(Unità Naziunale – 16 septembre 2017 – 19h00) « Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne, doit être sévèrement réprimée par la Loi ».
L’article 9 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, doit interpeller les consciences au sujet de l’arrestation du militant nationaliste, Franck Paoli.
Franck Paoli est un membre de ma famille, mais ma plume est guidée par mon métier et l’idée que je m’en fais. Albert Camus considérait que le journalisme devait questionner la société en mouvement, défendre les valeurs de justice et d’équité. L’auteur de « L’étranger » inspire ma conception du journalisme et au delà…
« transporté menotté, entravé, les yeux bandés et cagoulé » ?
Nous sommes en 2017, notre société est-elle plus juste, quand un homme, présumé innocent, est interpellé puis « transporté menotté, entravé, les yeux bandés et cagoulé » ? (information transmise par son avocat, relayée par le bâtonnier de Corse du Sud, les Présidents de l’Assemblé de Corse et du Conseil exécutif de Corse, confirmée par la LDH Et contestée par les autorités en charge de son transfèrement).
La dignité humaine, le respect de la présomption d’innocence, sont des piliers du pacte républicain et démocratique, mais la France, pays des savoirs, patrie des droits de l’homme a, justement, déjà été condamné par la Cour européenne des droits de l’homme pour « l’absence de recours permettant de faire cesser des conditions de détention inhumaines et dégradantes » et le dernier rapport d’Amnesty International a également pointé les dérives liées à l’État d’urgence. Lorsque l’on veut être un phare dans l’obscurité, notamment sur la scène internationale, il faut être irréprochable concernant sa politique intérieur, abandonner toute arrogance, ses coups de menton inutiles et donner tort aux mots de Renaud : « (…) des matraqueurs assermentés, qui fignolèrent leur besogne (…) ». Que l’hexagone renoue enfin avec son histoire des lumières et se montre digne du beau triptyque « Liberté, égalité, fraternité »
En Corse, vers l’an mille, après l’assassinat d’Arrigo Bel Messere, la légende raconte que l’on entendit hurler : « E morte, il conte Bel Messer ! Corsica non avrai mai bene ! »
Je n’occulte pas une réalité insulaire souvent tragique, violente, mais je vois également grandir mon pays, j’aime sa soif d’égalité, de dépassement, d’innovation. Ce désir de liberté ne doit pas être entravé par des excès d’autoritarisme.
On ne tourne pas le dos, lorsqu’une main franche est tendue !
Nous sommes en 2017, trop de familles ont déjà souffert.
Bientôt, nous serons en 2018…
Philippe Martinetti
Journaliste France 3 ViaStella – France Télévision
16 septembre 2017