Conférence de presse du Rinnovu Naziunali hier matin à Aiacciu afin d’interpeller les candidats à la Présidentielle pour une véritable solution politique.
Après Sulidarità, c’est au tours du mouvement indépendantiste U Rinnovu Naziunali d’interpeller les candidats à l’élection Présidentielle.
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Pour U Rinnovu Naziunali, l’avenir de la Corse va au-delà d’une collectivité unique, régie par l’article 72, et sans pouvoir législatif.
Rinnovu s’est adressé, ce matin à Aiacciu, au cours d’une conférence de presse, aux candidats à l’élection Présidentielle pour connaître leurs propositions pour la Corse.
Celles ci passent par une véritable feuille de route émancipatrice, dès l’horizon 2022.
Rinnovu exige :
- – La reconnaissance du peuple corse et de ses droits nationaux sur sa terre;
- – La dévolution d’un pouvoir législatif à l’Assemblée de Corse;
- – Un statut d’autonomie transitoire sur la base minimale de l’article 74 de la constitution;
- – Un référendum d’autodétermination sur l’indépendance d’ici l’échéance 2032.
La question corse doit être abordée comme une question de droit des peuples et de libre détermination.
Voici le texte de la conférence de presse et la lettre ouverte aux candidats :
Conférence de presse
Aiacciu, u 29 di marzu di u 2017
Le 2 mars dernier, l’Assemblée de Corse accueillait, dans son hémicycle, le Président de la République, François Hollande, qui va quitter le pouvoir d’ici quelques semaines.
Durant ces cinq années, le bilan de la politique française en Corse a été relativement pauvre. Le Parti Socialiste au pouvoir, pourtant à l’origine depuis 35 ans de toutes les avancées institutionnelles significatives, n’a pas su, ou voulu, donner l’élan nécessaire à un véritable changement de cap politique sur l’île.
Au départ frileux, voire hostile à toutes revendications, François Hollande et le Gouvernement n’ont pas répondu aux demandes démocratiques fortes des Corses, élus ou citoyens, sur des thèmes consensuels comme la reconnaissance de nos droits, une réforme constitutionnelle incluant le pouvoir législatif ou la libération des prisonniers. À ce titre, la visite du 1er Ministre, Manuel Valls, en juillet 2016 à Aiacciu, était relativement éloquente en termes de fermeture politique.
L’Etat s’est contenté du strict minimum : La Collectivité unique qui était déjà, pour mémoire, en débat sous Lionel Jospin en 1999, et au cœur du référendum de juillet 2003.
Nous prenons certes acte de cette avancée, qui marque notamment la fin des Conseils Généraux, symboles du clanisme, mais, pour sa part, Rinnovu, s’il avait été représenté à la CTC au moment des négociations, n’aurait pas voté les ordonnances en l’état. En effet, pour nous, la collectivité unique devait être dotée d’un transfert de pouvoir législatif, de compétences exclusives ou accompagnée par des intercommunalités renforcées dont la Corse a besoin.
Sans oublier la nécessaire reconnaissance du peuple corse, peuple cité à plusieurs reprises, le 2 mars, par François Hollande, dont le discours à l’Assemblée, intéressant sur le fond, aurait eu, surement, plus d’impact s’il avait été prononcé le 2 mars des années 2013, 2014, 2015 voire même 2016 plutôt que le 2 mars 2017 à deux mois d’une fin de mandat.
Aujourd’hui, la Corse est à la croisée des chemins. Elle ne peut plus se permettre d’attendre, à chaque fois 15 ans, pour voir aboutir des revendications politiques qui font consensus au sein de notre société. De plus, l’avenir de notre pays va au-delà d’une simple collectivité unique, toujours régie par l’article 72. Il passe, au contraire, par un véritable processus de décolonisation, non pas au sens romantique du terme mais avec un cadre politique concret qui est celui de la souveraineté.
L’Europe est en mouvement. Malte, plus petite que le Cap, a rejoint l’UE alors que la Catalogne et l’Ecosse poussent vers le concert des nations souveraines. De plus, toutes les îles de Méditerranée occidentales ont des statuts avancés d’autonomie.
La Corse ne peut rester sur le bord du chemin de l’histoire. La question corse doit être pleinement abordée comme une véritable question de droit des peuples et de libre détermination.
A ce titre, nous interpellons, dans un courrier dont nous allons vous donner lecture, l’ensemble des candidats à l’élection Présidentielle pour connaître leurs propositions pour la Corse, et leur demander de s’engager dans un véritable processus de décolonisation.
Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle française
Par le mouvement indépendantiste corse Rinnovu Naziunali
Depuis les années 1960, date des premières revendications régionalistes, et plus particulièrement depuis l’affaire d’Aleria, en août 1975, puis la création du FLNC, en mai 1976, se pose à la communauté nationale française, et à ses dirigeants, le problème politique corse.
La Corse a été conquise militairement en 1769, par les troupes royales du roi Louis XV, profitant du Traité de Versailles, du 15 mai 1768, de « cession de souveraineté » d’île par la République de Gênes à la France. Ce traité n’a, au demeurant, jamais été soumis, par la France et l’Italie, auprès du Secrétariat des Nations Unies pour son enregistrement, et la conquête française est intervenue dans une période ou la Corse était, de fait, indépendante, depuis 1755, de la tutelle de la République de Gênes. Cette période d’indépendance, sous l’action politique de Pascal Paoli, a suscité l’admiration, partout en Europe, des hommes des Lumières. La Corse faisait preuve de législation et était dotée d’une constitution écrite, 32 ans avant la France et 34 ans avant les Etats-Unis.
Nous nous adressons aujourd’hui à vous, candidats à la présidence de la République française pour vous rappeler le contexte historique et politique de la Corse et par là même prendre connaissance de vos propositions concrètes qui viseraient à enrayer l’inexorable déclin de notre ile. La Corse subit une agression culturelle, avec en corollaire la disparition programmée du peuple corse par une assimilation à l’ordre mondial ; une agression sociale avec la paupérisation de plus de 30% de notre population avec des taux de chômage, de RSA, d’allocation de solidarité vieillesse inégalés; une agression économique infâme centrée sur la spéculation immobilière et l’accaparement de notre terre par des spéculateurs de tous genres.
Vous devrez prendre en considération l’aspiration légitime des Corses à la justice, à liberté, à la démocratie et à la souveraineté comme l’indiquent, d’une part, les prises de positions politiques souvent unanimes des représentants des diverses tendances de l’Assemblée de Corse, et, d’autre part, le vote populaire, ces dernières années, des insulaires. C’est pourquoi, nous vous demandons de vous engager, dès l’horizon 2022, dans une véritable feuille de route émancipatrice qui doit passer notamment par :
- La reconnaissance juridique du peuple corse et de ses droits nationaux sur sa terre ;
- La dévolution d’un pouvoir législatif à l’Assemblée de Corse ;
- Un statut d’autonomie transitoire sur la base minimale de l’article 74 de la constitution ;
- Un referendum d’autodétermination sur l’indépendance d’ici l’échéance 2032.
Cela n’a rien de subversif. Bien au contraire, il s’agit d’une norme largement partagée en Europe, à travers les exemples de la Catalogne et de l’Ecosse, futurs Etats indépendants, ou le simple fait que 350 millions d’Européens vivent aujourd’hui sous un statut d’autonomie. Cette situation est d’ailleurs le cas de toutes les îles voisines : La Sardaigne, la Sicile, les Baléares, et Malte plus petite que le Cap Corse, indépendante et membre de l’UE.
Nous vous invitons à aller dans le sens de l’histoire. La France pays fondateur des libertés mondiales aurait tout à y gagner politiquement à l’aulne des rapports de force internationaux qui se dessinent…
Dans l’attente d’une réponse politique à la hauteur des enjeux, veuillez recevoir, Mesdames, Messieurs, nos respectueuses salutations.
Fait à Aiacciu, le 29 mars 2017