Le retour en force du fait religieux dans la sphère publique ne peut laisser les militants laïcs que nous sommes sans réaction.
La dernière rencontre du Président de l’Assemblée de Corse avec le Chef de l’Eglise catholique romaine s’inscrit dans une suite de faits où la vie de la cité et l’action politique de certains élus sont de plus en plus souvent associés aux activités religieuses.
L’Assemblée de Corse est-elle un assemblée des Chrétiens de Corse, ou doit-elle demeurer la représentation de tous les Corses dans toutes leurs composantes et sensibilités, quels que soient leurs opinions et systèmes de croyances spirituels et religieux ? A notre sens c’est obligatoirement la seconde option qui doit prévaloir, sauf à vouloir se diriger vers une société théocratique en Corse. La Corse s’est nourrie depuis des millénaires d’apports culturels et spirituels divers. Elle est aujourd’hui inscrite dans le camp du progrès humain, qui garantit les croyances de tous, et ce, à travers la laïcité. Ces croyances ne peuvent et ne doivent plus être sources de conflits dans la mesure où elles doivent demeurer du ressort de la sphère privée.
La confusion de l’action publique et du prosélytisme religieux, indépendamment de la régression sociétale majeure qu’elle incarne, ne peut mener qu’à d’avantage de tensions, d’exclusion et de communautarisme.
Dans un contexte où le prétexte religieux est utilisé par la barbarie sans borne des fascistes fondamentalistes d’Orient et où les fondamentalistes d’Occident appellent de tous leur vœux au choc de civilisation, la Corse doit demeurer plus que jamais laïque et plurielle. L’inscription implicite, explicite ou involontaire de la Corse dans la défense de l’occident chrétien, thématique chère à l’extrême droite européenne, ne peut qu’amener notre peuple vers un conflit de civilisation moyenâgeux.
Ce contexte général est également à mettre en relation avec l’action de l’évêque de Corse, qui s’affiche ouvertement et publiquement avec des représentants de l’extrême droite racialiste locale, mais également lié à l’entrisme de fascistes corses et italiens en direction de certaines confréries, quitte à en pervertir l’objet initial. Le racisme de certains acteurs du monde catholique insulaire ressort d’autant plus et paraît insupportable que certaines autres confréries se sont unies et ont communiqué à l’interne en rejet d’une telle xénophobie.
La lutte de libération nationale du peuple corse ne passe pas par la religion, mais par un véritable projet de société répondant aux besoins collectifs. Dans tout projet de société les règles publiques qui doivent régir les rapports entre tous les individus relèvent d’une définition claire de la Citoyenneté. Dès le mois d’Avril prochain, A Manca va initier une série de débats autour d’un projet de citoyenneté corse, laïc et progressiste.
A MANCA