« La Corse est schizophrène, elle vote désormais aux Territoriales pour les mouvements nationalistes corses et aux Présidentielles elle porte ses voix sur la droite et désormais l’extrême-droite qui se sont pourtant toujours opposées aux idées nationalistes corses.
Pourtant les nationalistes corses parlent d’indépendance, de souveraineté d’Autodétermination, pointent du doigt la politique coloniale française, demandent la décolonisation de l’île, s’intéressent à l’indépendance écossaise ou Catalane, rêvant de la même voie.
C’est vrai elle a toujours été classée à droite, (rurale, elle a toujours été plutôt conservatrice, comme toutes les contrées à forte ruralité). Elle a depuis es décennies voté à gauche quand la droite était au pouvoir à Paris et à droite quand la gauche était au pouvoir à Paris…”Magie des forces clanistes” jouant sur la droite ou la gauche en fonction de leurs liens avec le pouvoir parisien. “Aliénation coloniale” qui la faisait toujours voter à contre-courant de la tendance hexagonale…
Mais aujourd’hui ce qui a changé c’est la percée du Front National, et la Corse suit le mouvement hexagonal.. Cela est sûrement du à l‘inclusion progressive du système de pensée corse dans le moule de la pensée moyenne française (u francisumu) fait qu’aujourd’hui elle est attentive au populisme français. La colonisation de peuplement (5000 nouveaux arrivants chaque année depuis l’an 2000) en majorité, (dont beaucoup de militaires, policiers, gendarmes, ou retraités de ces corps) explique cette nouveauté, les retraités non corses en recherche de tranquillité et de qualité de vie et l’afflux de jeunes couples quittant le 93 pour échapper à l’insécurité des grandes agglomérations françaises expliquent aussi cela, mais pas que…
Il faut reconnaître que si de nombreux Corses, dont certains flirtent même avec le mouvement nationaliste corse, s’apprêtent, sans mauvaise conscience aucune, à voter Le Pen. Paradoxe ?
Cette attitude découle d’une part, selon eux, de leur insatisfaction des réponses apportées par les mouvements nationalistes corses qui n’osent pas avoir une réflexion et une analyse sur l’immigration (et la colonisation de peuplement accessoirement) hors du champ du politiquement correct Hexagonal, et d’autre part parce que ces Corses ont dans leurs télés et les médias un miroir qui leur renvoie une société française dans laquelle ils ne se connaissent pas au vu de certaines situations et de nombre d’Evènements qu’ils craignent de voir se reproduire dans l’île.
Alors reconnaissons-le, le problème qui les trouble, les traumatise, au-delà des idées ou pseudo-idées de l’extrême-droite, c’est tout simplement la peur du monde musulman au-delà des attentats islamiste, et en Corse où les musulmans sont majoritairement arabes, c’est la peur de l’immigration arabe, (à tel point qu’ils en oublient l’immigration française de l’intérieur). Pour ces Corses, la question est leur nombre, et les chiffres (près de 60000 immigrés ou naturalisés français habitant dans l’île sur 320000 habitants) avec en plus la montée du Salafisme et du terrorisme qu’ils amalgament, les poussent dans les bras de ceux qui dénoncent, racisme à l’appui, cette population issue du Maghreb ou d’ailleurs…
Leur réflexion est basée uniquement sur une analyse quantitative “réductrice”, leur seule réponse à nos critiques, et ils en sont convaincus, le répétant de plus en plus fortement, étant qu’ils jugent impossible leur intégration, surtout au vu de l’état du peuple corse, -qui ne sait plus très bien qui il est et qui parle de valeurs dont on peut de demander aujourd’hui si elles existent encore-.
Si Marine Le Pen est élue, (mais vraisemblablement le système jouera de tous ses atouts en appelant au secours pour la battre, ce système qui ne cherchera même pas à se remettre en question, n’admettant en aucune façon que la montée de l’extrême droite s’est nourrie de son incapacité à prendre réellement en charge les problèmes des gens et du peuple), les jours seront encore plus difficiles pour la Corse et les Corses.
Ses prises de position sur notre langue, notre culture, la régionalisation, la décentralisation sont claires. Ce sera le retour en arrière dans l’île et le renforcement de l’Etat-nation français qui ne tolèrera aucune exception ou spécificités. La Corse reviendra dans le moule de l’uniformisation française.
Alors les Corses (et les nationalistes corses s’il y en a ?) qui veulent voter Front National, réfléchissez bien aux conséquences. Et les nationalistes corses, qui pour X raisons veulent porter leurs voix a un quelconque candidat, faites-le en votre âme et conscience, sans pour autant avoir une quelconque participation à la campagne et sans pour autant le claironner, car la Corse est leur dernier souci. »
Pierre Poggioli (<– suivre son compte facebook)
En 2012, le FN avait recueilli 24,39% des suffrages en 2012, Marine Le Pen était arrivée en 2ème position derrière Nicolas Sarkozy (31,41%), grillant la priorité à François Hollande pour moins de 200 voix d’écart. Aujourd’hui, elle fait la course en tête et obtient 29% des intentions de vote en Corse, améliorant de 4 points les intentions de vote nationales. Par ailleurs, Marine Le Pen distance de 8 points le candidat LR. François Fillon atteint 21% d’intentions de vote. Les affaires, les distances prises par certains élus insulaires membres des Républicains et l’intérêt tout relatif porté à la région expliquant peut-être le peu d’engouement autour de l’ex Premier ministre de Nicolas Sarkozy