La question de la résolution du conflit a fait l’objet de déclarations de la part de tous les candidats à la dernière élection législative. Tout le monde s’est réjoui du désarmement de l’ETA, qui s’est concrétisé à l’occasion de la journée du 8 avril dernier à Bayonne. Nous de même.
Mais, nous tenons à rappeler avec force ce que nous disions dès lors : le désarmement n’est qu’une étape dans la résolution des conséquences du conflit.
Or, depuis le 8 avril, en France des militants basques continuent à être condamnés à de lourdes peines
– 28 avril : procès de Oier Ibarguren et Montxo Varea, condamnés à 6 et 7 ans de prison
– juin : Josu Urrutikoetxea a été condamné par défaut à huit ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris , pour son rôle en tant que responsable de l’appareil politique entre 2011 et 2013. Soit une condamnation de 8 ans de prison pour avoir tenté de mener, à Oslo, des négociations avec l’Etat espagnol, après qu’ETA ait annoncé la fin définitive de la lutte armée. C’est un très mauvais signal de la part de l’Etat français, d’un côté il n’a pas entravé la mise en place d’un désarment ordonné, sécurisé et vérifié, et d’un autre il condamne lourdement un responsable de l’ETA en charge du processus de paix. Inacceptable.
Nous tenons également à dénoncer la pression policière à l’encontre d’Agnès Cerlo, compagne de Josu Urrutikoetxea, qui a découvert sous son véhicule un système de géo localisation le 6 avril 2017. Elle a déposé plainte le 18 avril 2017 au tribunal de Bayonne.
– cette semaine (vendredi 30 juin) sera jugé Egoitz Urrutikoetxea, membre du DB d’EHBai, à qui nous adressons toute notre solidarité.
Les procès de ce type, et les condamnations lourdes qui vont avec, n’ont pas lieu d’être dans le nouveau contexte. Elles devraient être dénoncés avec force par tous les responsables politiques et acteurs soucieux de la résolution du conflit basque.
Mise en parallèle avec le contexte sécuritaire en France
– Installation de l’état d’urgence (instauré suite aux attentats de nov. 2015) en un état permanent. Des mesures attentatoires aux libertés individuelles et collectives, et un contrôle social exorbitant sur les citoyen-e-s, manifestant-e-s et militant-e-s. deviendront la norme. L’arsenal d’un état policier est déployé.
– Conséquences sur les militants basques . Rappel : dénonciation du fichier FIJAIT
Nous dénonçons l’inscription de ces mesures d’exception dans la loi pour 2 raisons :
– dérive liberticide. La solution du « tout sécuritaire » a démontré sous inefficacité et les restrictions des libertés qu’elle engendre ne peuvent être tolérées. Cette surenchère en la matière doit cesser !
– Tout comme le FIJAIT, ces mesures principalement mis en place pour les cas de terroristes islamistes, s’applique également aux prisonniers politiques basques ainsi qu’aux anciens prisonniers. Une stigmatisation inacceptable de ces personnes, avec en plus des difficultés inhérentes pour mener une vie normale, alors même que le Pays Basque tente d’avancer dans un processus de construction d’une paix durable.
EH Bai souhaite donc tirer la sonnette d’alarme, et interpeller le gouvernement français, et localement les députés du Pays Basque, fraîchement élus, Mme Lasserre-David, MM Bru et Lassalle. Deux d’entre eux, appartiennent à la majorité présidentielle. Que pensent-ils de cette banalisation de l’état d’urgence ?
Quelle attitude et quelles meures comptent-ils prendre sur la question de la résolution des conséquences du conflit et, notamment celle des prisonniers politiques basques ? sur la question de la justice transitionnelle ?
De notre côté, nous tirons les conclusions qui s’imposent : le conflit perdure , les conséquences de celui-ci demeurent non résolues, les militants d’une organisation désormais inactive et désarmée continuent à subir des lourdes peines et des mesures d’exception.
Nous restons donc mobilisés et appelons la société basque à se mobiliser pour le résolution intégrale du conflit.
Rendez-vous à l’appel des Artisans de la paix , le 9 décembre à Paris.