Rassemblements ce soir devant les préfectures de Bastia et d’Aiacciu depuis 17h, avec une conférence de presse de Sulidarità et de la Ligue des Droits de l’Homme Corsica devant les grilles de la préfecture d’Ajaccio.
(lien dossier, lien article, lien photos et vidéos)
Voici le texte de la conférence de presse :
*Depuis la réunion avec Madame la ministre, Garde des sceaux, en date du 20 mai, 4 mois se sont écoulés, ce qui est un délai largement suffisant pour, « comme Madame Taubira s’y était engagée », prendre en compte la problématique des prisonniers politiques Corses et y apporter les réponses nécessaires.
Au cours de cette réunion, les conditions de détention ont été évoquées dans le détail, et la question de l’amnistie des prisonniers et recherchés politiques Corses clairement posée.
Désormais, les élus de notre assemblée, présents à cette réunion, ainsi que les responsables des associations humanitaires, sont en droit d’exiger une réponse.
Entre temps, le peuple Corse a officialisé et validé cette légitime demande à travers une large adhésion, concrétisée par les votes de résolutions et les délibérations de 170 communes , du conseil départemental de haute corse, de plusieurs dizaines d’organismes officiels qui composent l’ensemble de la société civile de notre île et enfin du monde politique insulaire par l’intermédiaire de la proclamation solennelle de l’assemblée de Corse .
Force est de constater, que Paris ne saisit pas l’opportunité politique, sans précèdent, d’accompagner la situation d’apaisement et de construction qui prévaut aujourd’hui et qui a été rendue possible grâce à l’initiative majeure du FLNC, prise il y a plus d’un an.
Jusqu’à quand Paris continuera-t-il d’ignorer cette importante démarche pour la paix ?
Cette irresponsable attitude de fermeture est susceptible d’hypothéquer gravement ces décisions fortement porteuses d’espoir de paix.
Pourrait-on y voir le but recherché par Paris, c’est la grave question qui se pose, in fine !
Sur le plan des conditions de détention et du respect des lois relatives aux droits humains, c’est la même intolérable posture, avec les multiples transgressions qui touchent la totalité des prisonniers politiques Corses et leurs familles.
Ainsi la France se rend coupable de traitements iniques, d’ostracisme et d’infractions répétés à sa propre législation.
Il est donc important ici d’y consacrer quelques minutes afin de tenter d’en dresser la liste :
J’accuse la France de ne pas respecter les multiples dispositions législatives françaises et internationales applicable à la France, concernant les prisonniers politiques corses.
En matière d’accès au droit au rapprochement familial :J’accuse la France d’être coupable de violation de l’article 8 de la convention européenne des droits de l’homme.
J’accuse la France de transgresser sa propre loi pénitentiaire N°2009-1436 du 24 novembre 2009.
J’accuse la France De ne pas appliquer la règle pénitentiaire européenne n° 17.1.
J’accuse la France de ne pas se conformer à l’article D402 du code de procédure pénale.
J’accuse la France de transgresser l’article 34 de sa propre loi pénitentiaire N°2009-1436 du 24 novembre 2009. Qui dispose que « les prévenus dont l’instruction est achevée et qui attendent leur comparution devant la juridiction de jugement peuvent bénéficier d’un rapprochement familial jusqu’à leur comparution devant la juridiction de jugement ».
J’accuse la France d’être coupable d’ostracisme envers les prisonniers politiques corses en ignorant volontairement l’article 706-71 du code de procédure pénale qui permet l’utilisation du système de vidéo conférence, disposition qui par ailleurs a été très normalement appliquée et c’est bien ainsi, à des détenus en préventive, dont les dossiers sont en cours d’instruction par une autre juridiction d’exception délocalisée de Corse .
Le cumul de toutes ces violations fait obstacle au maintien des liens familiaux, droit fondamental incontestable tant des personnes détenues que de leurs proches.
En matière de droit à la santé,
J’accuse la France d’être coupable de violation de l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme.
En matière de droit a l’éducation,
J’accuse la France d’être coupable de violation de l’article 26 de la déclaration universelle des droits de l’homme relatif au droit à l’éducation, droit civil et donc applicable au détenus.
J’accuse la France de traitement inique et d’ostracisme envers les prisonniers politiques corses en matière d’accès aux libertés conditionnelles et d’entraver ainsi la facilitation de leur droit à la réinsertion.
Enfin et surtout, nous accusons la France et ses dirigeants de jouer avec la vie de Paul André Contadini, lui aussi victime d’une violation de son droit au rapprochement, comme la totalité des patriotes corses, toujours en exil carcéral à plus de 800 km de leurs familles.
Depuis maintenant 11 jours, il a entamé une grève de la faim totale. Durant cette courte période il a subi une perte de poids vertigineuse de 10 kilos, ayant pour conséquence une inquiétante et extrême faiblesse de son organisme, qui a conduit hier l’administration pénitentiaire à l’hospitaliser en urgence. Malgré cela, sa détermination à continuer son action, est restée intacte.
Madame la Ministre de la justice, Christiane Taubira, a été formellement informée de la dégradation de son état de santé le mardi 22 septembre par l’intermédiaire de Monsieur Jean Guy Talamoni, qui participait à la réunion des élus de la corse avec Madame LeBranchu, et où étaient également présent plusieurs représentants de divers ministères. Depuis aucune décision n’est intervenu, aucun signe de préoccupation ou d’intérêt pour la situation de Paul André, ne s’est manifesté de la part du ministère de la justice.
Nous condamnons cette lamentable attitude, irresponsable et dangereuse de la part du ministère et nous espérons fortement que le gouvernement français, n’aura pas à assumer la honte de son écrasante responsabilité, dont il aurait à répondre devant notre peuple, si par malheur l’irréversible se produisait pour Paul André.
A plusieurs reprises nous avions informé, les plus hauts responsables de l’état de cette longue liste d’atteintes au droit.
Aussi, Madame Christiane Taubira ministre de la justice et Monsieur François Hollande président de la république française, ne peuvent plus faire semblant d’ignorer ces graves manquements à leur propre législation.
Leur intransigeance organise la mort sociale des Patriotes corses incarcérés, ainsi que la double peine infligée à d’innocentes familles en proie à d’insoutenables souffrances morales et matérielles.
En agissant ainsi, ils se situent aux antipodes des valeurs humanistes qu’ils invoquent et revendiquent si souvent dans leurs discours, comme étant un principe fondamental de leur action politique.
Est-il nécessaire de rappeler que ces atteintes aux droits humains sont indignes d’une démocratie éclairée et qu’elles déshonorent la France, prétendue « Patrie des droits de l’homme ».
Ne serions-nous pas fondés à considérer cette exclusion des Corses de la déclaration universelle des droits de l’homme comme volonté de ces mêmes dirigeants.
Ne serions-nous pas fondés à miser sur un sursaut humaniste plus honorable et ainsi plus conforme de votre part à cette si fameuse déclaration.
Monsieur le Président, Madame la Ministre,
Cessez enfin de persécuter nos compatriotes !
Monsieur le président, Madame la ministre,
rétablissez les enfin dans leurs droits !
Monsieur le président, Madame la ministre,
Vous le savez, mais notre peuple le sait mieux encore : La paix se construit toujours dans la dignité et la défense des seuls intérêts collectifs.
Nous saurons toujours tenir notre juste place dans cette lutte.
Notre volonté d’apaisement se révélera toujours dans cette recherche de la meilleure solution politique, prenant en compte les aspirations de notre Peuple.
Elle s’exprimera toujours dans la perspective d’un avenir meilleur,
à travers ces simples mots:
Amnistia è libertà pa tutti i patriotti.
Associu Sulidarità