« Assassinat politique » – A Risposta 1987 L’Affaire Guidu Orsoni #Corse

L’assassinat de Guidu Orsoni est un cruel souvenir qui restera à jamais gravé dans le cœur et la mémoire des nationalistes corses.

Cet acte barbare  consacre une nouvelle étape dans la logique répressive du pouvoir colonial. Pour la première fois un patriote tombe, victime d’un assassinat politique. Un choc qui a secoué la Corse entière, un événement aux répercussions multiples qui, modifie profondément les rapports de force politiques dans l’île. En pensant au martyre du militant chaque corse, au-delà de ses opinions politiques, a pris conscience du drame que connait notre peuple.

Par une froide action des sicaires ont démontré jusqu’où pouvait aller la farouche volonté du colonialisme de maintenir l’île sous sa domination. L’assassinat de Guidu n’est pas une bavure mais une action logique, qui, associé à d’autres, a pour but de mettre définitivement un terme à la Lutte de Libération Nationale.

Grace à la mobilisation immédiate des nationalistes, cette affaire n’a pas pu être étouffée. Elle a connu un retentissement international. Un écho bien gênant pour un pouvoir qui, poussé dans ses derniers retranchements, s’est empêtré dans des justifications de plus en plus maladroites… Mensonges policiers, notamment ceux de Broussard, procès-verbaux mystérieusement disparus, fiches-type de police à la disposition des tueurs, auditions contrainte de témoins liés aux tueurs… La liste n’est pas exhaustive mais tous ces éléments confirment les accusations nationalistes.

Au moment où est rédigée cette revue, cette affaire est toujours instruite. Mais d’une bien étrange manière par un juge docile, qui s’évertue à dissimuler certains éléments du dossier, qui évite des confrontations gênantes et qui préfère retenir pour seule possibilité la thèse policière. Une thèse qui, évidemment, fait l’impasse sur les raisons qui ont pu motiver l’interruption de la filature des truands assassins le jour précis de l’enlèvement de Guidu

Toutes les conditions d’une manipulation de haut niveau sont réunies dans ce dossier Orsoni.

LA MACHINATION

Dans ce genre d’opération, il convient, avant toute chose de « cibler » l’objectif. C’est la phase préparation qui va permettre, par une campagne bien orchestrée, de préparer l’opinion publique au futur événement. Les médias sont utilisés grâces à de prétendues « fuites » qui vont ravir une certaine presse en quête de sensationnel.

L’INTOXICATION

Le journal VSD, reprenant le communiqué N°1 d’une mystérieuse organisation dénommée « France Résurrection », va publier un article délirant sur les « terroristes corses » dans lequel, pour la première fois, le nom d’Orsoni est cité comme étant celui d’un premiers à abattre en raison de sa dangerosité.

A son tour, le « Quotidien de Paris » reprend le communiqué et pousse même jusqu’à le publier dans son intégralité ! Y compris le passage faisant état des coordonnées du véhicule appartenant aux frères Orsoni. etc…

Enfin le communiqué de « France Résurrection » est transmis à l’ensemble des organes de presse par l’intermédiaire de l’AFP.

Ainsi dès le premier trimestre de 1982, le plan de liquidation est enclenché. Le processus est engagé. Une pression constante est exercée sur la cible : menaces répétées, lettres, coups de téléphone anonymes. La cible en parlera à son entourage, mais la répétition de ces menaces provoqueront l’accoutumance. Au domicile des Orsoni les coups de téléphone et les lettres de menaces deviennent monnaie courante. Ils ne cesseront jamais.

LE CONTEXTE APPROPRIE

L’objectif est ciblé. Le reste est une affaire d’opportunité. La campagne de criminalisation du problème corse développée par Broussard interposé est un cadre idéal : un militant du FLNC sera la victime d’une équipe de voyous… Quoi de plus normal puisque les nationalistes clandestins sont eux-mêmes des gangsters!…

Sur le plan politique l’intoxication s’intensifie. Premier épisode : l’affaire Schoch qui situe les projets machiavéliques du pouvoir. La démonstration finale de la prétendue collusion entre le milieu et le FLNC devait être l’affaire Orsoni. Un couronnement idéal, un coup de grâce aux nationalistes. Après cela, le colonialisme serait tranquille pendant longtemps. Les clandestins ne pourraient qu’être discrédités.

« Le FLNC ? Un ramassis de bandits et de racketteurs, une bande qui est entrée en conflits avec une autre bande. Un scénario classique »

Les machiavels avaient sous-estimé un élément : les capacités de réaction des organisations nationalistes. Ce qui devait être l’aboutissement de leur plan constituera leur plus cinglant échec…

L’ENLÈVEMENT

Le 17 juin 1983 Guidu Orsoni est enlevé entre Sartè et Portivechju. Il ne sera jamais retrouvé.

Dès l’annonce de cette disparition les nationalistes corses organisent une manifestation pour réclamer la restitution du militant.

Les informations affluent déjà et toutes confirment l’horrible machination.

Le 23 juin 1983 la police interpelle les ravisseurs présumés. L’un d’entre eux avoue : la bande du Valincu, de sinistre renommée, se retrouve sous les verrous. La plupart de ses gangsters étaient employés comme « agents électoraux » d’Emile Mocchi Maire de Prupià. L’un deux servait occasionnellement de chauffeur à Jean Paul de Rocca Serra. Le commanditaire, Jean Marc Leccia, exécuté par le commando d’Aiacciu, est une relation personnelle du député-maire.

Le 26 juin 1983, avec la fin de la garde à vue, on écoute sans grande surprise, la thèse policière. Elle est, en l’occurrence, celle des inculpés ! c’est à dire : tentative de racket de droit commun… Pourtant il s’avère déjà, et la CCN le dit publiquement, que les truands sont filés par la police depuis déjà plusieurs jours !!! En consultant les PV de filatures, versés au dossier, on peut se rendre compte que les policiers ont « bizarrement » interrompu leurs filatures LE JOUR MÊME DE L’ENLÈVEMENT , ET CE JOUR LA SEULEMENT !

Alain Orsoni, le frère de Guidu, révèle qu’un PV d’audition de Paul Andreani, l’un des inculpés, a disparu de la procédure. Comme par hasard, il s’agit du PV dans lequel celui-ci reconnait que le militant du FLNC a été torturé avant d’être assassiné !

Les accusations nationalistes se font pressantes. Une deuxième manifestation organisée le 7 juillet 1983 réunit plus de 5000 personnes à Aiacciu derrière la banderole « STATU FRANCESE ASSASSINU »

LES MENSONGES DE BROUSSARD

La mécanique se dérègle sous la pression politique et sous le flot de révélations.

Robert Broussard dément catégoriquement les informations des nationalistes. Mais acculé par les précisions nationalistes, il multiplie les maladresses et les contradictions.

Broussard nie l’existence de ce PV. Son mensonge apparaît au grand jour puisqu’il est établi, grâce à une question posée par les policiers à un autre inculpé, que ce PV existe.

En effet lors d’un interrogatoire les policiers font expressément référence aux affirmations contenues dans le PV manquant… Ils font formellement allusion aux réponses fournies aux enquêteurs par P. Andreani. Le doute n’est plus permis : le militant nationaliste a été torturé. D’ailleurs Broussard décidément bien maladroit, confirme involontairement au Forum de RADIO MONTE-CARLO, que Guidu a subi un « interrogatoire » avant d’être mis à mort.

Les dénégations de Broussard portent également sur la suspension des filatures. Il avance une explication tout aussi infirmée par les faits. Il prétend que, le 17 juin (1983), les filatures étaient concentrées sur le seul Andreani qui n’aurait pas quitté Aiacciu. Ce qui expliquerait, à son avis, que les policiers n’aient pu se rendre compte de ce qui se tramait. Hélas pour le Préfet de police, un témoin identifie, formellement P. Andreani à l’entrée de Portivechju le 17 juin, près d’une Mercedes bleue, celle que Guidu conduisait.

Toutes ces contradictions manifestes, contenues dans les déclarations justificatives de Broussard, n’amèneront toutefois pas le juge d’instruction à accéder aux demandes des avocats de la partie civile pour une audition du super flic. N’est il pas pourtant indispensable à l’établissement de la vérité que Robert Broussard s’explique et donne une version plus convaincante ?…

LA RÉACTION DU FLNC

De son cotés le FLNC, bien inspiré de ne pas s’en tenir aux investigations des juges et des policiers, dénonce l’assassinat politique, revendique l’appartenance de Guidu à son organisation et entame les représailles contre les responsables de ce crime.

Le FLNC exécute successivement Félix Rosso, truand notoire et Pierre Jean Massimi, secrétaire général du département de Haute-Corse accusé par les clandestins d’être directement impliqué dans l’assassinat du militant nationaliste. L’exécution de Massimi provoque des réactions embarrassées du pouvoir.

Le FLNC apprend, quelques mois plus tard, que les policiers ont arrêté Jean Marc Leccia en Floride. Démenti des hommes de Broussard qui… annoncent l’arrestation 3 jours plus tard!

La réaction la plus spectaculaire du FLNC est bien sûr celle de l’action commando sur la prison d’Aiacciu : exécution, à l’intérieur même de la prison, de Jean Marc Leccia et Salvatore Contini les assassins et les bourreaux de Guidu Orsoni.

DERNIÈRES RÉVÉLATIONS

Il a été récemment établi que les truands possédaient ni plus ni moins des fiches signalétiques sur les frères Orsoni ! La richesse et la précision de ces renseignements attestent de leur origine policière. Ces renseignements portent sur les habitudes des Orsoni et leurs véhicules mais pour une période largement antérieure à celle de l’enlèvement de Guidu.

En d’autres termes la possession de ces documents prouve que les truands étaient déjà renseignés sur les frères Orsoni bien avant qu’ils soient prétendument menacés par eux…

Car au moment de l’enlèvement, les Orsoni n’avaient plus les mêmes habitudes, et ne possédaient plus les mêmes véhicules.

UN DOSSIER ENTERRE

La version policière ne tient donc plus du tout. Il va falloir en trouver une autre pour sortir les autorités françaises de cette situation, c’est sans doute cet embarras qui explique l’enterrement du dossier. On ne semble guère disposé  juger une affaire par crainte de révélation, par peur que certaines responsabilités ne soient publiquement établies. Même si l’expérience indique qu’il n’y a pas beaucoup d’illusions à entretenir, tout sera entrepris pour protéger les auteurs directs ou indirects de cet horrible assassinat. Lorsqu’un pouvoir refuse de régler politiquement un problème, il faut sans cesse redouter de telles épreuves.

En Corse, comme en Euskadi, certains truands sont utilisés pour liquider des militants politiques. Car, dans sa logique d’exploitation, un pouvoir est prêt à tout. A emprisonner, à pourchasser, mais aussi malheureusement, à aller encore plus loin. Cette implacable logique ne cessera que le jour où les rapports de force politiques auront évolué dans l’île au profit des nationalistes. Entre-temps d’autres affaires Orsoni sont malheureusement à redouter.

 

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