(Unità Naziunale – 26 septembre 2017 – 9h00) Les Catalans ne sont pas des nostalgiques.
Par expérience historique, ils savent qu’il n’y aura pas de retour en arrière ni de résurgence d’un supposé âge d’or, celui d’avant la rupture du pacte qui unissait l’Aragon et la Catalogne au sein d’une même confédération.
Le bouillonnement économique et culturel issu de la révolution industrielle a permis à la Catalogne de survivre aux épreuves de notre temps. Ni l’infâme trahison du Komintern stalinien, ni la pusillanimité de ses voisins français, ni les quarante années de répression franquiste n’ont pu mettre un terme à l’éclosion de la nation sans doute la plus ouverte et la plus dynamique d’Europe occidentale.
Enrichie d’une forte immigration, la Catalogne contemporaine est une nation démocratique et ouverte au monde , plus démocratique et plus ouverte que la plupart des états centraux qui constituent aujourd’hui l’Europe .
Car c’est bien un des enjeux majeurs du référendum du 1er octobre 2017: confirmer publiquement qu’il existe dans l’espace européen des entités géopolitiques qui ne sont pas simplement des appendices d’États constitués mais bien d’authentiques Nations.
Il s’agit là à tout le moins d’une idée éminemment subversive dont les États en question craignent l’effet de contamination. De surcroît, elle pose la question des rapports institutionnels et économiques avec l’administration centrale. Autrement dit, à quoi sert l’État s’il ne garantit ni les équilibres territoriaux ni les intérêts des régions qu’il prétend gouverner !
Quelle que soit la majorité obtenue pour l’indépendance le 1er octobre prochain, il y a un point qui fait consensus à Barcelone, c’est l’attachement à la construction d’une fédération européenne. Elle implique, à terme, une dévolution de souveraineté à laquelle est hostile par définition l’aristocratie parlementaire qui sclérose la vie politique des grands États européens et freine des quatre fers pour ralentir le processus d’intégration.
Les analystes français qui peuplent les talk shows 24h sur 24 n’ont de cesse de déclarer qu’une Catalogne indépendante sortirait ipso facto de la CEE. Ce à quoi Puiguemont, chef du gouvernement catalan, a répondu qu’il serait difficile d’exclure de l’espace européen un pays de 7 millions d’habitants qui représente 20 % du PIB de l’Espagne. CQFD.
On voit bien que le référendum de ce mois d’octobre dépasse le périmètre de la Catalogne : il peut mettre un terme à un état de fait archaïque, comme il peut par ailleurs, nous faire considérer nos indispensables nations dans un ensemble plus vaste.
Ghjacumu Faggianelli
25 septembre 2017