(Unità Naziunale 14 décembre 2018) Edmond Simeoni est un nationaliste corse «historique». Il fut un des responsables de la revendication des droits du peuple corse dans les années 70, des boues rouges à l’occupation de la cave viticole d’Aleria mais il s’est toujours opposé à la violence politique, plaidant pour des solutions démocratiques et politiques. il s’en est allé à l’age de 84 ans.
En plus de 60 ans d’occupations du terrain, il a été à la fois témoin et acteur des événements de la lutte d’émancipation nationale du peuple Corse.
Dès l’age de 25 ans il s’est engagé pour la défense du peuple corse.
Il voit le jour en août 1934 à Corti, il partage son enfance entre Lozzi et Francardu. Une enfance corse rurale qui marquera sa personnalité. En 1952 il part à Marseille faire ses études. Il constate le retard sidéral entre la Corse et la France. La géopolitique le façonne.
Il crée en 1960 l’ « Association des étudiants corses » de Marseille (600 adhérents) pour protester contre le scandale des expérimentations nucléaires en Corse, à l’Argentella (Calvi). La population corse de l’île et de la diaspora se mobilisent fortement ; la victoire est au rendez-vous. L’État renonce. Il rentre en corse en 1965.
Le 13 août 1967 est créée à Vizzavona l’Action Régionaliste Corse / Azzione Regiunalista Corsa : l’ARC (Ancien CEDIC). Co-fondateur avec son frère Max Simeoni, le mouvement tient son premier congrès à Cateraghju (Aleria) le 3 septembre 1967. ARRITTI change alors de bandeau pour : « Journal d’information de l’Action Régionaliste Corse ».
« En 1970, avec mon frère Max, mon aîné de 5 ans, et mon mentor, lui qui m’a guidé dans mon parcours, nous étions candidats aux élections cantonales, sous l’étiquette «autonomiste». Max était candidat dans le canton de Pietrabella et moi dans celui de Campitello. Nous étions les deux seuls candidats autonomistes. Mon frère a obtenu deux voix et moi une voix ! Le sous-préfet de l’époque, qui s’appelait M. Abadie m’avait alors lancé, ironique : «Vous avez un bel avenir !».
Il organise en 1973 un Collectif contre le déversement de boues rouges toxiques par un trust international – la Montedison -, au large du Cap Corse ; l’île, méprisée, est en ébullition et une grande manifestation à Bastia dégénère avec l’occupation de la sous-préfecture, le sous-préfet de Bastia Robert Miguet est molesté. Edmond Simeoni se constitue prisonnier quelques jours après ; Le chef de file du mouvement a toutefois connu la prison à cette occasion: dix-sept jours d’emprisonnement, après des échauffourées de manifestation. Mais il est libéré par une grève générale dans l’île : Isula Morta. L’action clandestine contre la Montedison accélère la victoire.
«même 200.000 Corses autonomistes ne pourront rien changer à une constitution prévue pour cinquante-deux millions de Français». Liber Bou
17 août 1975 : À la foule des militants de l’ARC (Action pour la renaissance de la Corse / Azzione per a Rinascita di a Corsica) réunis en congrès à Corte, leur leader, le docteur Edmond Simeoni a lancé, quelques heures plus tôt, depuis la tribune :
«Êtes-vous prêts à déclencher des grèves et des manifestations de soutien si l’on nous emprisonne? Êtes-vous prêts à continuer la lutte sans merci si l’on nous tue?»
21 août 1975, des militants autonomistes occupent une cave viticole d’Aleria appartenant à un chef d’entreprise d’origine pied-noir. A leur tête, Edmond Simeoni, le fondateur de l’ARC. Leur but : dénoncer les escroqueries dans le domaine viticole et les conditions d’installation des rapatriés d’Afrique du Nord au détriment de jeunes agriculteurs corses. L’Etat apporte une réponse très ferme en envoyant 1.200 gendarmes, CRS ainsi que des blindés et des hélicoptères pour assiéger la cave. Les forces de l’ordre donnent l’assaut, le lendemain. Deux gendarmes sont tués et un militant de l’ARC est grièvement blessé. Edmond Simeoni est immédiatement arrêté et déféré dès le 27 août 1975 devant la Cour de Sûreté de l’Etat. Le même jour, le Conseil des ministres décide la dissolution de l’A. R. C. et Simeoni est incarcéré à la prison de la Santé, à Paris.
Edmond Simeoni : « Notre action d’aujourd’hui n’est pas dirigée dans le sens d’une modification des institutions. Ce n’est pas la revendication d’un statut d’autonomie interne. Ce n’est ni une manifestation de racisme, ni de xénophobie. Ce n’est pas une chasse aux sorcières. Nous demandons simplement Justice « .
«Edmond, choisis: la canne à pêche ou le fusil!»
Lors de son procès en 1976 Edmond Simeoni écopera, de cinq ans de prison, dont trois avec sursis.Il sort de prison de la Santé (Paris) en 1977. Se crée en 1976, dans la nuit du 4 au 5 mai 1976, le FLNC.
En 1977 il crée l’UPC, Unione di u Populu Corsu (UPC). Création de l’APC le 26 janvier 1976 (Associu di i Patriotti Corsi). Mouvement de conjoncture, puis l’APC laissera sa place à l’UPC (Unione di u Populu Corsu), créée le 14 juillet 1977 et dont le premier congrès rassemble 10.000 personnes à Furiani, le 14 Aout 1977.
Le 14 Aout 1977 se tient à Furiani le premier congrès de l’UPC, Edmond Simeoni y tient un discours engagé :
Notre pays a besoin d’une révolution fondamentale, mais elle ne peut être que pacifique ; tout en sachant que la révolution princeps – et c’est une difficulté majeure– doit être celle des mentalités, dont le succès conditionne celui de la nécessaire révolution institutionnelle, économique, sociale, culturelle. (…) Le peuple nous observe, nous dissèque ; il fera seul la décision, il nous faut être militants et responsables, c’est le maître mot. Il nous faut rester calmes et déterminés, impavides devant l’intoxication qui se démultiplie. Il faut être démocrates et progressiste. Il faut être unitaires et c’est la raison pour laquelle je dis aux mouvements patriotiques légaux qu’ils ont parfaitement le droit d’être pour l’indépendance, qu’ils ont parfaitement le droit d’être pour l’autodétermination, mais je leur demande simplement d’être conséquents, s’ils veulent que nous puissions instaurer entre nous un dialogue fructueux et fraternel. Il nous faut bannir le sectarisme stérilisant et les exclusives stupides, l’immédiatisme, le gauchisme auquel le peuple corse est profondément allergique. Il nous faut bannir le militarisme, la démagogie, le racisme intolérable qui défigure, et lui préférer la fraternité qui rayonne et qui transfigure. Il nous faut bannir surtout les menaces et a fortiori les violences contre quiconque, mais plus encore contre les Corses, quels que soient leurs choix et leurs responsabilités dans la situation actuelle, car le piège est mortel, j’y insiste. Nous devons aussi : – crédibiliser notre solution, par le travail acharné de recherche, par la confrontation des points de vue – conscientiser le peuple par la qualité de notre information impartiale et par nos réalisations, car le peuple seul a droit à la violence quand il en ressent la nécessité dans ses profondeurs. Il faut dynamiser la masse par l’exemplarité et les sacrifices. Il faut rechercher les concours les plus larges, par la contagion des convictions, par la force des explications. Nous devons décoloniser, nous devons recorsiser. Le but intangible est de sauver le Peuple Corse en légitime défense, d’arracher l’indispensable garantie que constitue sa reconnaissance juridique ». «Je pense, frères et soeurs Corses, que vous me connaissez bien. J’ai trois passions : la démocratie, la vérité et la justice. J’ai deux pratiques : le devoir et le sacrifice. Hier librement consenti et renouvelable demain. J’ai trois objectifs : sauver le peuple corse ; promouvoir la fraternité avec tous les autres peuples, et bien entendu avec le peuple français qui est doublement frère ; préserver et conforter la paix civile. Vous ne me devez rien : ni culte, ni reconnaissance, mais par contre, vous devez tout à votre pays. » (source <– lien ici)
Pendant les activités du groupe anti nationaliste clandestin Francia, Edmond Simeoni et sa famille ont été visé plus d’une soixantaine de fois.
Élu en 1982 conseiller de l’Assemblée de Corse, avec six autres camarades (Liste autonomiste de l’UPC). (<– Lien ici). Edmond Simeoni aurait alors été pressenti pour être président de la commission des finances de l’Assemblée. l’Unione di u Populu Corsu (UPC), reste dans l’opposition avant de se retirer de l’Assemblée en février 1984, reprochant à l’État le manque de moyens alloués à l’institution.
En 1983, Edmond Simeoni est élu conseiller municipal de Bastia
En 1987, il participe à la création du collectif anti-raciste « Ava Basta ». Il fera la même année une autocritique, en exprimant comme homme et comme médecin des regrets pour la mort des deux gendarmes mobiles tués au cours de l’assaut de la cave d’Aleria.
Le 29 juin 1987 au théatre de Bastia, il prononce un discours contre la violence :
« Je me place d’emblée sous le signe d’une double fidélité. D’abord à la paix, à l’humanisme, à la fraternité. Ensuite à la terre de Corse et à notre communauté, partie intégrante de la communauté des hommes. La Corse est malade de la violence ; raccourci simplificateur elle est un drame pour ceux qui la subissent mais aussi pour ceux qui la pratiquent parce qu’ils sont souvent désespérés. L’expliquer ne consiste pas à justifier la violence qui devient cependant le bouc-émissaire de toutes les difficultés, l’alibi de tous les conservatismes et du refus de la moindre novation. (…) Fréquemment les gens de bonne foi et d’autres moins désintéressés m’attribuent une large part de responsabilité dans la situation actuelle de la Corse. J’accepte le reproche. En effet, il y a bientôt 20 ans je n’aurais pas dû avec mes camarades – je ne peux évidemment parler qu’en mon nom– occuper des bâtiments publics, barrer des routes, m’insurger, m’affronter 50 fois avec les forces de l’ordre ; j’aurais toujours dû garder, en paroles et en actes, le sens de la mesure ; j’aurais dû être plus tolérant et moins partisan ; je n’aurais pas dû occuper la cave d’Aleria en 1975 où sont morts deux hommes jeunes et où un autre a été gravement blessé. La Cour de Sûreté de l’État, peu suspecte de complaisance à mon égard, m’a certes blanchi du meurtre et de complicité en ce qui concerne les deux gendarmes, mais, depuis cette date, j’ai la conviction charnelle, car ces hommes sont morts sous mes yeux, qu’aucune cause au monde n’autorise des blessures et a fortiori la mort. Je mesure, soyez-en sûrs le caractère puéril et l’angélisme de mon propos, et pourtant ma conviction sur ce plan est inébranlable. Je regrette de ne pas avoir été assez efficace pendant mon court mandat à l’Assemblée de Corse et je ne conserve aucune rancune à quiconque pour mes séjours en prison et pour les graves attentats que ma famille et moi-même avons subis. Nous laisserons le soin à la population et peut-être à l’Histoire d’alourdir si besoin est, ce bilan autocritique, de mettre à jour mes motivations et de déceler les éventuels aspects positifs de l’action que nous avons menée. À cette contribution publique, je convie de façon fraternelle, non polémique et suivant la même méthode tous ceux qui depuis 50 ans ont exercé des responsabilités en Corse, à tous les échelons de la vie publique ; j’y convie aussi les gouvernants, les Corses eux-mêmes, les non-Corses et, pour une période plus récente, les militants clandestins, de façon anonyme bien sûr. L’opinion pourra ainsi juger s’il y a eu ou s’il y a encore des atteintes à la démocratie, si l’acculturation des Corses est une réalité ; si le sous-développement économique existe ; si les promesses officielles ont été toujours tenues ; si les fruits de l’expansion ont été équitablement répartis ; si les droits de l’Homme ont été bafoués en Corse ; s’il existe des injustices sociales majeures et s’il y a eu du racisme anti-corse; si les conditions de parité et de progrès ont été créées ; si le fonctionnement de la justice a été satisfaisant, s’il y a eu des polices parallèles etc… nous saurions aussi alors quels sont les éventuels responsables (…). Nous devons essayer de façon concomitante et inévitablement imparfaite de concilier quatre objectifs : – promouvoir et enraciner la paix – perfectionner la démocratie – amorcer le développement économique et social – conforter et ouvrir la culture corse sur toutes les cultures et en particulier sur la Méditerranée, notre berceau naturel ».
En 1992, Corsica Nazione obtient 8 sièges, et Edmond Simeoni est élu. Mais la guerre au sein du mouvement national le décidera à démissionner de l’Assemblée de Corse. Il se des-solidarise du FLNC suite à l’assassinat de Robert Sozzi(<– Lien ici). Se réunissant pour la première fois le 2 avril 1882, les membres de l’Assemblée de Corse reconduisent à la présidence de l’Assemblée, par 24 voix contre 8 à Edmond Simeoni, 4 à Alain Orsoni et 4 à Dominique Bucchini, Jean-Paul De Rocca Serra (RPR), assisté de Nicolas Alfonsi (MRG) désormais premier vice président. Cette même assemblée élit le nouveau conseil exécutif, présidé par un proche de Jean-Paul De Rocca Serra, Jean Baggioni (UDF), et qui comprend deux RPR, deux divers droite et deux MRG. Sont ainsi officialisés les accords passés entre les différentes formations hostiles au nouveau statut Joxe; du fait du caractère hétérogène de l’opposition (13 nationalistes, 8 libéraux, 4 communistes) aucune autre alternative politique ne peut être envisagée, ce que reconnaît José Rossi dans une lettre adressée au leader nationaliste Edmond Simeoni (Le Monde, 4 avril 1992).
22 mars 1992
Simeoni (CN) 13,62 %
Orsoni (MPA) 7,42 %
29 mars 1992
Simeoni (CN) 16,85 %
Orsoni (MPA) 7,98 %
Sièges
Simeoni (CN) 8
Orsoni (MPA) 4
En 1993 lors des législatives Edmond Simeoni se présente avec François Acquaviva (Militant Cuncolta)
Élu en 2004 à l’Assemblée de Corse avec le groupe Unione Naziunale.(<– Lien ici) Il crée l’Associu Corsica Diaspora.
Lors de la session du 1er avril 2004, il prononce un discours sur la ‘main tendue’ :
«Ce qui guette la Corse, ce n’est pas de devenir une région du Tiers-Monde ou du Quart-Monde. Ce qui guette la Corse, c’est qu’en dix, quinze, vingt ans, elle ne devienne un pays comme la Sicile. Pourquoi ? Parce que c’est un pays qui a des richesses naturelles considérables, où la violence est endémique depuis des centaines d’années et qu’elle a connu, c’est vrai, un regain contemporain depuis vingt ans. Mais aussi parce c’est un pays où demain, avec un marché européen extrêmement solvable, vous avez la possibilité très vite de créer une économique artificielle. Oui, vous allez avoir des héliports, des ports, des fréquentations, des sociétés de gardiennage, vous allez avoir des drapeaux corses partout, mais vous aurez perdu l’essentiel : vous aurez perdu votre âme et vous aurez rendu impossible tout retour à la démocratie. Ce pays est plus menacé par la mafia dans les cinq, dix, quinze ans qui viennent que le sous-développement. Bien entendu, il y aura une Corse à plusieurs vitesses, cela nous le savons. Moi, je vous demande, je vous adjure de bien comprendre que sans aucun calcul, nous vous tendons la main à toutes et à tous. »
En 2009 lors du procès d’Yvan Colonna, il est le porte parole de sa cause auprès de l’Assemblée de Corse. (vidéos dans l’article ci-dessous)
2014 2017 il s’engage dans la municipale ajaccienne au cotés de la liste d’union Aiacciu Cità Nova.Il soutient la candidature de son fils à la Mairie de Bastia en 2014. Soutient en 2015 à la campagne Amnistia. Puis s’engagera pour les élections et les victoires des Territoriales de 2015 et 2017.
L’histoire de la lutte du peuple corse à travers quelques articles historiques :
#Corse @EdmondSimeoni « Tamanta strada… fatta é da Fà » – 22 Août 1975- 22 Août
#Corse @EdmondSimeoni « Aleria 1975- 2015 ; le compte n’y est pas »
https://www.corsicainfurmazione.org/93084/corse-les-accords-de-migliacciaru-3-juillet-1999/2018/
#Corse Conférence publique du Docteur Edmond Simeoni à Bastia le 29 juin 1987
https://www.corsicainfurmazione.org/83091/corse-17-aout-1975-edmondsimeoni-etes-vous-prets-a-assumer-la-lutte-totale-inegale-a-nos-cotes/2018/
https://www.corsicainfurmazione.org/79540/corse-storiacorsa-1975-aleria-bastia-la-corse-se-revolte/2018/
https://www.corsicainfurmazione.org/79502/corse-storiacorsa-1973-les-boues-rouges-premiere-nuits-bleues/2018/
https://www.corsicainfurmazione.org/95091/corse-avril-1972-le-long-combat-contre-la-pollution-de-la-mediterranee-par-la-montedison-et-ses-boues-rouges/2017/