Il y avait les membres du « commando des anonymes », jugés coupables de l’assassinat du préfet Claude Erignac le 16 juillet 2003. Et puis il y a les anonymes tout court, oubliés d’une enquête hors normes baptisée la « procédure - poubelle » - ou le dossier « 1337 » comme ont pris l’habitude de l’appeler juges, policiers et journalistes. Cette fameuse « piste agricole » repose sur une hypothèse d’enquête simple, pour ne pas dire simpliste : c’est parce qu’il voulait assécher les magouilles de certains agriculteurs corses que le représentant de l’Etat a été assassiné. Déduction logique : c’est dans le monde agricole qu’il convient de chercher les coupables. CQFD. Vingt-trois hommes et femmes de tous âges, de toutes conditions, fonctionnaires, agriculteurs et même un ancien officier des paras se retrouvent pris dans l’étau de la justice. Leurs convictions ? Souvent nationalistes. Pas toujours. Ce que les magistrats leur reprochent pour les mettre en examen, les incarcérer, les maintenir sous de stricts contrôles judiciaires ? Des « similitudes sémantiques », pour reprendre la terminologie de Roger Marion, alors tout-puissant patron de la police antiterroriste, entre d’anciens écrits publics et le texte de revendication de l’assassinat du préfet Erignac - ce fut le cas pour Mathieu Filidori ; leur appartenance au remuant Syndicat corse de l’agriculture, pour d’autres ; la découverte de munitions à leur domicile ; parfois un simple passé de militant indépendantiste depuis longtemps oublié ou des attaches familiales avec d’autres suspects, eux-même inquiétés pour leur proximité amicale avec un individu mis en cause sur la base de dénonciations, de rumeurs, de recoupements hâtifs ou de fausses pistes. Certains se retrouveront en prison après la découverte de posters indépendantistes dans leur appartement, comme ce jeune homme âgé de 24 ans à l’époque, interpellé en juin 1998 et embastillé trois mois et demi, dont le contrôle judiciaire sera levé... dix-sept ans plus tard. Au long de ces années, leur seule consolation aura tenu au – relatif – anonymat dont ils ont bénéficié dans une affaire qui ne manquait ni de rebondissements, ni de têtes d’affiche. Il y a quinze jours, neuf d’entre eux ont obtenu une seconde victoire après le non-lieu prononcé en leur faveur en juillet 2016 : une réparation, sous la forme de 100 000 euros en raison du « délai déraisonnable de la procédure d’instruction ». Une amère victoire pour ces naufragés de la justice, après deux décennies d’une instruction au cours de laquelle aucun n’avait été entendu depuis 1999. Vies basculées, projets avortés, incertitude née d’une implacable mécanique : ces anonymes pris dans l’engrenage judiciaire d’exception mis en branle par le traumatisme du 6 février 1998 ont cependant continué à respirer, à espérer. Patiemment, ils se sont reconstruits. Ont changé de métier. Ont appris à aimer de nouveau. Voici leur histoire. « C’est une mauvaise idée, met en garde un avocat : beaucoup sont passés sous les radars des médias et ils préfèrent la discrétion, surtout depuis que neuf d’entre-eux ont fait condamner l’État à leur verser 100 000 euros. Cette histoire, ils ne veulent plus en parler ». « Ils » : les naufragés de la piste agricole, mis en examen pendant dix-neuf ans avant une ordonnance de non-lieu général rendue en juin 2016. Avant, surtout, la condamnation de l’Etat à près d’un million d’euros de dommages et intérêts cumulés, il y a quinze jours. « J’ai eu droit aux réflexions, au bar, dès que la presse en a parlé, assure l’un d’eux. Mon nom est sorti lorsque le journal a parlé du non-lieu il y a près d’un an. Certains proches n’étaient même pas au courant. Cette affaire, je veux la laisser derrière moi ». De fait, difficile d’approcher bon nombre de ces « mis en cause », partagés entre l’envie de voir leur histoire servir d’exemple et cette obsession de la discrétion qui les a tenaillés pendant près de vingt ans. Rendez-vous annulés « après réflexion », longs entretiens téléphoniques conclus par un « je ne préfère pas », kilomètres parcourus en vain pour trouver porte close : les mauvais souvenirs cadenassent encore la parole. Pas celle de Simon et Julie Fazi. Pour ce couple, il y aura un avant et un après le 2 juin 1998, ce jour où policiers et gendarmes du GIGN frappèrent à la porte de leur maison du hameau de Saint- Antoine de Ghisonaccia. C’était il y a 19 ans, le soleil qui commence à réchauffer la Plaine orientale rappelle ce petit matin d’un été naissant, ce déploiement de forces qui troubla la quiétude du petit hameau de Saint-Antoine, à une dizaine de kilomètres de Ghisonaccia. Aujourd’hui encore, Simon Fazi s’interroge sur ce qui a pu l’entraîner, lui et sa famille, dans le cyclone policier et judiciaire de l’affaire Erignac. Il sait depuis longtemps, en revanche, que son militantisme au service de la cause nationaliste l’a desservi et que son activité de syndicaliste à la FDSEA ne pouvait que l’enliser dans ce que l’on a appelé la « piste agricole ». L’ancien viticulteur a 77 ans. Il souffre du dos et cette douleur gêne parfois ses déplacements. « Après toute cette histoire, il a aussi développé un diabète, sans parler de la dépression », confie son épouse Julie. Simon, lui, ne s’apitoie pas sur son sort mais regrette avant tout que cette sinistre « piste agricole » lui ait ôté l’envie de vivre son agriculture à lui. « Ma vigne, une tradition familiale, mon élevage bovin. Quand je suis rentré en Corse après avoir connu la prison, j’ai tout abandonné. Je ne me sentais plus la force de continuer ». Depuis lors, son neveu a repris l’exploitation. Un soulagement. Pour ce travail, héritage séculaire, un policier n’eut que très peu de considération, ce 2 juin 1998, après avoir frappé à la porte des Fazi. « Il était 6 heures. Quand j’ai dit que mon mari était déjà au travail, le policier m’a répondu : « Il fait honte à la Corse, alors »? Le ton est donné. Il ne s’agit que d’un avant-goût. Julie Fazi se voit notifier sa mise en examen tandis qu’une partie du dispositif policier s’en va « cueillir » Simon dans sa vigne. Le viticulteur sait que les agriculteurs sont déjà dans la ligne de mire d’une enquête qui ratisse très large. Il sait par avance que son profil l’exposait. « Quand je les ai vus, j’ai tout de suite compris. Ils étaient une bonne quinzaine, les gendarmes cagoulés, Marion (le patron de la police antiterroriste à l’époque, ndlr) était là lui aussi. Mon premier réflexe a été de m’enfuir vers le maquis même si je n’avais absolument rien à me reprocher. Je pensais me cacher quelques jours en attendant de voir, mais j’ai renoncé quand j’ai su que ma femme était déjà en garde à vue ». Sur place, les policiers fouillent le hangar rempli de foin. « Il y en a un qui pensait avoir trouvé de l’explosif dans un sac d’engrais. Il a rameuté tout le monde ». Au moment où les perquisitions se déroulent dans la maison, Lucia, la fille aînée de Simon et Julie, est en fac à Corte. Mais la plus jeune, Silvia, est chez ses parents. A 13 ans, elle assiste à toute la scène. « Un policier s’est adressé à elle pour lui demander combien son père avait de vaches. Elle lui a répondu : « Allez les compter », se souvient sa mère. Près de deux décennies après les faits, les Fazi n’ont rien oublié et semblent avoir gardé à l’esprit le moindre détail. Pourtant, l’évocation de ces temps difficiles n’est à aucun moment troublé par la rancoeur, encore moins par la haine. Jamais un mot plus haut que l’autre, pas l’ombre d’une insulte ne fuse, même pas pour raconter le transfert à Paris depuis la base de Solenzara, le parcours « toutes sirènes hurlantes » à travers Paris pour les auditions devant les enquêteurs et, enfin, devant les magistrats antiterroristes de la Galerie Saint-Eloi. Les questions se bousculent, incessantes, répétitives. « Nous savons que vous êtes au courant de beaucoup de choses Monsieur Fazi... Madame, que savez-vous des activités de votre mari » ? L’agriculteur et son épouse, institutrice à l’époque, font front comme ils peuvent. L’assassinat du préfet Erignac est au centre de tout mais le sujet n’est jamais abordé directement. « En gros, je répondais que j’étais totalement étranger à cette affaire, comme à tous les attentats », raconte Simon Fazi qui ne pensait alors qu’à une seule chose : la libération de sa femme. « J’ai même provoqué, pendant la garde à vue à Paris, un vent de panique en menaçant de me jeter du quatrième étage. J’étais près de la fenêtre. J’ai lu la peur autour de moi. On me disait : « Calmez-vous, votre femme va sortir ». Julie Fazi sera remise en liberté deux jours après son arrivée à Paris. « A minuit, j’étais seule dans la rue ». Son époux, lui, sera mis en examen par Gilbert Thiel après quatre jours de garde-à-vue et transféré à la maison d’arrêt de Fresnes. A l’isolement avec l’étiquette du DPS (1). Gilles Simeoni et Dominique Casanova sont ses avocats. « Le juge, j’ai dû le voir deux ou trois fois. Mais un jour, un gardien est venu me chercher pour me conduire dans un bureau où j’ai eu la surprise de découvrir Jean-Louis Bruguière ». Ennemi intime de Gilbert Thiel, celui-ci interroge Simon sans même en avoir avisé son collègue dans un contexte de conflit larvé entre magistrats de l’antiterro. « Il n’avait pas le droit de me poser des questions et quand j’ai demandé à l’un de mes avocats si je pouvais dire à Thiel que Bruguière m’avait interrogé, il m’a dit : « Bien sûr, que tu dois le lui dire ». Thiel l’a très mal pris. Il s’était emporté en disant : « C’est pas possible, il m’a encore fait le coup ! ». Simon Fazi sortira de prison le 2 octobre 1998, après quatre mois de détention. De retour en Corse, il a été longtemps soumis au contrôle judiciaire, mais cette contrainte n’est pas celle qui a pesé le plus. Le temps a passé, les cibles de l’enquête ont changé, d’autres que lui et les autres protagonistes de la piste agricole sont entrés dans le box des accusés. Et pourtant... « Autour de nous, à l’exception des plus proches, les regards n’étaient plus les mêmes, se souvient Julie. Même quand une pétition de soutien a circulé, on s’est rendu compte que beaucoup de gens doutaient ». La mise en examen de Simon Fazi dans l’affaire du Crédit Agricole n’arrangea rien non plus (2). « Notre fille a même eu du mal à retourner au collège ». Au regard d’une ordonnance de non-lieu qui aura mis 19 ans à éclore, que reste-t-il de cette sombre affaire dans la vie des Fazi ? « C’est derrière nous », confient-ils sobrement. Incapables d’oublier mais soucieux d’en parler le moins possible. Voix de basse profonde, verbe haut, Dominique Fabrizy a mis au point sa propre recette pour tenir les mauvais souvenirs à distance, la même qu’il a observée scrupuleusement depuis le jour de septembre 1998 où il a ouvert la porte de son appartement du boulevard Wilson, à Calvi, à « quatre ou cinq gendarmes et Roger Marion, calibre à la main et un truc bizarre : un jean repassé, avec un pli au milieu, je n’avais jamais vu ça ». Les ingrédients de cette recette ? L’absurde. La dérision. La mise à distance. « Je n’avais rien à me reprocher et tout ça était tellement surréaliste... » Comme le fait de se retrouver en caleçon, menotté dans le dos, à tenter d’allumer la télévision à sa fille alors de quatre ans, tandis que le petit dernier de dix-huit mois achevait sa nuit dans son berceau. « Nous étions en pleines vendanges et j’étais viticulteur, une période cruciale où on ne peut pas se permettre le moindre faux pas ». Cette année-là, Dumè ne récoltera pas son raisin. « On venait de faire le blanc », soupire-t-il avec un sourire amusé. La suite des opérations ? Celle que connaîtront des dizaines d’autres personnes interpellées, les perquisitions de hangars « où il n’y avait évidemment rien à trouver » et, déjà, des interrogations : « Ils n’ont pris ni mon téléphone portable, ni mon carnet d’adresses, n’ont pas fouillé ma cave ni un appartement que je venais d’acheter et que j’étais en train de rénover ». L’ancien vigneron croit y déceler la preuve « qu’ils savaient déjà tout, qu’ils n’avaient besoin de rien d’autre ». Mais que savoir lorsqu’il n’y a rien à savoir ? « En réalité, explique un ancien policier de l’antiterrorisme soucieux de conserver l’anonymat, ces types-là étaient emballés pour la pure forme. Les collègues se moquaient de découvrir des choses puisque la plupart d’entre-eux savait pertinemment qu’il n’y avait pas grand chose à trouver, au mieux un fusil de chasse non déclaré ou trois tracts natios ». « Ils étaient surtout stupéfaits du nombre de bouquins qu’il y avait chez moi ? Je ne sais pas chez qui ils pensaient tomber... », rigole encore Dominique Fabrizy. L’ambiance n’est pas franchement tendue, pas non plus à la gaudriole. Campant son rôle de flicard à la redresse, Marion tutoie « mais pas les autres, plutôt corrects ». Conduit au commissariat de Bastia, en émoi parce qu’un élu de premier plan vient lui aussi d’être interpellé (« Tout le monde s’agitait pour lui trouver des couvertures, un téléphone portable, s’assurait de son repas ! »), Fabrizy y passe ses premières 48 heures de garde à vue, en sort pour embrasser son père venu aux nouvelles et se retrouve dans un avion de la Sécurité civile spécialement affrété, sorte de hangar volant sans autres sièges que de rares banquettes, en compagnie d’une secrétaire du Centre de promotion sociale de Corte – dont il est président – et d’un ancien militant nationaliste. Puis c’est le trajet à travers Paris en convoi spécial, jusqu’à la rue des Saussaies, alors siège de l’antiterrorisme. Conduit dans un bureau pour y être de nouveau interrogé, le vigneron y découvre des étagères remplies de dossiers, « des dizaines , avec des noms de militants connus, épais de vingt centimètres d’épaisseur ». « Tu le connais, lui ? Et lui ? » : les questions s’enchaînent entre deux moments d’anthologie façon Belmondo, comme lorsqu’un policier corse tire son arme de son holster et la pose théâtralement sur la table. Avec le recul, Dominique Fabrizy estime que « ces mecs se foutaient de l’assassin du préfet Erignac ». Ce qu’ils cherchaient ? « neutraliser la revendication agricole, mettre la Corse en coupe réglée pour que ça serve d’exemple. C’est pour ça qu’ils nous ont montés à Paris : la machine était lancée, la presse prévenue, plus moyen de reculer ». L’interrogatoire avec le juge Jean-Louis Bruguière ne durera pas plus d’un quart d’heure : « Tout était déjà prêt, il ne m’a posé presque aucune question, les papiers pour mon incarcération étaient déjà prêts et signés, direction Fresnes ». Dumè Fabrizy y passera vingt-et-un jours, le temps d’y faire « une grande expérience de vie ». Les cellules « où on ne mettrait pas un chien », les nouveaux arrivants déglingués en quelques jours « grâce aux somnifères que les médecins proposent systématiquement ». Un souvenir terrible ? « Non, on n’est pas sous Pinochet, quand même. Je me disais que c’était une farce, que tout ça finirait par s’arrêter plus ou moins rapidement, que j’en avais pour six mois, le temps que les mouches changent d’âne. Ce qui m’emmerdait vraiment, c’était les vendanges et ma famille, ma femme à qui j’ai interdit de venir pour la tenir à distance de l’apocalypse de la prison. Si je n’avais pas eu mon associé... » Entre les murs de Fresnes, le taulard malgré lui expérimente aussi la solidarité entre détenus, « deux droits communs corses condamnés à de lourdes peines, qui m’ont fait parvenir le nécessaire de première urgence, une casserole, un réchaud, un rasoir, une radio. L’un d’eux est même venu me voir pour s’assurer que je ne manquais de rien. Je ne les connaissais même pas ». Pour le reste, il vit la chronique ordinaire de la misère ordinaire en milieu carcéral français, entre les « soixante-dix nationalités, les dingues qui n’ont rien à faire derrière les barreaux et des matons parfois en plus mauvais état que les prisonniers eux-mêmes, rincés, épuisés, déprimés. Il suffisait de les écouter un peu, de leur montrer de l’attention et vous passiez d’une douche par semaine à une par jour ». Ce voyage en absurdie pénitentiaire prend fin trois semaines plus tard après un interrogatoire face à la juge Laurence Le Vert. « Trois heures trente à parler d’agriculture, de mesures de consolidations, de prêts de sauvegarde, presque aucune question sur Erignac, on était chez les fous ». Deux jours plus tard, passage express devant la chambre de l’instruction « avec une magistrate qui ronflait » et voilà le vigneron balanin éjecté sur l’avenue de la Liberté, qui mène à la prison de Fresnes (sic), « devant un arrêt de bus et une cabine téléphonique, en me disant qu’il y a plus d’humanité en prison lorsqu’on y rentre que lorsqu’on en sort ». Près de vingt ans plus tard, Dominique Fabrizy a laissé tomber la vigne, « en semi-retraite ». Ses enfants ont grandi. Il cherche à les préserver dans une Corse qu’il peine parfois à reconnaître. Il se souvient aussi de « la chance d’avoir des amis, des proches, qui se sont manifestés tout au long de cette histoire et qui ont moins bien vécu ce délire que moi ». Cinq ans plus tard, il croit que le « délire » recommence lorsque, peu avant l’arrestation d’Yvan Colonna, policiers et gendarmes frappent encore à sa porte, un petit tour et puis s’en vont : « Je ne sais toujours pas ce qu’ils cherchaient vraiment, ni même s’ils cherchaient quoi que ce soit ». En 2017, que reste-t-il de ces journées de braise, dans l’esprit d’un homme « à la nature profondément optimiste » ? A l’écouter parler, dévider le fil précis de ses souvenirs entre deux remarques ironiques, rien d’autre que le drôle de sentiment d’avoir vécu « un moment surréaliste » et une pensée solidaire « pour ceux qui ont connu bien pire ». « Absurde ». Le mot émaille le discours. Puis, le sérieux revenu, cette remarque : « Toute cette histoire fournit l’illustration par l’exemple de ce que peut entraîner un Etat qui se laisse aller à l’excès. Ce qu’ils ont été capables de nous faire, ils peuvent recommencer à le faire. C’est ce qu’ils font en ce moment, d’ailleurs ». (1) Détenu particulièrement surveillé. (2) Simon Fazi était à l’époque le président de la caisse locale du Crédit Agricole et administrateur de la caisse régionale. Sa mise en examen dans l’affaire de la banque verte avait également abouti à un non-lieu.