Le 22 octobre dernier, nous avons comparu à ce Palais d’Aiete pour présenter le Forum Social Permanent qui réunit aujourd’hui 17 organisations et 14 personnes à titre individuel.
La conviction que la société civile est un élément qui doit contribuer au processus de paix et à la construction du vivre ensemble nous a tous encouragés à travailler ensemble. Nous étions unis en outre par la certitude que c’est la société civile qui peut dénouer les nœuds de la résolution des conséquences du conflit. Ce que nous appelions alors blocages multiples.
Deux mois plus tard, trois personnes représentatives de la société civile à Iparralde, connues désormais comme les Artisans de la paix, ont mis en place une initiative de nature profondément politique qui a servi de levier au nouveau scénario que nous vivons.
Depuis la création du Forum Social, nous avons dit que nous sommes plongés dans un processus singulier qui a requis et continuera de requérir des initiatives novatrices.
Et dans ce sens, nous souhaitons faire part de notre reconnaissance aux Artisans de la paix qui, grâce à leur initiative, leur courage et leur travail, ont largement contribué à ce que le consensus que nous vivons aujourd’hui soit aussi transversal.
Nous pouvons affirmer aujourd’hui que grâce à son initiative et le travail de nombreuses personnes de secteurs différents, nous sommes parvenus entre tous à construire un vaste consensus qui a permis de parvenir à ce scénario favorable.
Dans ce sens, nous souhaitons souligner la générosité de ces derniers mois. Les Gouvernements de Navarre et Euskadi, la nouvelle institution d’Iparralde, les partis politiques et leurs élus, les syndicats et la société civile, ont fait preuve d’une maturité à un moment clé.
Et nous le disons compte tenu des moments difficiles qu’a traversés ce processus y compris pendant les semaines où il semblait que les méfiances réapparaissaient et bloquaient, tous les acteurs, à travers un travail discret et patient, ont su contribuer pour parvenir à ce scénario.
L’initiative de Luhoso est parvenue à faire bouger les lignes rouges de tous les acteurs. Et nous disons bien tous. Nous l’avons vu lundi dernier au Parlement de Navarre et nous le verrons jeudi prochain au Parlement Basque.
Dans ce sens, nous tenons à dire que nous notons également une certaine évolution positive dans les positions des Gouvernements français et espagnol et le parti qui dirige ce dernier. Nous espérons qu’elles se maintiendront au moins jusqu’au 08 Avril.
Le 8, les personnes ici présentes se trouveront à Bayonne, avec des centaines de personnes. Et nous le ferons depuis la conviction et la fierté, que nous sommes tous artisans de la construction de la paix.
Ce jour marquera un avant et un après dans ledit processus de paix initié il y a cinq ans et demi ici même.
Le 09, nous nous trouverons sur une nouvelle situation, où l’une des questions en attente (le désarmement) aura été résolue définitivement, et ETA sera une organisation non armée.
Le désarmement doit être au service du processus de paix et doit permettre de créer de nouvelles opportunités pour que le reste des conséquences du conflit soient résolues.
Et cette nouvelle situation devrait servir dans trois objectifs :
- Premièrement, nous devons sauvegarder le vaste consensus obtenu sur ce sujet et construire des consensus en thèmes les questions de la reconnaissance et la réparation de toutes les victimes, le vivre ensemble, la mémoire, le retour des personnes emprisonnées et qui se sont exilés et les droits humains. Et en outre, nous devons élargir encore plus cet accord à de nouveaux secteurs de notre société. Car avec une paix juste et durable, construite sur des bases solides, nous gagnons tous.
- Deuxièmement, nous devons approfondir le schéma basé sur la triangulaire que nous proposions dans nos recommandations du III Forum Social réalisé à Gernika en janvier 2016. Les Gouvernements et les institutions, la Commission Internationale de Vérification et la société civile. Si avec le désarmement nous sommes parvenus à un consensus tel que celui indiqué dans les déclarations de deux parlements, nous pouvons et nous devons le tenter avec le reste de sujets. Par exemple, avec la construction d’une feuille de route consensuelle pour le retour à la maison des personnes emprisonnées et qui ont fui.
- Et troisièmement. Nous comprenons également que cela doit être une opportunité pour les gouvernements espagnol et français. Cette nouvelle situation rendra encore plus incompréhensible certaines politiques et principalement, celles relatives à leurs politiques d’emprisonnement.
La société basque vit actuellement une période d’espoir. Nous vivons des semaines vertigineuses et historiques. Sachons profiter de cette période pour continuer à travailler.
Les et personnes qui composent le Forum Social Permanent le répètent : nous n’allons pas nous résigner et nous allons continuer de travailler pour que l’ensemble des conséquences du conflit ait une solution avec des paramètres raisonnables, fuyant des logiques de guerre, de vengeances, de vainqueurs et vaincus.
L’expérience de nos grands-parents et parents en 1936 nous dit que cette logique n’offre aucune garantie pour que l’histoire ne se répète pas.
http://www.forosocialpaz.org/