L’émergence de nouveaux états en Europe ce n’est pas un nouveau phénomène en Europe. En effet, de nombreux états ont obtenu leur indépendance à la fin du siècle dernier. On peut citer les pays Baltes qui ont retrouvé leur indépendance après l’effondrement de l’Union soviétique; la scission de la Tchécoslovaquie qui a créé la République tchèque et la Slovaquie; mais également la dissolution de la République fédérale de Yougoslavie -qui a donné naissance à sept nouveaux États.
La nouveauté aujourd’hui est que, tandis que ces territoires n’ont pas rejoint immédiatement l’Union Européenne et certains d’entre eux ont même pris un long et inachevé parcours vers l’Union, une Catalogne indépendant voudrait conserver son statut de Membre de l’UE après son indépendance. Partenaire de ce projet commun depuis 1986, la Catalogne s’est toujours définie comme l’un des pays les plus pro-européens du continent, et le pro-européanisme reste un élément unificateur des principaux partis politiques catalans.
L’histoire de l’Union européenne ne propose aucun précédent direct ni de politique fixe pour ce qu’il est convenu d’appeler l’élargissement interne. Les traités de l’UE fournissent un cadre précis pour intégrer de nouveaux états ou pour se retirer de l’Union mais ne propose pas de mode d’emploi en ce qui concerne le maintien au sein de l’Union d’une région déjà membre qui obtiendrai son indépendance. Il reste que celle-ci n’est ni explicitement rejeté ni clairement prévu par les traités.
Ceci étant dit, l’UE a accepté la redéfinition des territoires des États membres sur un certain nombre de situations imprévues, en adoptant des solutions logiques et pragmatiques basées sur des accords négociés. Ce fut le cas lorsque l’Allemagne de l’Est a fusionné avec l’Allemagne de l’Ouest, et aussi lors que le Groenland a choisi de quitter l’UE, mais pas le Danemark, dans un référendum.
En outre, l’UE s’engage à promouvoir la démocratie, principe fondamental de ses traités, et ne pourrait, de ce fait, punir les Catalans –qui ont, au même temps, les droits dérivés de la citoyenneté européenne- pour avoir appliqué ce principe fondamental à travers un référendum.
Enfin, il est dans l’intérêt économique de l’UE et de ses États membres -y compris l’Espagne- de compter la République catalane parmi les siens, étant donné que la Catalogne a un grand potentiel commercial, un emplacement stratégique pour le commerce, et est un contributeur net aux coffres de l’UE.
Il y a donc toutes les raisons de penser que l’UE sera pragmatique encore une fois et qu’elle défendra la démocratie et ses propres intérêts économiques en ne prenant pas la Catalogne à bord.