(Unità Naziunale – 29 septembre 13h00) Voici un texte publié sur le compte Facebook d’Emmanuelle de Gentili (Maire adjointe de Bastia, Maire Pierre Savelli – Secrétaire Nationale du PS et 1ère fédérale du parti socialiste 2B- Présidente office du tourisme Commune d’Aggloméragtion de Bastia Conseillère département 2B)
Quelle est le sens de votre démarche ?
Rassembler les forces progressistes, informer les citoyens et redonner le goût de l’engagement civique aux abstentionnistes. Je crois que la faible participation aux récents scrutins territoriaux (65 % en 2015 et 49 % en 2017), illustre un désarroi de nos compatriotes face à la mutation de la société. Le sens de mon engagement consiste à y apporter des réponses.
Je vous fais d’ailleurs remarquer que les choix de politique générale sont fortement contestés, quelques mois à peine après l’élection du Président de la République et que son action est inexistante en Corse où sa représentation locale est en crise.
Pourquoi dites vous qu’elle est en crise ?
Parce que le gouvernement ne pourra pas tenir une position de fermeture avec une Corse à la pointe de la décentralisation, qui a conscience de ce qu’elle est, de son identité et de sa culture, et qui veut que ses habitants s’émancipent dans le cadre d’une autonomie dans la République Française.
LREM désavoue ainsi les élus locaux qui se sont confrontés au suffrage universel et montre son vrai visage : une technocratie parisienne qui veut imposer sa vision, sans tenir compte des Corses, des réalités et du terrain. Ils ne le savent sans doute pas, mais la monarchie éclairée c’est fini !
Pourquoi vous exprimer aujourd’hui ?
Le moment est venu : la Corse est plus que jamais seule pour dessiner son avenir avec la mise en œuvre de la CTU et la redistribution des pouvoirs locaux.
Nos futurs élus auront de lourdes charges : élaborer une stratégie dans les domaines cruciaux des transports, des déchets, de la formation professionnelle, de l’eau, de l’économie, de l’environnement, de la territorialisation et de la proximité avec les citoyens, par exemple.
Il leur faudra également répondre aux besoins des habitants (emploi, logement, formation, qualité et niveau, précarité) et empêcher la Corse de devenir une terre de spéculation.
Quel est votre positionnement ?
Nul ne saurait aujourd’hui, représenter la Corse dans sa globalité, dans la diversité de ses convictions, tant les visions de notre futur sont multiples.
Je représente avec d’autres la gauche autonomiste et progressiste qui souhaite inscrire la Corse dans une autonomie pleine et entière, afin qu’elle adapte son modèle de développement capable d’améliorer la qualité de vie des insulaires.
Je suis autonomiste et pas nationaliste : les mots ont un sens. Faire nation n’a pas de sens pour moi, dans un espace mondialisé où même les grandes puissances ne sont pas indépendantes que ce soit militairement, énergétiquement ou alimentairement par exemple. Je ne crois donc pas du tout en l’indépendance dans cet un espace mondialisé et interdépendant.
Je pense la Corse comme espace ouvert et partagé entre ceux qui y vivent et ceux qui y viennent temporairement ou durablement, tout en respectant nos valeurs, nos traditions, notre âme, bref ce qui fait que la Corse est la Corse.
Comment vous y prendriez-vous pour travailler avec les nationalistes et les indépendantistes ?
Le dialogue est dans l’essence même de mon engagement d’ailleurs depuis 2009 je me suis rendue régulièrement aux GHJURNATE pour échanger. Dialoguer avec les indépendantistes ne signifie pas adhérer à leurs revendications, c’est argumenter et tenter de faire converger ou rechercher un socle commun.
En aucun cas il ne s’agit de fondre dans les revendications des indépendantistes et des nationalistes mais de tendre la main pour faire avancer la Corse. Il y a un processus pour ce faire : la coalition qui repose sur un accord permettant à chaque partenaire de s’exprimer sur un pied d’égalité. J’y suis favorable !
Jusqu’ici les majorités politiques Corses ont broyé, malaxé et digéré leurs partenaires, jusqu’à les faire disparaître complètement. Il ne doit plus en être ainsi car nul ne détient le monopole de la représentation de la Corse en sa globalité, en la diversité de ses convictions, tant les visions de notre futur sont multiples.
La Corse, la défense de son environnement et de son futur ne sont pas l’apanage d’un seul mouvement. Les nationalistes (par leurs revendications et actions) et la gauche (de la décentralisation à la collectivité unique) ont construit ce que nous sommes. Il nous faut poursuivre ce travail ! D’ailleurs notre futur se construira avec tous les Corses qui voudront bien s’engager. L’action des associations de défense de l’environnement en est la preuve supplémentaire, s’il en fallait une.
Avez-vous un projet qui vous différencie des autres forces politiques ?
Je souhaite sur la base du vaste mouvement mené par la Gauche, arriver à une « décentralisation à la carte » avec des régions aux compétences ciblées, ponctuelles, adaptées à leur modèle de développement. Pour la Corse cette évolution devra s’articuler autour :
-de nouvelles missions pour l’État : ingénierie technique et financière des projets, maintien des équilibres régionaux (dotation compensatrice des déséquilibres insulaires), égalité des chances (éducation), égalité d’accès aux services publics essentiels (santé, communications, routes) avec un contrôle accru de la légalité de l’action des communes, des intercommunalités et de la future CTU, des marchés publics et du respect de l’environnement ;
-de nouveaux pouvoirs pour l’île, actant son insularité (inscription de la Corse dans la Constitution) et permettant d’apporter des corrections aux manques occasionnés par une lecture métropolitaine des actions et besoins de son territoire : ressources financières (transferts de ressources fiscales : TVA, TIPP), formation professionnelle (adaptée à l’île par les acteurs économiques corses), fiscalité (pour les TPE et le rural), emploi, gestion et transformation des déchets, politique de l’eau, redéfinition des intercommunalités, etc.
Vous parlez toujours d’institutions mais pas du monde réel ?
C’est la seconde partie du projet !
Je porte un projet qui permettra à une génération d’entrepreneurs, expérimentés ou débutants de se lever et d’innover pour développer un modèle original, productif, reposant sur nos potentiels, notre créativité et notre culture, sur l’innovation sociale et l’économie de marché.
S’il fallait donner quelques exemples, je souhaite proposer la création d’une compagnie corse de l’énergie, soutenir les initiatives et les projets fédérateurs qui concourent à véhiculer l’image positive de la Corse à l’extérieur, accompagner les initiatives à l’export encore trop marginales aujourd’hui.
Je soutiendrai la création de « super marché des producteurs locaux » pour la vente directe des produits agricoles et je créerai une diplomatie territoriale pour valoriser au niveau national et européen les projets matures, les créateurs designers artistes insulaires pour qu’ils se développent tout en contribuant au rayonnement de l’ile.
Je demanderai à chaque agence ou office de la CTU une étude prospective de son domaine de compétences pour anticiper les grands changements climatiques, sociétaux, culturels, etc.
Je négocierai avec l’État et l’Europe la valorisation de la position géopolitique de la Corse comme frontière et base avancée au cœur de la méditerranée, avec des contreparties pour nous permettre de favoriser nos investissements. Je lancerai des initiatives intercommunales de réappropriation des espaces ruraux pour favoriser l’installation dans le rural et réenclencher les activités, mais aussi je soumettrai l’idée de conditionner certaines aides à la gestion des déchets à la valorisation et au tri-sélectif.
Je soutiendrai le déploiement de l’e-santé, du numérique et des activités induites partout sur l’ile, ceci n’est pas exhaustif mais montre la diversité des initiatives à prendre.
Jusqu’ici nous avons pensé que l’État devait pourvoir à tout et que les élus pouvaient agir et décider seuls. Aujourd’hui tous les modèles ont éclaté. Alors je crois qu’il nous faut mettre en commun nos expériences, pour construire une Corse dynamique et entreprenante, protectrice et solidaire, capable de faire reculer ses dépendances, seuls remparts aux spéculations en tous genres.
Sur ce dernier point, comment envisagez- vous les relations avec Paris ?
Les évolutions institutionnelles de l’île ont inspiré les réformes nationales (fusion des régions par exemple). Même les plus grands détracteurs locaux ne sont jamais revenus dessus lorsqu’ils en ont eu la possibilité. Au contraire ils s’y sont délicieusement glissés lorsque le suffrage universel les a porté aux responsabilités.
Il nous faut garder cette avance, en proposant des solutions pour résoudre les problèmes liés à nos spécificités (île montagne, faible densité de population, concentration urbaine, PIB minime, etc.), pour convaincre les Corses, le gouvernement et l’UE que nous sommes capables de proposer des réponses innovantes.
Par exemple nous ne pourrons pas continuer à opposer l’urbain au rural, Bastia et Ajaccio, etc. La Corse doit se construire dans la complémentarité, pour faire un tout et réussir la transformation d’une économie atone vers une économie dynamique, solidaire et durable.
Le FLNC du 22 octobre a fait une déclaration ce 25 septembre. Qu’en pensez-vous ?
Je crois que le temps des actions clandestines est clos. Comme l’a précisé le Président de l’exécutif le futur se bâtira dans la paix et la démocratie et pas autrement.
« Certes le gouvernement semble sourd et aveugle aux problèmes de la Corse »
Il nous faut donc inventer de nouveaux modes d’échanges, créer de nouvelles passerelles avec Paris, dialoguer et plus encore convaincre par l’exemple. Seules les démonstrations sur notre capacité à impulser des politiques efficaces qui favorisent la création d’emplois, adaptées aux besoins des entreprises trouvera écho dans la population et à l’extérieur.
Accompagner des projets, faire reculer la précarité, favoriser l’accès au logement, protéger notre île tout en permettant un développement maitrisé et soutenable sont des politiques de moyen terme. Il n’y a pas de baguette magique qui puisse transformer le réel du jour au lendemain.
L’action constante et continue de moyen terme vers des objectifs identifiés et réalisés, conditionnera notre capacité à poursuivre l’évolution vers l’autonomie réelle que nous souhaitons, dans de bonnes conditions et avec l’adhésion des citoyens.
Si vous aviez à résumer votre propos que diriez- vous à nos lecteurs ?
Que ma vision repose sur l’action politique avec la volonté d’agir pour la Corse, de fédérer les autonomistes, régionalistes et progressistes et de proposer l’autonomie dans la République, pour adapter notre modèle de développement à la Corse.
Que cette action politique a un triple but : élever le niveau de vie des Corses, faire naître une génération d’entrepreneurs et faire reculer nos dépendances (énergie, eau, déchets, …).
En enfin que cette action proposera des solutions permettant de sortir de l’impasse, puis de construire le futur, pour aboutir à une Corse solidaire et dynamique.
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