Le 30 mars 2007 : Dumenicu Alfonsi est décédé après avoir lutté durant plusieurs semaines contre la mort.
Dumenicu Alfonsi originaire de Rennu, né en 1935, était un militant autonomiste de la première heure. Journaliste, éditeur, imprimeur, premier président de l’Association des Etudiants Corses de Paris en 1961.
En 1962, à Vivariu, il crée l’Union Nationale des Etudiants Corses (UNEC), qui regroupe les étudiants corses de Marseille, Aix, Caen, Lyon et Montpellier, dont il est le président jusqu’en 1965.
En 1963, il crée le mouvement Union Corse Avenir.
Directeur du périodique La Corse Hebdomadaire, de 1966 à 1967.
Dirigeant du Partitu Populare Corsu (PPC) en 1973.
En 1973 il participe à une émission « Spécial Corse, une île pour des Corses » : Il faudra attendre presque dix ans pour que la région évoque la situation politique de l’île. Au terme d’une année où plasticages et inscriptions anti-françaises se sont amplifiés, le journaliste Maurice Olivari enquête auprès de divers responsables corses sur les raisons de cette expansion sur l’île des revendications autonomistes. Cette émission régionale donne pour la première fois la parole aux mouvements de contestation : les jeunes de l’ARC et Dominique Alfonsi du PCP (Parti Corse pour le Progrès). Leur sont opposés François Giaccobi qui reconnaît l’existence d’un « problème corse » et le préfet de la Corse. La revendication est exposée pour une première fois dans tous ses aspects. Pour Dominique Alfonsi le problème corse « est éminemment politique. Nous estimons que les élus politiques corses condamnent toute évolution et nos revendications ne peuvent aboutir. C’est encore le système du clan » (source Lisa D Orazio)
Secrétaire général du Partitu di u Populu Corsu per l’Autonomia (PPCA) en 1974.
Il est arrêté en 1976.
Emprisonné à Lyon, il entreprend une grève de la faim.
Elu à l’Assemblée de Corse en 1982 (jusqu’en 1984).
Il collabore à la revue Rigiru, aux journaux Inter Corse, Populu, Populu Corsu…
Directeur de l’hebdomadaire Kyrn en 1988.
L’un des pères fondateurs du régionalisme, puis de l’autonomisme corse, n’est plus à présenter : tout le monde connaît son combat et son engagement dans les mouvements corses depuis l’UNEC des années 60, jusqu’au PPC, et à la première assemblée de Corse. Dumenicu Alfonsi avait été inquiété en 1977 dans le cadre de l’affaire de Boeing d’Ajaccio : incarcéré à Lyon, il avait été libéré au terme d’une grève de la faim.
Son retrait de la vie politique insulaire n’était qu’apparent, car son combat s’était reporté sur un autre terrain : celui de la diffusion des idées. Responsable notamment du magazine Kyrn et de nombreuses autres parutions, Dumenicu a été l’une des chevilles ouvrières de ce que l’on a appelé le Riaquistu, la rappropriation par les Corses de leur langue et de leur culture. Dialecticien de talent, il avait acquis, avec le temps et le recul, la hauteur d’esprit du philosophe. Dumenicu Alfonsi aura été, pour beaucoup et pas seulement pour les nationalistes, une référence. (ALTA FREQUENZA – AVRIL 2007)
La Corse perd un de ses plus anciens défenseurs, un homme qui, depuis les années 60 au sein des premières associations étudiantes de Paris, -en particulier l’UNEC, revendiquant la création d’une université corse-, en passant par les premiers mouvements politiques régionalistes puis autonomistes, FRC, PPC, PCP, Unione di a Patria et PPCA, avant d’être élu à la première Assemblée de Corse en 1982, aura contribué par son engagement et la force de ses convictions à réveiller la conscience nationale du peuple corse.
Il aura payé grandement de sa personne, ayant eu souvent maille à pâtir avec la répression, notamment lors de l’Affaire du Boeing d’Ajaccio en septembre 1977, où interpellé et emprisonné à Lyon, il devra assumer une grève de la faim pour pouvoir être libéré.
Impulsant avec d’autres le « Riacquistu », puis oeuvrant souvent par le mécénat à l‘édition de plusieurs livres corses et revues culturelles en langue corse, dont la revue « Rigiru », -alors qu’à l’époque l’édition ne bénéficiait d’aucune subvention-, il aura été aussi le pionnier d’une véritable presse libre corse, depuis son premier journal « Inter Corse », en passant par les journaux militants « Populu » et « Populu Corsu » jusqu’au renouveau du magazine de la Corse « Kyrn » dans les années 80.
Durant ces dernières années, il aura toujours été aux côtés des militants de la Cause corse, jusqu’à participer à la dernière manifestation à Bastia en janvier 2007.
Nous nous inclinons devant cette disparition qui prive le peuple corse d’un de ses plus ardents militants. Nous présentons nos condoléances attristées à son épouse, à ses deux enfants et à tous les siens.
FRONTE POPULARE
« Assai cumossi da a morte di Dumenicu Alfonsi, partutu quandu vene di nasce u nostru giurnale in lingua corsa, prisentemu à i soi e notre duleanze afflitte. Fundadore è participante di u riacquistu. Assemblea di Corsica induv’ellu fù elettu in l’ottanta dui.
Università, cum’è primu presidente di l’Union Nationale des Étudiants Corses.
Salutemu u militante umanista di sempre, da l’UNEC, u FRC, u PPC, u PCP, Unione di a Patria, è u prigiuneru di Lyon.
Salutemu u giurnalistu, u creatore di a stamperia, di i primi giurnali militanti è litterarii (Rigiru è Kyrn), di tant’affissi è stampini, à maio’ parte à contu soiu.
Salutemu quellu chì ùn s’hè mai scurdatu di u spampanime di a giuventù. Era di tutte e manifestationi, sopratuttu quelle di i so fratelli prigiuneri.
L’ultima l’hà fatta in Bastia u 13 ghjennaghju scorsu pè Resistenza.
Dicia dinù : ùn si ponenu l’arme chè quand’elli sò firmati i trattati.
Riposa in pace o Dumè !
Maria Teresia Poli »
En Avril 2007 L’Assemblée de Corse rendait hommage à la mémoire de Dominique Alfonsi.
l’hommage à Dominique Alfonsi prononcé par Camille de Rocca Serra :
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Conseillers, Chers Collègues, Avant d’ouvrir les travaux de notre Assemblée, je souhaite que nous rendions un hommage solennel à Monsieur Dominique Alfonsi, récemment décédé. J’entends, ce faisant, partager avec sa famille et ses proches le recueillement en sa mémoire. J’entends tout aussi témoigner de la marque d’estime et de respect de chacun d’entre nous à celui qui a siégé sur ces bancs dès 1982 dans la toute jeune Assemblée de l’époque que présida Monsieur Prosper Alfonsi. Avec le Parti Populaire Corse pour l’Autonomie, au sein d’un intergroupe qu’il participa à constituer et à animer, il s’attela à défendre l’essentiel de ses convictions qui caractérisaient l’homme et son engagement politique : la défense de l’identité insulaire. Cet engagement, résolu et ardemment affirmé, a contribué à l’identifier comme une figure historique régionaliste et autonomiste de première importance. Au-delà des idées qui étaient les siennes et des combats politiques qu’il menait pour leur défense, dans la tradition insulaire fortement marquée des valeurs chrétiennes, je veux saluer la mémoire d’un homme de culture qui croyait à l’avenir de sa terre. Bien que l’ayant peu connu, je sais qu’il était un élu passionné et sincère qui entretenait des relations courtoises avec ses collègues et dans la vie un homme sensible toujours à l’écoute des autres. Je peux évoquer le respect mutuel que Jean-Paul de Rocca Serra et lui-même se témoignaient. Ce respect des idées exprimées dans les comportements, quelque soit les divergences d’opinions qui, si souvent, font défaut à notre société insulaire aujourd’hui et qui pourtant sont la marque des libertés individuelles. En retrait de la vie politique depuis des années, Dominique Alfonsi ne se désintéressait pas de nos débats, bien au contraire. Sa vocation pour le journalisme et la force de ses convictions faisait jusqu’à il y a quelques jours un observateur avisé de la politique insulaire. Pour reprendre une appréciation portée par un membre de cette Assemblée qui l’a bien connu, je pense que Dominique Alfonsi « faisait partie de ces Corses d’avant, ceux de la montagne, de par ses origines aussi, ses origines de la région du Pumonte » Tout est ainsi dit. Je renouvelle à son épouse, ses enfants, ses proches mes condoléances attristées et vous invite à respecter une minute de silence à sa mémoire.
REVENDICATION UNIVERSITA DI CORSICA
Il ne faut pas oublier que ces premières revendications naissent avec la création par les étudiants de Paris de l’Union National des Etudiants Corses (UNEC) en 1962 qui sous la houlette de Dumenicu Alfonsi, avec les Lucien Felli, Charles Santoni et bien d’autres, dressent un premier dossier pour l’ouverture d’une université en Corse.
CREATION DU PCP EN 1970
U 4 di l’aostu di u 1970 si crea in Aiacciu le Parti Corse pour le Progrès : U Partitu Corsu per u Progressu(P C P). L’insticatore ne hè Dumenicu Alfonsi. (Dà Leghje qui)