La course en sac des présidentielles a déjà commencé. A voir l’allure des candidats et la teneur de leurs propos, on hésite entre le rire et la consternation.
La Vème République traverse une crise économique, sociale et politique dont elle aura du mal à sortir indemne. Son corps politique est émietté en d’innombrables clans qui se disputent le pouvoir et ne sont d’accord que sur un point : il faut faire traiter ce grand corps malade par le Ministre de l’Intérieur. Et les flics s’en donnent à cœur joie avec l’aide complaisante du pouvoir législatif. Très mauvais symptôme pour une démocratie européenne en train de glisser vers le pétainisme !
Dans cette dégringolade, la Corse occupe depuis longtemps le wagon de queue ; pas de routes, pas d’hôpitaux,pas d’auto-suffisance énergétique, un très fort taux d’illettrisme, un chômage et une pauvreté record, la Corse a rejoint depuis longtemps l’underground des déshérités ultra-marins. Le rôle qui lui est assigné dans l’ensemble français est de servir de métaphore au discours sécuritaire hystérique qui tient lieu de pensée politique.
En décembre 2015, las de cette montagne d’incurie, les Corses ont congédié les tenants du vieux système et placé aux affaires les représentants des forces de progrès. Mais la majorité nationaliste à l’Assemblée de Corse ne constitue en aucun cas une garantie : les partis parisiens lui sont hostiles et les bachagas locaux sont arc-boutés sur leurs privilèges. Mieux , ces derniers sont persuadés qu’ils vont renverser la tendance en profitant des difficultés des Nationaux confrontés à des problèmes qui s’accumulent depuis le début de la Troisième République, sans que jamais les élus du clan ne s’en soient émus !
Ceux-là même qui se refusent à porter la voix de la Corse au Sénat ou à la Chambre des députés puisqu’ils ont toujours le doigt sur la couture du pantalon! Ceux qui votent à Ajaccio des motions pour la défense de notre peuple, de son économie , de sa langue, de ses prisonniers, mais qui n’ouvrent pas la bouche à Paris !
En 2017, il y aura peut-être une alternance ou pas. Mais en Corse, il n’y a ni droite ni gauche, seulement les tenants du statu quo confrontés aux progressistes. Quatre parlementaires corses noyés au milieu de 577 indifférents auront toujours du mal à se faire entendre, surtout s’ils sont muets. Les législatives de 2017 seront une sérieuse occasion de nous faire entendre en Corse comme à Paris en mettant fin à l’élevage d’eunuques en batterie…
G.Faggianelli