(Unità Naziunale – 6 septembre 2017 – 10h30) France. La pyramide du pouvoir repose sur :
*Le sommet : le Président de la République, Macron, le roi de facto
* Son factotum : le Premier Ministre
* La base : l’Assemblée Nationale, une chambre d’enregistrement ?
Initié par de Gaulle, en 1958, – une personnalité hors du commun, une classe politique et des institutions discréditées, des circonstances exceptionnelles, le putsch d’Alger- le pouvoir sans partage a été exercé, dans le cadre de la Constitution de la Vème République, par le Général et les présidents suivants ont, par glissements successifs, avec l’accord général, entériné, exercé, validé cette pratique. Qui confine, volens nolens, au pouvoir personnel.
Or, « aux termes de la Constitution du 4 octobre 1958, c’est bien le gouvernement, présidé par le président de la République, qui détermine et conduit la politique de la Nation, sous l’égide du Premier ministre (Article 20 de la Constitution de la RF) ».
IL y a une contradiction , criante entre la « loi suprême » que veut être la Constitution et la réalité du pouvoir depuis 1958 ; manifestement sans émoi apparent, en tout cas sans contestation organisée, de tout ce que la France compte de démocrates proclamés, de républicains sourcilleux et intransigeants, de constitutionnalistes éminents, de partis de droite et de gauche qui se gargarisent quotidiennement de la démocratie.
La lecture du journal le Monde, du 3 Septembre 2017, est édifiante ; on peut y lire, en faisant référence au Journal du Dimanche, daté du même jour, le texte du Premier Ministre qui déclare, notamment sur l’équilibre avec Emmanuel Macron :
. « La seule image que je trouve comparable au chef de gouvernement, c’est chef d’orchestre, explique-t-il. Je ne me prends pas pour le compositeur, ni pour le premier soliste, et pas davantage pour le percussionniste au fond de la salle. »
« Le président est la clé de voûte du système. Moi, je mets en œuvre la politique sur laquelle il s’est engagé », a-t-il également avancé.
« Dans son interview au “Point ”[ [entretien fleuve donné par le chef de l’Etat à l’hebdomadaire, et paru jeudi, jour de la présentation des ordonnances sur le code du travail]]url:http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/08/31/macron-assume-tout-et-reclame-du-temps_5179016_823448.html , il donne la profondeur, la direction, la cohérence. En présentant les ordonnances, je les traduis en actions concrètes. » ( fin de citation).
Candeur ? réalisme ? cynisme ? Le véritable problème n’est pas là.
L’exécutif en France a deux têtes ; le Président de la République, en charge des intérêts supérieurs du Pays– Défense Nationale et Affaires Etrangères surtout- et le premier ministre, avec son gouvernement, dont les attributions respectives sont bien précises, doit gouverner ; le Parlement a lui, la charge de construire et voter la Loi.
Pourtant, dans tous les domaines et quotidiennement,le chef de l’état décide, tranche; nous sommes bien dans une hyper présidentialisation.
Or, cette dérive du régime n’a cessé, depuis l’origine, de s’aggraver ; les élections présidentielles sont la clé de voûte du véritable pouvoir : la lecture des programmes des candidats montre qu’ils proposent des solutions dans tous les domaines et les élections législatives qui suivent, entérinent en général, largement, les candidatures des partisans du président élu. IL y là implicitement un ticket gagnant dont celui-ci est le détenteur. Et tout le monde accepte sa prédominance exclusive et excessive car, de surcroit, il choisit et nomme le premier Ministre !!! Institutionnellement docile. La boucle est bouclée.
La discipline de groupe, les accommodements avec les élus ou structures d’influence ( syndicats, partis, institutions….), le recours éventuel au 49/3, -anti-démocratique par excellence-, le passage en force que constitue le recours aux ordonnances, voulues, conceptualisées par le Président de la République et validées par l’Assemblé nationale, constituent un arsenal de coercition dont le contre relèverait de l’héroïsme… Or, cette valeur se perd….
Ne serait-il pas temps de respecter l’esprit et la lettre de la Constitution en vigueur ou, mieux, après un large débat, de passer à la Constitution de la VI ème République ? Personne n’est jamais gagnant s’il ne respecte pas la démocratie, la loi.
Dr Edmond Simeoni
Aiacciu le 3 Septembre 2017