#Corse « Forces et faiblesses du STC d’aujourd’hui » Tribune libre

Une 1ère contribution a traité de l’histoire de la création des contre-pouvoirs syndicaux, associatifs et socio-professionnels en corse dans les années 80.

Une 2ème contribution a traité du syndicalisme et des revendications sociales dans l’île jusqu’à la création du Syndicat des Travailleurs corses le 1er mai 1984.

Cette 3ème contribution, sous forme de Tribune Libre, traite du STC, 1er syndicat de salariés en Corse, de ses forces et de ses faiblesses aujourd’hui face aux nouveaux enjeux imposés à la Corse et aux évolutions sociétales, sociales et économiques.



 

TRIBUNE LIBRE : FORCES ET FAIBLESSES DU STC D’AUJOURD’HUI

 



Aujourd’hui, la plupart des contre-pouvoirs mis en place dans les années 80, ont quasiment disparu au fil des recompositions du mouvement nationaliste, certains se sont dévoyés par rapport aux grands principes et fondements originels de La Lutte de Libération Nationale, notamment la solidarité, l’originalité et la complémentarité.

La cause première en a été les affrontements mortifères entre nationalistes des années 90… mais pas que. Les évolutions, sociales, sociétales et économiques en Corse et dans le monde avec les conséquences d’une économie mondialisée, les évolutions technologiques…. ont pesé.

Le militantisme a aussi évolué, et la politisation individuelle et collective au sein de ces structures de contre-pouvoirs en a subi les conséquences, au-delà de contraintes extérieures, multiples et diverses, les conduisant à s’adapter à des évolutions s’imposant désormais, nolens volens, à la Corse et aux Corses.

Parmi les secteurs d’activités où demeurent et agissent encore des structures issues des contre-pouvoirs des années 80, la jeunesse continue d’occuper son secteur d’intervention, même si souvent elle gagnerait à séparer son « créneau syndical » de ses activités « plus politiques », et à ne pas trop faire du suivisme ou du mimétisme au plan de la réflexion, des revendications et des mobilisations par rapport aux structures politique adultes.

Mais certains secteurs d’activités posent aussi d’autres problèmes. À l’exemple du domaine agricole où l’éparpillement des structures, l’inféodation aux syndicats hexagonaux affaiblit les revendications plus spécifiques du monde agricole corse. Cette situation devrait inciter à la réflexion et à la définition de stratégies d’ensemble porteuses de projets allant dans le sens des intérêts collectifs de l’agriculture de l’île, qui doit demeurer un élément incontournable d’un projet de réel développement économique en Corse. Il en est de même pour le petit commerce, l’artisanat, la pêche, les PME étant un des piliers de l’économie de l’île.

Ces constats, nécessiteraient bien entendu de plus amples développements.

Au fil des années, les structures de contre-pouvoirs ont donc été conduites à s’adapter, ou à disparaître. Les Nationalistes en contrepoint ont engrangé des succès certains au plan institutionnel, politique mais aussi syndicaux, et socio-professionnels. Le FLNC UC, (suivi par le FLNC du 22 octobre), a annoncé en Juin 2014 une stratégie de démilitarisation.

Le rôle du STC

Nous nous pencherons aujourd’hui sur le rôle du STC et son action face aux nouveaux enjeux auxquels est confrontée l’île pour les années à venir.

Le 1er mai 1984, lors du rassemblement d’officialisation du nouveau syndicat, place des palmiers d’Ajaccio, le « Sindicatu di i Travagliadori Corsi », STC, prend la suite des premiers « Associi Naziunalisti » crées dans diverses entreprises, administrations ou secteurs économiques durant les mois précédents et coordonnés au sein de la « Cuncolta di l’Associi Naziunalisti » (CAN). En décembre 2002, arrivé en tête aux élections prud’homales, il devient officiellement le 1er syndicat de Corse, confirmant sa place prépondérante dans le paysage social de l’île. Il a pu déjà dresser un bilan plus que satisfaisant lors de son congrès de 2003 et à l’occasion de la célébration de ses vingt années d’existence en mai 2004[1]. Depuis il a poursuivi son chemin, engrangeant les succès aux échéances professionnelles, imposant et renforçant sa présence et sa représentativité dans tous les secteurs d’activité, dans nombre d’institutions et sur le terrain auprès d’un nombre de plus en plus élevé de salariés. Malgré d’importantes divergences, un rapprochement s’opérera ponctuellement et conjoncturellement avec les syndicats traditionnels, mais ces syndicats ne plaçant pas le peuple corse au centre de toute stratégie de revendication et de mobilisation, les oppositions demeurent profondes, au-delà de certaines intersyndicales découlant de situations particulières au sein de certaines entreprises ou administrations.

Au-delà des évolutions internationales, (chute du mur de Berlin, construction européenne mondialisation de l’économie…), au-delà des déceptions engendrées par la gestion peu sociale de la gauche quand elle a été au pouvoir…, les dérives des syndicats traditionnels vers une «institutionnalisation et une fonctionnarisation», – entraînant la perte d’un contact permanent avec la réalité du terrain social et les problèmes des salariés, surtout en Corse-, expliquent en partie leur désaffection et la perte de leur influence locale au profit notamment du STC. La dynamique de la revendication nationaliste à laquelle était consubstantiellement relié le STC (originalité/complémentarité/solidarité) a fait le reste.

Une présence active dans tous les secteurs de la vie économique et sociale ont ainsi fait du STC un élément incontournable du paysage syndical insulaire. Le STC aura également acquis entre temps une audience au niveau européen, à l’occasion de la prise spectaculaire du navire « Pasquale-Paoli » en novembre 2005, mais aussi grâce au développement de relations internationales et aux contacts privilégiés qu’il a noués avec les syndicalistes du pays Basque ou des DOM-TOM.

Ce qui a changé aujourd’hui

La situation économique en Corse est frappée de plein fouet par la mondialisation. En réponse, le développement qui nous est imposé accorde au tout-tourisme toutes les vertus, avec pour résultat, au-delà des dégâts causés (environnement, infrastructures, spéculation, mafia, drogue…), un lourd chômage, une dépendance et un clientélisme qui se développent, des productions locales « tolérées » sous forme de « niches » en attendant leur disparition, et la plupart des bénéfices repartant ailleurs. Les corses eux se partagent des miettes, quelques-uns seulement profitant de ce pseudo-développement tandis que la majorité s’appauvrit et se paupérise, notamment les jeunes et les retraités. Cette situation économique et sociale est plus qu’inquiétante : 23 000 chômeurs, la Corse, « région la plus pauvre de France » avec 60 000 personnes sur 320 000 personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, une paupérisation et une précarisation qui se développent, un accès au logement, à l’emploi, à la formation de plus en plus difficile pour les locaux alors que le domaine de la construction immobilière explose dans l’île… Les ménages désunis, les jeunes et les retraités en sont les premières victimes.

Dans le domaine économique/social/sociétal, le STC a donc un rôle important à jouer en tant que contre-pouvoir, et en tant que force de propositions auprès des administrations, mais aussi des institutions et des entreprises corses ou installées en Corse. Il doit être en première ligne pour que la question sociale ne puisse être minimisée ou ignorée par des décideurs institutionnels ou patronaux et pour s’opposer à une économie du tout-tourisme et de la dépendance engageant la Corse et les corses vers une société à deux vitesses, avec une minorité de riches et une majorité grandissante de personnes ayant du mal à joindre les deux bouts. S’il doit donc être plus que jamais aux côtés des salariés et les soutenir dans les revendications et la défense de leurs droits au quotidien, il doit renforcer sa démarche d’ensemble dans une stratégie de défense des intérêts collectifs et des services publics, et exiger la prise en compte d’une plus grande justice sociale par une meilleure répartition des retombées et bénéfices de l’économie au profit du plus grand nombre dans l’île.

Eviter les travers des syndicats traditionnels

Mais aujourd’hui, si le STC s’est développé malgré les écueils et les oppositions, il est néanmoins un géant aux pieds d’argile, car à l’échelle de la Corse, il est lui aussi désormais confronté à certaines problématiques qui font que son avenir dépendra de sa capacité à trouver des réponses adaptées à la Corse et surtout à éviter précisément les travers des syndicats traditionnels.

Il est pour cela important pour lui et ses adhérents de rappeler certains principes fondateurs. Si certains de ces principes et fondements ne conviennent plus, il faut le dire publiquement, les faire évoluer, les modifier, voire les remplacer si nécessaire mais il faut les faire avaliser après débats par les instances et en congrès.

Le STC doit pouvoir allier « syndicalisme de services » (soutien aux retraités, assistance juridique et fiscale, aides aux logements, aux loisirs, à la formation… comme les syndicats italiens ) « syndicalisme de négociation », – (mais aujourd’hui celui-ci est de plus en plus difficile au vu de l’évolution des technologies qui incite les entreprises à des dégraissages et à des baisses d’effectifs avec des aménagements – réductions du temps de travail) -, sans laisser de côté le « syndicalisme de mobilisation » pour imposer une répartition du temps de travail qui permette de lutter contre le chômage et l’exclusion sociale, tout en insistant sur les salaires et le pouvoir d’achat. Il doit pouvoir alterner l’action directe de régulation des rapports sociaux autour du conflit et de la négociation, et l’action indirecte de représentation par laquelle il doit jouer un rôle de « fonctionnaire du social » en s’affirmant comme une institution incontournable. Son avenir se joue dans l’équilibre et la complémentarité qu’il saura trouver entre ses deux voies, sous peine de tomber dans les travers qui ont affaibli le syndicalisme traditionnel français/européen.

L’indépendance syndicale

L’indépendance syndicale n’a jamais signifié « apolitisme ». Le STC étant un « syndicat politique » de par son histoire, sa création, ses fondements, Il est consubstantiel de l’ensemble de la mouvance nationaliste corse.

Son « indépendance » vis-à-vis des partis politiques nationalistes s’est imposée au fil des années 90, parce que ces mouvements se sont divisés et que la lutte n’est plus apparue unique et unitaire. Cette indépendance s’est imposée vis-à-vis de ces mouvements pour éviter la main mise d’une quelconque structure politique nationaliste « partisane » sur le syndicat. Cette évolution, inéluctable au vu des errements des années 90, ayant brisé l’unicité de la lutte nationaliste, s’est opérée naturellement, après débats au sein du syndicat, aboutissant à un « refus d’une quelconque dépendance » vis-à-vis de quelque parti ou institution.

Pour autant cela n’a jamais signifié et ne signifie pas que le STC se situe se situer en dehors de la démarche nationale d’ensemble. Cela doit être réaffirmé avec force et précisé à chaque nouvel adhérent, chaque nouvelle création de section et au sein de chaque secteur du syndicat. Le STC doit demeurer un « syndicat nationaliste », et ses adhérents ou candidats à l’adhésion doivent le savoir et en être convaincus, tout comme les mouvements nationalistes, les administrations, les entreprises, les institutions et l’État.

Pour faire simple, s’il lui faut veiller à préserver son autonomie/indépendance, à l’égard des mouvements politiques, et de toute institution/Collectivité/entreprise, il doit toutefois éviter de se couper de la revendication nationaliste dans sa globalité, hors de laquelle il serait condamné à une « normalisation » qui lui serait à terme fatale, même s’il continuait à faire preuve d’une plus grande combativité que ses pairs.

Il doit aussi veiller, eu égard aux relations sociales générées par la proximité insulaire, et aux graves difficultés économiques que connaît l’île, à ne pas se laisser phagocyter par le discours populiste et paternaliste du patronat insulaire. Il se doit de dénoncer avec vigueur les « nouveaux et dynamiques entrepreneurs » corses ou installés en Corse, qui sous couvert d’économie à moderniser, vont jusqu’à refuser le combat social et syndical dans leurs entreprises… et cela même s’ils peuvent se déclarer proches du monde nationaliste.

Le cordon ombilical

Le débat sur la solidarité avec le FLNC (originalité, solidarité, complémentarité) avec le positionnement du syndicat par rapport à la violence politique a été peu à peu escamoté. Cela s’est produit d’abord au travers de condamnations ponctuelles d’attentats visant certaines administrations et entreprises où existaient des sections STC, puis progressivement de la stratégie de lutte armée. Cela a été rendu possible du fait des errements mortifères des années 90. Aujourd’hui, si ce débat semble dépassé, les organisations clandestines s’étant engagées dans une stratégie de démilitarisation, pour autant il faut admettre que ce débat n’a jamais eu lieu au sein des instances statutaires du syndicat. Il n’a jamais donné lieu à un débat suivi de votes aux différents congrès pour décider de nouvelles orientations en ce domaine.

La corsisation des emplois

La Corse est soumise une « politique de colonisation de peuplement », (Près de 5000 arrivées chaque année depuis l’an 2000, une démographie évolutive allant vers une « décorsisation de tous les secteurs de l’économie » et une « minorisation des Corses » chez eux), le peuple corse, même avec la meilleure volonté du monde, n’a que peu de moyens pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants. La « fabrique des Corses » n’existe pas ou plus.

Il appartient aujourd’hui au syndicat, vu le nombre croissant de militants et des adhésions venant d’horizons très divers, de ne pas se laisser « dériver » vers une « dépolitisation » progressive qui le déconnecterait de sa vocation fondamentale de syndicat spécifiquement corse. Beaucoup de nouveaux arrivants, informés de l’importance du STC et de son poids, -et au vu de la désaffection dont souffrent les syndicats traditionnels-, n’hésitent plus à venir prendre leur carte au syndicat.

Cela pose et posera problème de plus en plus à l’avenir. Au-delà de la « course aux cartes », comment concilier la revendication de la « corsisation des emplois » et l’acceptation au sein du syndicat de nombre de salariés issus de ces installations massives de non-corses.

Si le STC ne refuse pas de syndiquer ces nouveaux arrivants, il se doit néanmoins de rappeler (et de leur repréciser) certaines de ses bases « nationalistes ». Et pour cela ses responsables élus dans les instances du syndicat se doivent régulièrement d’aller dans les entreprises et administrations pour les réaffirmer auprès des adhérents et des sections et secteurs. Ils doivent régulièrement les informer, mais aussi écouter les doléances des adhérents et voir les suites à donner au vu des problèmes posés, (salaires, conditions de travail, avancement, indices, promotions, avantages sociaux, formation, la liste n’est pas exhaustive) concernant les droits des salariés dans les entreprises ou les administrations.

C’est ainsi que tout nouvel adhérent, (cela a été proposé maintes fois au sein des structures mais jamais mis en pratique), devrait dès lors qu’il vient de s’installer en Corse, être astreint à une période de probation, à charge pour lui de s’informer sur l’histoire de la Corse, l’histoire des luttes corses, l’histoire du STC, la culture corse, apprendre la langue et bien sûr participer aux mobilisations et activités du STC sur le terrain. J’ai pour ma part, depuis la création, participé à nombre de mobilisations du STC, y compris jusqu’à récemment. J’y ai toujours vu quasiment les mêmes militants, et peu de nouveaux militants-nouveaux arrivants qui s’étaient encartés, que le syndicat avait défendus au sein de leurs entreprises ou aux Prud’hommes. Trop de personnes arrivant dans l’île s’inscrivent désormais au STC, car elles pensent que le STC les défendra plus que les autres syndicats traditionnels, mais ne participent que très peu aux activités et aux mobilisations du syndicat, (excepté quand leur entreprise et leurs emplois sont directement concernés). Aujourd’hui des sections se créent avec même parfois une majorité d’adhérents non-corses, certaines désignent des responsables de sections non-corses. Cette tendance, si elle se poursuit affaiblira à terme l’impact du STC.

L’autonomie des secteurs et des sections

C’est le point fable du STC depuis des années. Il devient problématique aujourd’hui, car il suffit de trois adhérents pour créer une section. Avec les succès nationalistes, nombre de personnes qui se sont toujours opposées au nationalisme corse, qui l’ont critiqué au fil des ans ou qui n’ont jamais été nationalistes rejoignent les mouvements nationalistes, et bien sûr le STC.

Et là où le bât blesse c’est que « l’autonomie » des sections (et des secteurs) permet d’avoir carte blanche au sein de la section ou du secteur.

D’où l’aberration, car il suffit de quatre adhérents pour créer une section. Ainsi, aujourd’hui cette « autonomie » permet à trois salariés ayant toujours combattu les idées nationalistes et le mouvement nationaliste, ou à trois non-corses récemment arrivés, de créer dans n’importe quelle entreprise, ou administration, une section et ensuite d’y faire ce qu’elle veut au plan syndical avec le patron ou les responsables administratifs, n’ayant plus de comptes à rendre à la Direction du STC. Et cela sous couvert du STC, faisant fi de ses fondements et objectifs, occultant même les orientations du STC. L’activité du STC sera alors tributaire des relations, (bonnes ou mauvaises) entre les responsables de l’entreprise ou de l’administration et les délégués de la section ou du secteur, sans que les instances dirigeantes du syndicat en aient connaissance, avec le danger d’une entente avec le patron en échange de services mutuels. Le STC se doit donc de veiller à ce que « l’autonomie », (souveraineté/indépendance) des diverses sections, ou des secteurs, soit comprise dans le cadre d’une vision d’ensemble du syndicat, de sa philosophie, et de ses orientations stratégiques, et non pas d’une vision carriériste ou partisane pouvant conduire à soutenir consciemment ou non des choix politiques, sociaux ou administratifs en contradiction avec sa ligne syndicale. D’où la nécessité de remettre en question ce « concept de l’autonomie des sections et secteurs » au profit des instances dirigeantes statutaires du syndicat, afin de mettre un terme à des dérives qui se développent dans nombre de sections.

Élections TPE dans l’Hexagone

Le STC a décidé de présenter des listes dans l’hexagone français. Que peut bien faire un syndicat corse issu de la LLN, dans l’Hexagone. S’il faut organiser des salariés corses exilés, si ces salariés veulent s’organiser, rien n’empêche la création d’une branche syndicale pour s’occuper de leur retour ou de leur mutation, ou alors individuellement, en attendant leur mutation ou leur retour en Corse, pourquoi n’adhèrent-ils pas à des syndicats identitaires en Bretagne, au Pays Basque ou ailleurs ? Est-il crédible de créer des sections STC dans l’Hexagone, même avec l’appui d’adhérents non-corses ? Pour quels buts ? Heureusement la CGT a permis d’oublier cette situation « incongrue », en attaquant cette présence aux élections TPE dans l’Hexagone. Mais avait-elle le choix, (alors qu’elle avait perdu ce combat en Corse dans les années où le STC devait se battre pour arracher sa représentativité dans l’île), pouvait-elle accepter cette « concurrence », un peu « surréaliste » dans l’Hexagone d’un syndicat issu de la lutte de libération nationale corse, sans réagir ? En fait le problème posé est la non-prise en compte des évolutions qui font que la « décentralisation » pour laquelle le STC s’est battu par rapport à la dépendance de la Corse vis-à-vis de décisions qui lui étaient imposées de l’extérieur, et qu’elle avait réussi à imposer dans nombre d’entreprises et administrations, a été progressivement détournée… sans réactions adéquates des structures du STC et des mouvements politiques pour dénoncer ce tour de passe-passe. Le STC ne se mobilise pas ou plus contre la « déconcentration » qui a désormais pris le relais au sein de nombre d’entreprises et d’administrations, dont les instances, dirigeants et patrons sont hors de Corse. Les décisions sont prises ailleurs et imposées dans l’île, à l’image de grandes entreprises et administrations, mais pas que… telles France 3 corse, RCFM, l’AFPA, les assurances, orange, la Poste, les Télécoms, et j’en oublie sûrement… Et le but poursuivi par le syndicat, – au lieu de dénoncer cette « déconcentration » et de se mobiliser pour que les décisions soient prises en Corse au sein de ces administrations et entreprises, dans le cadre d’une réelle politique de « décentralisation »-, se contentant d’être présent aux Conseils d’administrations ou aux Comités d’entreprises à Paris, où ses représentants sont tolérés (flattés) de par leur strapontin-hochet d’élu grâce même parfois à des voix de salariés qui pourtant n’ont rien à voir avec la Corse et les problèmes des salariés en Corse.

Les Projets d’entreprises

Les Secteurs regroupent des sections différentes dans un domaine particulier. Certains ont incontestablement une dimension stratégique, (information, transports, sante, formation… la liste n’est pas exhaustive), et le STC au fil de ses congrès les a toujours analysés comme tels. Si au départ ces secteurs avaient une réflexion et des propositions dans le développement stratégique de leur entreprise en complémentarité avec celui leur domaine d’intervention, ce n’est aujourd’hui quasiment plus le cas, les réponses du STC apparaissant ponctuelles, partielles, voire inexistantes. Or ces orientations stratégiques sont complémentaires et indissociables d’une stratégie d’ensemble du Syndicat dans ses propositions pour l’évolution de la Corse (autour d’un Projet collectif au profit du Peuple corse) dans tous les domaines de l’économie, du social, et du sociétal. Ce qui doit lui permettre d’avoir toute sa place et son mot à dire dans les rapports de force avec l’État, les décideurs de tous ordres, les institutions, les Collectivités et les mouvements politiques, mais aussi toute sa place dans un projet collectif porté par l’ensemble du mouvement national corse

Pour conclure

Le principal challenge du STC aujourd’hui consiste en fait, face à l’afflux massif qui est venu grossir ses rangs, à ne pas perdre sa « substantifique moelle » et à canaliser sa nouvelle dynamique pour ne pas être, en fin de compte, victime de son succès. Oublier ses fondements de syndicat nationaliste visant à changer le système économique et social dans l’île dans un processus de décolonisation, -même si des évolutions sont incontournables, mais à condition de les avaliser collectivement au sein des instances décisionnelles du STC-, oublier de se référer toujours au peuple corse et a ses droits, serait suicidaire pour lui demain.

Cette perspective/dérive conduirait le STC à n’être qu’une CGT bis, se cantonnant dans la défense des intérêts particuliers de ses adhérents, et oubliant de facto la corsisation des emplois, – simple slogan ? -, pour ne plus viser que le recrutement d’adhérents toujours plus nombreux avec une participation toujours plus « récupératrice/ liquidatrice » dans les institutions au fil des élections professionnelles.

Pierre Poggioli

[1] Poggioli Pierre, « Histoire du Syndicat des Travailleurs Corses », DCL éditions, 2008, 332p

https://www.corsicainfurmazione.org/93047/corse-chjassicumunu-en-reunion/2017/

 

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