Réunie à l’initiative du président Dominique Bucchini, la conférence des présidents de groupe a préféré renvoyer son examen devant la commission antiviolence de l’Assemblée de Corse.
François Tatti a de la suite dans les idées. Dans la foulée du discours vigoureux de son ami radical Nicolas Alfonsi au Sénat, il avait déposé une motion hors délai légal (mais était-ce vraiment une erreur de sa part ?) dans laquelle il invitait ses collègues à condamner tous les actes criminels commis en Corse (rien de neuf), à demander à l’État d’user de tous les moyens régaliens à sa disposition pour mettre un terme à l’escalade meurtrière (un classique du genre) mais également, et c’est tout à fait inédit, de condamner « la revendication par laquelle le FLNC a tenté de légitimer un assassinat en le qualifiant d’acte de justice ».
L’élu de la Gauche républicaine faisait d’une pierre deux coups : il mettait l’assemblée de Corse dans la quasi-obligation de prendre ses responsabilités, méthode qu’il avait expérimentée avec succès pour le sujet infiniment moins grave du siège régional de la CCI de Corse, et il jouait sa petite partition politique personnelle pour montrer ses gros muscles à la petite tribu des Zuccarelli.
Mais le débat n’a pas eu lieu, et il a donc, en quelque sorte, été renvoyé dans ses cordes.
« Un débat improvisé sur la violence aurait été improductif »
Pourtant, la conférence des présidents de groupe s’est bien tenue à l’initiative de Dominique Bucchini pour parlementer autour de la « motion Tatti ». Après quatre-vingt-dix minutes de discussion à huis clos, et à une écrasante majorité, il a été convenu qu’il n’y aurait pas de débat mais un bref monologue du président de l’assemblée de Corse entre deux dossiers, sans doute pour en amortir le caractère solennel. D’emblée, ce dernier a tenu à préciser que la motion était irrecevable car le règlement intérieur de l’assemblée impose que toute motion doit être déposée au minimum 48 heures avant la séance publique, ce qui n’était pas le cas en l’occurrence. Malgré tout, François Tatti avait mis en exergue le caractère d’urgence dans la mesure où il estimait indispensable de réagir rapidement au communiqué du FLNC.
« Pendant une heure et demie, les présidents de groupe ont pu développer leur point de vue et échanger leurs arguments tant sur la forme que sur le fond,a déclaré le président. L’auteur de la motion a maintenu sa position initiale, mais les autres présidents ont, quant à eux, considéré qu’un débat improvisé sur la violence risquait fort de s’avérer totalement improductif ». Dominique Bucchini s’empressant de préciser que l’assemblée de Corse avait décidé de créer une commission spécialisée pour aborder l’ensemble des problématiques relevant précisément de ce domaine. « Cette commission constitue le cadre approprié pour engager un nécessaire travail de fond. Elle s’est donnée comme objectif de rechercher ensemble les moyens d’une action collective efficace ».
C’est donc elle, au cours de sa prochaine réunion courant janvier à Corte, qui sera chargée d’instruire la motion qui, hier, brûlait les doigts.
François Tatti persiste et redoute la « commission alibi »
Solidaires de leur président François Tatti, les conseillers territoriaux du groupe de la Gauche républicaine ont pris acte de cette position arrêtée de manière tout à fait démocratique, mais ils estiment avoir raison, en dépit de leur mise en isolement au sein de la majorité :« Nous regrettons que les autres groupes de l’assemblée aient refusé de débattre d’une motion de condamnation des assassinats commis en Corse, et plus particulièrement de la tentative de justification de l’un d’entre eux par le FLNC, préférant la renvoyer à la commission anti violence. Le groupe considère que cette commission ne peut en aucun cas justifier le refus de débattre dans l’urgence d’un tel fait en séance publique. Il redoute qu’une telle décision ne détourne cette commission de sa vocation initiale en la faisant apparaître comme une commission alibi ».
Une fois de plus, François Tatti joue les trublions au sein de sa propre majorité, même si c’est pour la bonne cause. Une attitude parfaitement revendiquée mais qui l’expose à de possibles mesures de rétorsion. En politique, les ressentiments n’ont pas la mémoire courte.
Source de l’article JMR corsematin.com
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