L’assassinat de Marie-Jeanne Bozzi, 55 ans, ancienne élue UMP, jeudi 21 avril à Porticcio (Corse-du-Sud), est la marque d’une escalade dans une vendetta où désormais les criminels ne s’interdisent plus rien. Jusqu’à ce drame, jamais, en Corse, une femme n’avait été prise pour cible. Ce jeudi, peu après 16 heures, sur le parking du centre commercial de Porticcio, située en plein centre de cette commune du golfe d’Ajaccio, un tabou est tombé. Un de plus, sur cette île en proie à une dérive meurtrière comme elle en avait déjà connu dans les années 1995-1996, lors de la guerre fratricide entre fractions nationalistes rivales.
On tue beaucoup en Corse et on y tue beaucoup plus qu’ailleurs. Proportionnellement plus qu’en Sicile (5 millions d’habitants), où sévit Cosa Nostra : 19 assassinats de type mafieux sur l’île des Toto Riina et autre Bernardo Provenzano, en 2009, 17 assassinats du même type la même année en Corse (300 000 habitants). Pour ne parler que des six derniers mois, les doigts de la main ne suffisent pas à comptabiliser les meurtres commis dans l’île : Antoine Nivaggioni, abattu à 8 heures du matin, le 17 octobre 2010, en plein centre d’Ajaccio ; Eric Recco, fauché le 19 novembre 2010, à Olmiccia ; Florian Costa, mitraillé, le 7 décembre, sous les yeux de ses enfants (8 mois et 5 ans) à Biguglia, non loin de Bastia ; Claude Peretti, exécuté, le 2 décembre 2010, à Sartène ; Marc Paolini, assassiné, le 15 décembre 2010, à Migliacciaru, sur la plaine orientale ; Dominique Domarchi, tué au fusil de chasse, à 1 heure, dans la nuit du 21 mars, à Saint-André-de-Cotone, sur les hauteurs d’Aléria.
Source et suite de l’article sur : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/04/26/en-corse-mortelle-promiscuite-entre-pegre-et-politique_1513004_3232.html