pouvoir Territorial, et avec pragmatisme gouvernent dans le sens des intérêts collectifs. Bien loin de Paris où vous preniez vos ordres… Et si un jeune comme moi défend aussi l’indépendance c’est pour instaurer cette démocratie directe comme l’imaginait alors Pasquale Paoli et non un régime totalitaire que vous prétendez dénoncer mais que vous représentez par votre allégeance aux cercles parisiens…Comme vous pouvez le constatez , le monde bouge autour de vous en Europe, les peuples se réveillent. A l’instar de la Catalogne, les pays basque, l’ Ecosse et bien d autres encore.
La Corse n’échappe pas à cette règle et notre Peuple a démontré sa volonté de s’émanciper de la dépendance. Il désire prendre son destin en main et choisir librement son avenir. La politique colonialiste, répressive et régressive de l’état français aujourd’hui atteint ses funestes limites et nous avons l’espoir de retrouver notre liberté.Vous comme moi défendons réciproquement nos idées, sauf que à la tutélisation que vous défendez, j’oppose l’évolution et l’avenir.
Je suis indépendantiste. J’en ai payé comme beaucoup d’autres le prix fort. Je suis conscient que seul une évolution statutaire – sans interdit – dessine concrètement les lendemains de la Corse.
Pas plus que l’autonomie aujourd’hui, l’indépendance demain ne fera pas peur.
A ce moment là comprendrez vous peut être enfin combien vos idées étaient d’arrière garde … Et la France, une illusion de l’histoire pour la Corse…
Marc’Antò Colleoni