Voici ce que j’écrivais sur le développement de la crise, le 15 avril 2010, dans mon rapport au président de la République sur L’attrait de la France pour les investissements étrangers (1) : « La crise va durer encore très longtemps et ses effets sur l’emploi dans les pays de l’OCDE seront considérables à plus que le moyen terme. Depuis le début de l’année 2010, nous assistons clairement à un début sinon d’éclatement, du moins de fragilisation de ce que l’on pourrait appeler « la sphère financière publique ».
En effet, pour soutenir l’économie et sauver le système bancaire, les Etats et les banques centrales ont emprunté pour les uns et créé pour les autres au moins six mille milliards de dollars rendant plus volatiles encore les marchés de change, introduisant du fait d’un risque réel de défaut une tension insupportable à la hausse des emprunts publics, de telle sorte que d’une manière ou d’une autre ces difficultés vont inévitablement nous faire rentrer dans une nouvelle phase de crise.
Depuis le printemps 2010, le taux des bons du Trésor public des Etats-Unis à dix ans est passé au-dessus du taux de swap sur les obligations privées. Ce « spread » négatif est significatif de l’irruption de la crise dans les finances publiques y compris celles des plus grands pays. Une récente étude du Mac Kinsey Global Institute (2) nous rappelle qu’il n’y a que trois manières de sortir d’une dette insoutenable, publique ou privée, à l’échelle des nations : le défaut de paiement, l’inflation ou se serrer la ceinture (« out-right default, inflation or belt-tightening »). Une telle situation concerne comme chacun le sait la Grèce, l’Espagne, le Portugal, mais aussi l’Italie et, à un niveau en définitive supérieur, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, sans que l’on puisse considérer que l’Allemagne et la France ne sont pas concernées par ce dilemme.
Dans deux notes (3) publiées respectivement en novembre 2008 et mai 20091, j’avais souligné ces risques et rappelé l’évidence selon laquelle une crise globale dont les origines sont à trente ans et qui a commencé réellement il y a trois ans durera au minimum une décennie, tandis que le monde nouveau de l’après-crise sera beaucoup moins favorable à l’Occident. »
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