Le verdict prononcé à Paris – par une Cour d’Assise Spéciale – à l’encontre de trois jeunes corses (Nicolas Battini, Stéphane Tomasini et Joseph Marie Verdi) suscite bien des interrogations et des indignations. Il amène tout autant des analyses. A l’évidence les années d’emprisonnement infligées résonnent comme une condamnation digne de linquisition assénée à la jeunesse corse, ou du moins envers une de ses organisations très représentatives …
Ne nous cachons pas derrière un baratin de circonstance : l’apaisement, ce mot tant invoqué ici et là, ne reflète que l’engagement dans lequel se situe le Mouvement National, lui et lui seul. La classe politique traditionnelle – droite et gauche confondues – reprend certes cette expression, mais sans aller trop loin dans l’initiative (hormis quelques élus à l’instar de Jean Charles Orsucci, maire de Bunifaziu )… L’Etat français – le récent discours tenu en Corse par Mr Valls l’a clairement souligné – récuse toute approche de Solution Politique. Nous ne sommes donc pas dans un processus, mais bel et bien, malgré de variables intensités, dans la continuité de cette confrontation – bi -séculaire -qui ne cesse de nous opposer à la France…
L’Etat français s’arc – boute sur cette position surannée, nourrie d’historicité centraliste et de philosophie coloniale. Il réfute toujours autant, au nom de sa constitution obsolète, toute reconnaissance de notre Peuple et tous droits pour celui – ci…
La résistance patriotique a certes permis la préservation des intérêts essentiels de notre Peuple. Mais pour le moment nous n’avons pas encore obtenu la réacquisition des attributs de cette souveraineté populaire, affirmée au XVIIIème siècle, qui faisait de nous un Etat indépendant et démocratique.
Plus récemment, la victoire électorale aux dernières territoriales et la mise en place d’un gouvernement de la Corse – une légitime consécration qu’il nous faudra pérenniser – se sont heurtées au traditionnel schéma français qui, en dehors d’un calendrier pour une collectivité unique, récuse que nous décidions des outils et de la stratégie de notre propre développement social, culturel et économique…
La peur de l’Etat français, c’est la revendication d’indépendance, son affirmation au sein des différentes couches sociales, et sa popularisation qui fait qu’aujourd’hui, malgré bien des bourrages de crâne pourtant souvent infantiles, cette orientation retrouve toute sa crédibilité historique.
C’est cette appréhension systémique qui fait que l’appareil d’Etat a toujours réprimé le Mouvement de Libération Nationale, souvent avec ses traditionnels moyens répressifs, mais aussi par la manipulation, la division, voire les éxécutions physiques…Ce n’est certainement pas par hasard que le Mouvement de Libération paye un lourd tribut au combat d’émancipation nationale…
Ce n’est sûrement pas non plus sans vision stratégique que depuis des années, la jeunesse corse, ses principales formations comme la Ghjuventù Indipendentista, sont la cible – privilégiée – de cette même répression française. Il s’agit pour cette dernière de définir les contours et la réalité de cette nouvelle génération,, afin là aussi de la soumettre aux diverses manipulations et autres intimidations susceptibles de la désorienter, de la désunir à l’interne, voire de l’affaiblir dans ses perspectives.
En 1978, avec les premières et massives arrestations des militants du F.L.N.C., nous étions, avec les poursuites judiciaires qui s’en sont suivies, dans cette sinistre logique si bien dénoncée alors par « a Riscossa »,d’un « procès d’un peuple ». Du Peuple Corse. En 2016, dans la continuité de cet esprit répressif français, nous sommes, à travers le verdict énonçé par une Cour d’Assise Spéciale, tout autant dans cette funeste symbolique d’un procès d’une jeunesse. De la jeunesse corse.
Une situation nouvelle est certes apparue en Corse. Porteuse de tous les espoirs, elle ne peut être que plus fragile pour ces tenants du système archaïque français qui veulent la déstabiliser. Un spectre hante la France, mais aussi l’Europe c’est celui de l’indépendance des peuples et nations non reconnus en leur sein. Il serait naïf de l’ignorer et crédule de se laisser enfermer dans les pièges de l’impasse répressive. Préservons nous des errements de circonstance pour une stratégie où notre résistance s’affirme quotidiennement sur tous les terrains, dans un esprit de construction et d’autodétermination.
Sachons avec détermination et lucidité, occuper tous les espaces de lutte et édifions aujourd’hui pour demain ce que nous voulons pour être libres.
Un peuple et sa jeunesse idéologiquement armées sont la phobie de tout colonialisme. La Corse n’échappe pas à cette règle. Il incombe aux organisations patriotiques, et plus particulièrement au Mouvement Indépendantiste de se montrer à la hauteur des enjeux, et d’éviter pour ce dernier le traquenard du rôle circonstancié de force d’appoint électoral…
Dans cette optique, le colonialisme français risque de nêtre – pour reprendre l’expression de Mao Tsé Toung en 1956 – que ce qu’il a toujours été, du Viet – Nam à l’Algérie, un tigre de papier…